Un rapport sur le commerce par le Sénat.


"les nouvelles formes de commerce", Sénat, rapport d'information N°358, février 2021

Le Sénat s’est saisi comme le CESE d’un avis sur le commerce ; leur analyse est proche. Après un bref rappel de quelques éléments essentiels, je vous propose quelques données non traitées dans le rapport CESE.

⇒ Nombre éléments d’analyse sont en phase avec celle du CESE

Les aspirations des consommateurs, multiples et évolutives, obligent les enseignes à revoir en profondeur leurs modes de production et d’approvisionnement ; les consommateurs attachent une importance croissante à des considérations autres que le seul prix. Ils se disent concernés par la consommation responsable et déclarent essayer d’acheter des produits locaux aussi souvent que possible, notamment issus de circuits courts  (AMAP, produits de coopératives).

 

D’autres attentes des clients sont évoquées : éviter les  longues files d’attente, disponibilité en magasin d’options de paiement rapide et pratique, vérification en ligne la disponibilité d’un produit avant de se rendre en magasin, possibilité d’échange pour un article acheté en ligne, services de click&collect, de e-reservation, de livraison à domicile, de drive, demande d’immédiateté …

 

Le « commerce de proximité » bénéficie d’un regain d’intérêt, contribuant à la dynamique commerciale des cœurs de ville, et s’inscrivant dans les politiques environnementales qui valorisent la proximité et donc l’absence de déplacement en voiture, le “consommer local”, les circuits courts. Le vieillissement de la population et un pouvoir d’achat plus important que celui des familles actives, la réduction de la taille moyenne des foyers contribuent à cette demande tout comme leur localisation. Situés sur leur trajet quotidien des consommateurs : en 10 ans, 60% des commerces de moins de 300 m² de surface de vente se sont créés hors des centres, mais sur des espaces interstitiels tels des ronds-points.

 

♦ Pour autant, les contraintes de pouvoir d’achat restent majeures ; l’écart entre les intentions déclarées et les actes effectifs d’achat reste important.

 

♦ Alors que le commerce traditionnel se caractérise par trois actions (choisir le produit, le payer, l’emporter), les innovations technologiques successives ont permis de les dématérialiser toutes les trois. Désormais, le consommateur utilise une multiplicité de canaux, physiques et numériques, afin de s’informer sur un produit, de le comparer, de le tester, de l’acheter, de le retirer, ou encore de le retourner au vendeur.

⇒ Ces attentes impliquent des mutations

♦ 27% des Français se rendent plus souvent qu’il y a cinq ans dans ces commerces de proximité. Cette mutation conduit la grande distribution à se réinstaller au centre des villes avec des surfaces adaptées. Le click&collect et le drive se développent.

 

♦ Ces mutations fragilisent le modèle traditionnel des grandes enseignes. La remise en cause du modèle d’affaires de ces enseignes les oblige à trouver de nouveaux leviers de croissance du fait notamment d’une baisse de la rentabilité au mètre carré. Toutefois, si l’hypermarché est moins fréquenté qu’auparavant, ils détiennent toujours plus de 50% des parts de marché.

 

♦ L’adaptation des commerçants à ces enjeux ne va pas sans soulever de difficultés pratiques : pour certains matériaux, absence ou faiblesse de filière industrielle française ou européenne, introduction de produits illégaux, prix souvent plus élevé pour les produits locaux, recyclage et réparation peu accessible.

⇒ Quelques propos peu habituels

La destruction des emplois par les nouvelles formes de commerce

Dans une note d’analyse de novembre 2019, le député Mounir Mahjoubi concluait que « Amazon détruit plus d’emplois qu’elle n’en crée. À chiffre d’affaires équivalent, ses entrepôts embauchent 2,2 fois moins de salariés que les commerçants traditionnels. Son activité retail a potentiellement supprimé 10 400 emplois ETP dans le commerce de proximité; Marketplace comprise, ce seraient 20 200 postes en moins » ; cet impact est le fruit d’une exceptionnelle productivité des salariés d’Amazon, elle-même résultant d’une organisation du travail fortement contestable.”

 

Une étude d’Euler Hermès de janvier 2020, quant à elle, concluait que plus de 56 000 commerces de détail avaient disparu aux États-Unis depuis 2008, et que chaque emploi créé par le commerce en ligne en détruisait 4,5 dans le commerce traditionnel.

 

Une étude du cabinet Axios3 calcule, quant à elle, que les transporteurs prestataires d’Amazon (UPS, FedEx, etc.) génèrent aux États-Unis une pollution équivalente à celle de sept millions de voitures.

 

Mais ces analyses sont contestées.

 

♦ Un moratoire sur les surfaces commerciales : une fausse bonne idée

“En effet, les principales raisons de l’artificialisation des sols ne sont pas la création de nouveaux centres commerciaux et de grandes surfaces en périphérie des villes, mais :
• l’habitat (volumes construits et sols artificialisés associés), à hauteur de 42% des surfaces artificialisées,
• les infrastructures de transport (28%),
•  le foncier économique (infrastructures agricoles, sylvicoles et industrielles) représente 14% de l’artificialisation, et le commerce 4,7% du total des surfaces artificialisées.”

⇒ Le rapport émet 14 recommandations,

notamment sur les distorsions de concurrence, l’accompagnement de la transition numérique, l’assouplissement de la réglementation (règles des heures d’ouverture, d’installation), la prise en compte des enjeux logistiques.

 

Pour en savoir davantage : Rapport d’information N° 358 (2020-2021) au nom de la commission des affaires économiques, sur les nouvelles formes de commerce – Équité et souplesse, pour un commerce en pleine mutations – NosSénateurs.fr (nossenateurs.fr)