Que penser de l’introduction de l’IA sur l’emploi ?


"Les enjeux économiques de l'intelligence artificielle" DG Trésor, Trésor Eco N°341, avril 2024

Définition : l’intelligence artificielle (IA) désigne l’ensemble des techniques permettant à des machines de simuler l’intelligence humaine.

 

Les effets théoriques de l’IA sur l’emploi sont incertains.

 

♦ Au niveau macroéconomique, il est trop tôt,

pour distinguer empiriquement un effet sur la croissance, mais les 1éres études suggèrent des effets positifs significatifs sur la productivité individuelle des travailleurs, notamment les travailleurs les moins productifs, entraînant un rattrapage vis-à-vis des plus productifs. En revanche, les effets de l’IA mesurés sur la productivité des entreprises sont pour le moment modestes. 

 

Par exemples, l’introduction d’une technologie d’IA qui aide les chauffeurs de taxis à trouver des clients par la suggestion d’itinéraires accroît la productivité des chauffeurs les moins productifs, mais pas celle des plus productifs, réduisant l’écart de productivité entre ces deux groupes de 14%. Au sein de la profession des conseillers clientèle, on constate un gain de productivité moyen de 14% pour les conseillers ayant accès à des agents conversationnels, largement concentré sur les travailleurs les moins expérimentés. Autre exemple, l’utilisation de l’IA par des consultants d’un cabinet de conseil pour réaliser des tâches créatives augmente la productivité des consultants les moins productifs de 43%, et celle des plus productifs de 17%. 

 

Certaines études estimaient que le recours à l’IA pourrait générer une activité mondiale supplémentaire d’environ 13 000 Md$, soit une croissance moyenne supplémentaire du PIB d’environ 1,2 point par an entre 2018 et 2030. Selon une étude plus récente, l’IA générative, pourrait à elle seule augmenter la croissance annuelle de la productivité du travail aux États-Unis de presque 1,5 point sur une période de 10 ans après une adoption généralisée. À titre de comparaison, la croissance annuelle de la productivité du travail aux États-Unis était de 1,3 point sur la période 2005-2018, et 0,8 point sur la période 2010-2018. Ces estimations dépendent souvent d’hypothèses très fortes et prospectives ce qui fragilise leurs conclusions.

 

♦ Les effets théoriques de l’IA sur l’emploi sont incertains.

 

À court terme, ils dépendront de la vitesse d’introduction. Les premières estimations empiriques s’accordent sur le fait que les tâches et métiers touchés par l’IA ne seraient pas les mêmes que ceux qui étaient concernés par les précédentes révolutions technologiques. 

La main d’œuvre dédiée à l’IA dans les pays de l’OCDE est encore relativement faible (moins de 0,3% de l’emploi en 2019) mais elle croît rapidement : sa part dans l’emploi a presque triplé en moins d’une décennie.

En France, les offres d’emploi en ligne qui requièrent des compétences en IA représentent 0,35% des offres postées en 2022. Le nombre total d’offres d’emploi en IA est en progression d’environ 45% entre 2019 et 2022. 

 

À mesure que les entreprises investissent dans l’IA, elles auraient tendance à augmenter leurs effectifs plus spécialisés dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques, les travailleurs ayant ces compétences étant particulièrement utiles pour l’analyse des données et l’informatique. 

 

Selon le FMI, 60% des emplois des économies avancées pourraient présenter un degré élevé d’exposition à l’IA : 27% des emplois lui seraient fortement complémentaires, tandis qu’elle pourrait se substituer à 33% des emplois.  Ces résultats doivent toutefois être interprétés avec précaution.

 

L’IA concernerait davantage les professions qualifiées, du fait de sa capacité à prendre en charge des tâches abstraites et non-routinières (traduction, élaboration de diagnostics), alors que les vagues précédentes de mécanisation et d’informatisation avaient respectivement concerné les emplois non qualifiés et les professions intermédiaires.
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Pour en savoir davantage : https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2024/04/02/les-enjeux-economiques-de-l-intelligence-artificielle