Méthodologie : un échantillon de plus de 645 000 entreprises (dont 68 000 groupes), à partir de données individuelles permettant d’estimer leur chiffre d’affaires à une fréquence mensuelle.
Les chiffres d’affaires ont été corrigés du fait de reports de déclaration d’un mois sur l’autre, des valeurs aberrantes ; enfin, les entreprises déclarant leur chiffre d’affaires de manière irrégulière, et pour lesquelles des simulations robustes de leurs évolutions d’activité ne pouvaient être effectuées, ont été retirées de l’échantillon de travail (surtout des microentreprises).
L’échantillon représente 85% de la valeur ajoutée (VA) des sociétés non financières (SNF), hors travailleurs indépendants ; la faible part de la valeur ajoutée des TPE couverte par l’échantillon est lié au fait que les petites entreprises souscrivent majoritairement aux régimes de déclaration trimestriel et annuel de la TVA.
Une méthode de grande qualité est développée dans le texte.
Les entreprises les plus en difficulté en 2020 ne sont que 26% des entreprises et 14% des salariés.
⇒Un choc d’activité brutal d’ampleur variable selon le secteur
Entre mars et mai, le niveau d’activité se situe 27% en dessous du niveau d’activité estimé en 2019 (avril, -35%) ; entre juin et octobre la baisse est de 10%, tout comme au 4éme trimestre (en novembre les pertes d’activité sont estimées à 11%).
L’hébergement-restauration et la fabrication de matériels de transport sont les deux secteurs dont l’activité économique a été la plus déprimée avec une perte d’activité estimée respectivement à 71 et 54% entre mars et mai, auxquels il faut ajouter les services aux particuliers (-33%)
Par contre cette baisse est pour le secteur de l’information et de la communication, l’agriculture et pêche et les IAA est respectivement de 13, 11et 9% ; dans un certain nombre de secteurs industriels, comme l’électronique, l’activité économique a rebondi entre les 2 déconfinements et s’est presque rétablie au niveau attendu lors du second confinement (−3% et −5% pendant le second confinement).
⇒ Une hétérogénéité individuelle dépassant la seule appartenance sectorielle
En 2019, les situations individuelles sont dispersées : on recense à peu près autant de chocs positifs que négatifs. En 2020, la situation diffère : une proportion importante de chocs négatifs et une proportion faible de chocs positifs ; les chocs négatifs diffèrent entre les différents secteurs en 2020 alors qu’ils sont comparables (et proche de zéro) en 2019. Le secteur d’activité de l’entreprise explique jusqu’à 48% de la variance des chocs d’activité mensuels pondérés par l’emploi en 2020, contre 0,02% lors d’une année normale.
Dans la plupart des secteurs, les PME et TPE ont connu des pertes d’activité plus élevées que les ETI et grandes entreprises lors des deux confinements, et un choc souvent plus important sur l’ensemble de l’année.
⇒ 4 profils-types de trajectoire de chocs
♦ Les entreprises « non affectées » (36% des entreprises et 42% des salariés) : le 1er confinement a eu un impact négatif limité sur ces entreprises, avec un choc moyen de −14% en avril ; à partir de juin, leur activité a rebondi et s’est établi à 10% au-dessus de l’activité attendue ; le choc médian au sein de ce groupe est resté proche de zéro sur l’ensemble de l’année, à l’exception du premier confinement.
On y trouve la fabrication de produits électroniques grand public, les sous-secteurs de l’industrie alimentaire, les activités vétérinaires et le secteur médical.
Le développement de nouveaux produits et systèmes de ventes, la réorganisation de l’activité et la mise en commun de ressources avec d’autres entreprises, suite à la crise est associé à une probabilité plus élevée d’appartenir à ce profil.
♦ Les entreprises « résilientes » (38% des entreprises et 44% des salariés) : la perte d’activité moyenne de ces entreprises est plus substantielle au printemps, avec un choc moyen de −51% en avril ; à partir du mois de juin, les pertes sont moindres et le choc moyen reste stable autour de −20% sur la fin d’année.
On y trouve les secteurs de fabrication d’articles de joaillerie, d’ordinateurs et d’équipements périphériques et d’équipements auto.
♦ Les entreprises « confinées » (20% des entreprises et 12% des salariés) : des chocs importants lors des confinements (–72% en avril et −70% en novembre et décembre), avec une reprise limitée de l’activité pendant l’été.
On y trouve les transports ferroviaires, les bibliothèques et musées. Les PME et tout particulièrement les TPE ont plus de chance d’appartenir à ce profil.
♦ Les entreprises « déprimées » (6% des entreprises et 2% des salariés) : effondrement lors du premier confinement (–84% en avril), sans reprise à l’été. 1/3 des entreprises de ce groupe déclare un chiffre d’affaires nul entre avril et décembre.
On y trouve les sous-secteurs de la culture et du tourisme, les transports de voyageurs et les HCR.
Le fait d’avoir une activité exportatrice avant le début de la crise est associé à une probabilité plus élevée d’appartenir à ce profil.
Pour en savoir davantage : Une année de crise Covid : impact sur la dynamique de l’activité des entreprises en France – Documents de travail – G2021-02 | Insee