848 164 créations d’entreprise en 2020, +4% au regard de 2019, une progression détonante.


Analyse des données brutes de la création d'entreprise en 2020, André Letowski, janvier 2020.

Le nombre de créations progresse paradoxalement dans quasiment tous les secteurs hors les services habituellement moteurs.

 

⇒ Décembre 2020 a été un mois favorable quant au nombre de créations d’entreprises avec 78 514 créations, en hausse de 19% au regard de décembre 2019 et de 29% au regard de 2018. Noter la forte hausse de la création en société (+37%), habituellement bien plus modeste, alors que le flux des entreprises individuelles a été moins marquée (+13%), notamment au regard de 2019/2018 (+46%).

⇒ Qu’en est-il pour l’année toute entière ? Malgré la pandémie la progression a été de 4% avec 848 164 créations ; par contre le nombre de créations en société est stable (-0,2%), alors que celui du nombre d’entreprises individuelles progresse de 5,6% mais l’Insee ne connait pas le nombre d’autoentrepreneurs, dont on pourrait penser une progression plus importante du fait de son régime particulier (ce pourrait être une précaution face au chômage, voire un additif financier pour certains dont le revenu a baissé).

⇒ Le 4éme trimestre 2020 a-t-il été favorable ? Globalement les créations ont progressé de 16,2%, à proximité les sociétés (+14,8%) des entreprises individuelles (+16,8%) ; sans doute la pandémie a-t-elle conduit à une plus grande prudence en jouant davantage la création en société ; ce que confirme l’observation de la comparaison 2019/2018 (progression globale de 19,5% dont +7,3% pour les sociétés et +24,6% pour les entreprises individuelles).

 

⇒ Au regard des activités, l’évolution en décembre 2019/2018, fait apparaitre les transports largement en tête (livraisons à domicile), suivi paradoxalement des HCR (difficile à analyser faute d’une connaissance par activité très fine) du commerce… La hausse a été forte pour la plupart des secteurs d’activité hors les services, services aux entreprises, les services aux particuliers et l’éducation /santé.

⇒ Qu’en est-il de l’évolution de l’année 2020 toute entière ? Si la progression toutes activités est de 4%, 3 activités se distinguent, à savoir les transports déjà évoqué avec +22%, les activités immobilières (+10%) et le commerce (+9%). Noter que seulement 2 secteurs connaissent une régression plutôt modeste (les services aux entreprises avec -1,7% et l’éducation/santé avec -3,7%).

Cité dans les Échos Entrepreneurs du 17/01/2101

 

La hausse observée en 2020 est le seul fait d’une progression des nouvelles entreprises individuelles : autoentrepreneurs, professions libérales, artisans… « Cela reflète un transfert, un changement de structure du régime de l’emploi », constate Fabrice Cavarretta, professeur d’entrepreneuriat et leadership à l’Essec. Le « boost » de la création d’entreprises en solo traduit un glissement, une substitution d’emplois salariés vers des activités exercées en indépendant.

 

Et en période de crise, et donc d’incertitudes sur l’emploi salarié, l’entrepreneuriat de nécessité sort renforcé. Comme l’observe Sylvie Jalabert, directrice générale du réseau national d’accompagnement des entrepreneurs BGE, « on note des effets d’aubaine ou de désespoir. Certains créateurs nous le disent crûment. Ils ont le sentiment que, pour eux, ce sera plus facile de trouver un client qu’un emploi. …Nous aurons cette année un taux de concrétisation, de passage à l’acte, moins élevé. » La crise durcit les conditions de réussite. Elle favorise une prise de recul et une meilleure préparation, d’où une plus grande maturité des projets »