La croissance, même faible, résiste.


"La croissance résiste, l’inflation aussi", Insee, note de conjoncture, mars 2023

Le ralentissement des investissements et de l’emploi ne touche pas, semble-t-il, les marges des entreprises.

⇒ Face à la hausse des prix, les ménages ont changé leurs habitudes de consommation.

En décembre 2022, 68% (dont 46 un peu et 22 beaucoup) des ménages déclarent avoir changé leurs habitudes de consommation depuis un an, du fait de la hausse du niveau général des prix. Ces réponses peuvent être mises en regard avec la consommation observée, en net ralentissement en 2022 par rapport à 2021 (+2,7% en 2022, après +5,2%).

 

Les ménages de moins de 35 ans (70% vs 49 pour les plus de 70 ans) sont les plus concernés ; 26% des plus jeunes déclarent même avoir beaucoup modifié leurs habitudes face à l’inflation, contre seulement 11% pour les ménages les plus âgés. 76% des ménages avec enfant(s) déclarent eux aussi avoir changé leurs habitudes de consommation vs 62% parmi les ménages sans enfant (seuls ou en couple).

 

Les caractéristiques telles que la CSP ou encore le lieu d’habitation (selon les différentes tailles d’unité urbaine) ne paraissent pas induire des différences marquées. Toutefois, la moitié des ménages déclarant subvenir facilement ou très facilement à leurs dépenses courantes du mois, indiquent avoir tout de même changé leurs habitudes de consommation ; mais les 20% au niveau de vie le plus élevé déclarent moins souvent que les autres avoir changé leurs habitudes de consommation.

 

Les changements d’habitudes de consommation se sont portés en premier lieu sur l’énergie pour le logement (chauffage, électricité) selon 70% et l’alimentation 54% ; un peu moins les déplacements (46%) ou les achats de vêtements (41%).

Entre décembre 2021 et décembre 2022, l’énergie dans le logement est le poste qui a enregistré la plus forte baisse en volume (-14,1%) et celui dont les prix ont le plus augmenté (+18,6%). La hausse des prix dans l’alimentaire (+12,9% sur un an) s’est traduit par une baisse des achats de 8,5% ; 41% ont consommé moins ; certains se sont orientés vers de nouvelles enseignes ou vers de nouvelles gammes de produits (1/4 ont fait chacun de ces choix).  Les ménages les plus jeunes, les plus modestes et les ménages avec enfant sont ceux qui déclarent le plus avoir changé leurs habitudes en ce qui concerne l’alimentation.

 

Concernant les habitudes de déplacement, les ménages sont un peu moins nombreux à les avoir modifiées (baisse de 46%), malgré des hausses de 14,3% pour les produits pétroliers, et de +8,5 pour les services de transports. 

⇒ L’activité économique

Au 4éme  trimestre 2022, le PIB français a de nouveau ralenti (+0,1% après +0,2% au 3éme trimestre). Sur l’ensemble de l’année 2022, la croissance économique s’est élevée à +2,6%, après +6,8% en 2021.
Le début de l’année 2023 est marqué par une détente progressive et partielle des difficultés d’approvisionnement, et par une légère atténuation des tensions que font peser les prix de l’énergie sur les entreprises. Les chefs d’entreprise restent cependant très nombreux à anticiper des hausses de leurs prix de vente.

 

Les enquêtes de conjoncture continuent en février de montrer une résilience du climat des affaires en France dans les principaux secteurs d’activité. Dans ce contexte incertain, le PIB augmenterait au 1er trimestre 2023 de 0,1%.

 

L’activité dans l’industrie manufacturière se replierait : les services marchands ne croîtraient que modestement : l’activité serait peu dynamique dans le commerce tandis qu’elle reculerait dans les services de transports.

 

Au 2éme trimestre 2023, l’activité resterait en croissance modérée (+0,2%). Après deux trimestres de recul, l‘activité se stabiliserait dans l’industrie manufacturière, tandis qu’elle accélèrerait légèrement dans les services. 
 
Au total, l’acquis de croissance annuelle pour 2023 s’élèverait à +0,6% à mi-année.

 

Pour faire face au contexte énergétique, et dans l’industrie plus particulièrement, plus de 45% des entreprises prévoient d’augmenter leurs prix de vente (70% dans l’industrie agroalimentaire).

⇒ L’emploi

Au 4éme trimestre 2022, l’emploi salarié a ralenti : +0,2% (+44 000 emplois), après +0,4% aux 1er (+109 300 emplois) et 2éme trimestres 2022 (+99 700 emplois) et +0,3% au 3éme trimestre (+84 100 emplois). Il s’agit du 8éme trimestre consécutif de hausse depuis fin 2020.

 

L’emploi salarié se situait fin décembre nettement au-dessus de son niveau un an auparavant (+1,3%, soit +337 100 emplois) et dépassait de 4,5% son niveau d’avant la crise sanitaire, fin 2019, soit près de 1,2 million d’emplois supplémentaires dont un tiers en contrat d’alternance. 

Au 1er semestre 2023, l’emploi salarié resterait peu dynamique, que ce soit en alternance ou hors alternance.

En tenant compte également d’un ralentissement prévu de l’emploi non salarié, l’emploi total augmenterait de 43 000 au cours du 1er semestre 2023, après +148 000 au 2éme semestre 2022 et +229 000 au 1er semestre 2022. Mi-2023, le nombre total d’emplois créés depuis fin 2019 atteindrait ainsi environ 1,5 million.

⇒ Les résultats des entreprises

Après avoir atteint en 2021 un niveau historiquement élevé, le taux de marge des sociétés non financières s’est replié en 2022, en raison essentiellement de la fin des mesures de soutien liées à la crise sanitaire. Il s’est établi ainsi à 32% de la valeur ajoutée, soit un niveau proche de sa valeur moyenne en 2018 (31,5%). 

 

Au 1er semestre 2023, le taux de marge des sociétés non financières augmenterait nettement : l’amélioration de la profitabilité résulterait principalement de la baisse des salaires réels – avec notamment le contrecoup des fortes primes de partage de la valeur (PPV) versées fin 2022 – mais aussi de la nouvelle réduction des impôts de production (baisse de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises).

 

En revanche, les prix des consommations intermédiaires (notamment les prix des intrants énergétiques issus des renégociations récentes des contrats de gaz et d’électricité) augmenteraient un peu plus rapidement que les prix de production : le prix de la valeur ajoutée se dégraderait donc légèrement relativement au prix de la consommation, ce qui pèserait sur le taux de marge des entreprises.

Au total, à la fin du deuxième trimestre 2023, le taux de marge s’établirait à 33,5%.

 

⇒ Les Investissement des entreprises

Après une hausse marquée au 3éme trimestre 2022 (+3,8%), l’investissement des entreprises a de nouveau augmenté au 4ème trimestre, mais en ralentissant (+0,6%).

Noter que l’investissement en services a fortement perdu en dynamisme même s’il a poursuivi sa croissance (+0,6% après +3,5%) ; cette croissance est restée principalement portée par l’investissement en services d’informatiques, qui a toutefois ralenti (+3,3% en 2022 après +11,4% en 2021).

Au premier semestre 2023, l’investissement augmenterait à un rythme similaire à celui de fin 2022 (+0,5%). 

 

Pour en savoir davantage : La croissance résiste, l’inflation aussi – Note de conjoncture | Insee