Qu’en est-il de la conjoncture des services marchands en 2020 ?


"La chute de la production est amortie par la location de logement et les activités numériques et techniques", Insee Première N°1862, juin 2021

Pour les services marchands non financiers, pourtant plus dynamiques que les autres branches avant la crise sanitaire, les pertes dépassent largement celles de 1975, 1993 et 2009.

 

Leur valeur ajoutée chute de 6,7% en volume, après avoir vivement augmenté les années précédentes (+ 3% en 2019, après + 2,9% en 2018 et + 3,4% en 2017), alors que leur part dans la valeur ajoutée de l’ensemble des branches atteint 35,3%. Noter que les services non marchands ont connu une hausse.

 

L’emploi diminue de 2,5% ; en 2020, ces services emploient 7,7 millions de personnes en équivalent temps plein (29% de l’emploi total) ; les ETP diminuent de 198 000 emplois (79% de la baisse des emplois) ; ce recul est surtout le fait de l’emploi intérimaire,alors que celui-ci avait fortement augmenté en 2017 et 2018 mais ralenti en 2019.

L’hébergement-restauration perd 52 000 ETP (– 4,6%) ; à l’inverse, dans l’information-communication et dans les activités immobilières, l’emploi continue de progresser en 2020 (+ 0,5% et + 0,3%). 

Enfin l’emploi non salarié représente 12% de l’emploi des services.

⇒ La situation des services est très hétérogène :

La plupart des activités se sont quasiment arrêtées pendant plusieurs mois et d’autres, minoritaires, sont très peu affectées.

 

♦ La majorité des services aux ménages (en particulier, restauration, activités culturelles, hébergement et services personnels) a été très affectée, diminuant en valeur ajoutée de 8,7% en volume et contribuant pour les deux tiers à la baisse de la valeur ajoutée des services.

La production chute d’un tiers dans l’hébergement-restauration (– 34,9% en volume), dans la restauration (– 32,4%) et dans l’hébergement (– 43,3%)

Il en est de même de la production des activités culturelles et récréatives marchandes (– 27,4%) et des services personnels (soins corporels, coiffure, blanchisserie notamment) avec 17,1% de baisse).

 

♦ Les services aux entreprises l’ont aussi été : leur valeur ajoutée se replie de 6,7%, à l’exception des services d’informatique-communication (-0,2% en valeur ajoutée).

 

La production de services administratifs et de soutien se replie de 9,2%, notamment l’intérim (–16,3%) ; la production des agences de voyages, voyagistes et d’organisation des foires et salons professionnels est divisée par deux.
Par contre, la location et la location-bail (– 2,7%), la sécurité (– 2,4%), les services liés aux bâtiments et à l’entretien paysager (– 0,9%) s’en sortent plutôt bien.

 

Dans les activités spécialisées scientifiques et techniques, l’activité décroît plus modérément (– 3,9%) : les activités publicitaires et les sièges sociaux pâtissent d’une faible demande, mais les activités comptables, l’ingénierie et l’architecture, les autres activités spécialisées et le conseil de gestion progressent ou diminuent légèrement. L’activité immobilière baisse faiblement (– 1%). 

L’information-communication se singularise : sa production augmente de 0,8% en volume ; ces activités se prêtent davantage au télétravail et bénéficient d’une forte demande.

⇒ Les prix progressent de 0,7% en 2020,

Un peu moins vite qu’en 2019 mais au même rythme qu’en 2018. Dans certains services très durement touchés par la baisse de la demande (activités récréatives marchandes, services de réservation, régies publicitaires), les prix ralentissent franchement, voire baissent, mais ils ne s’effondrent pas.

En outre, ils continuent de progresser et même accélèrent dans des services qui ont dû limiter ou arrêter leur activité (notamment hébergement, coiffure, soins de beauté), du fait des nouveaux coûts engendrés par la crise sanitaire (gel hydroalcoolique, masques, etc.).

⇒ L’investissement en services diminue moins que les achats intermédiaires.

Les achats intermédiaires des entreprises et administrations représentent le principal débouché des activités de services ; ils captent la moitié des ressources produites ou importées.

L’investissement en services s’élève à 185,2Md€ et équivaut à 48,4% de l’investissement des entreprises et des administrations. Représentant 14% de la demande intérieure en services, il diminue très peu (– 0,6%), en dépit d’un climat incertain peu propice à l’investissement.

 

Les investissements en logiciels et bases de données (46% des investissements) continuent de progresser, alors que ceux en R&D (21% des investissements) et ingénierie (13% des investissements) diminuent légèrement.

 

Les investissements en activités des marchands de biens et agences immobilières et en services des notaires (18% des investissements), frais liés à l’investissement dans les bâtiments, marquent le pas et contribuent à la baisse de l’investissement en volume à hauteur de – 0,7 point. Le nombre de transactions de logements diminue un peu, mais les ventes de locaux, bureaux et commerces sont dynamiques.

⇒ La consommation des ménages en services chute

Elle se replie de 9,1% en volume en 2020, alors que la location de logement, sa principale composante (63% des dépenses des ménages en services marchands non financiers), croît au même rythme que les années précédentes.

 

Cette baisse provient principalement de la restauration (– 32,2%), sa part dans la consommation en services n’est plus que de 12% (vs 16 en 2019). La consommation en hébergement est encore plus touchée (3% vs 5). Les dépenses en HCR sont 15% de leurs dépenses.

 

Les arts, activités culturelles, sportives et récréatives représentent 4% des dépenses en services marchands et contribuent à hauteur de – 1,5 point à la baisse.

 

Les dépenses en autres services personnels (coiffure, blanchisserie, etc.), en location (y compris locationbail) d’automobiles et d’équipements personnels chutent également (– 16,5% et – 6,9%), mais leur part dans les dépenses des ménages est faible (4%).

⇒ Le solde des échanges extérieurs de services diminue

Les exportations de services chiffrent 104Md€ (en baisse de 8,6% au regard de 2019) et les importations 100,9Md€ (en baisse de 7%).

 

Si le solde des échanges extérieurs en services marchands reste positif, il se replie fortement et s’établit à 3,1Md€. Cumulé avec l’excédent commercial lié aux voyages (les dépenses des résidents étrangers en France diminuées des achats des résidents français à l’étranger) le solde atteignait 9,1Md€ ; il est divisé par deux par rapport aux années précédentes (traduisant la désaffection de la clientèle étrangère dans les activités touristiques).

 

Pour en savoir davantage : Les services marchands en 2020 – Insee Première – 1862