Cet article vise à donner quelques éléments de cadrage sur les non-salariés au sein des grands secteurs d’activité en 2018.
⇒ La construction
Les indépendants de ce secteur compte pour 13% du nombre de non-salariés des secteurs non agricoles (mais 20% des emplois totaux du secteur).
Leur revenu moyen mensuel est de 2 590€ (28% plus faible que le revenu moyen de l’ensemble des non-salariés), sans grande variation selon les activités exercées sauf pour le secteur construction de bâtiments et génie civil (3 000€).
Hors revenus nuls (6% des non‑salariés classiques du secteur), un non‑salarié classique sur dix dans la construction déclare moins de 680€ par mois et un sur dix plus de 5 070€, soit un rapport interdécile (D9/D1) de 7,5, contre 16,3 pour l’ensemble des secteurs.
Le revenu moyen des non‑salariés classiques de la construction a diminué de 6,8% entre 2008 et 2013, dans un contexte de mauvaise conjoncture économique; il s’est stabilisé en 2014 et 2015. Il progresse de 2,8% en moyenne par an depuis 2015 et en 2017, il dépasse pour la première fois son niveau de 2012.
Dans le gros œuvre, la construction de bâtiments et le génie civil, le revenu moyen en 2017 reste inférieur à son niveau cinq ans auparavant, alors qu’il l’a dépassé dans les travaux de finition (menuiserie, peinture) et surtout d’installation (électricité, plomberie, etc.).
Les plus de 60 ans sont moins nombreux que pour l’ensemble des non-salariés (8% vs 14).
Les femmes n’y sont que 3,5% des non-salariés (11,9% dans le secteur construction de bâtiments et génie civil).
Les autoentrepreneurs y sont 33% et une exception pour la peinture/revêtement de sol (46%); leur revenu moyen est supérieur à celui de l’ensemble des non-salariés (630€ vs 470).
⇒ Le commerce et l’artisanat commercial (ou commerces de bouche)
Les non-salariés sont 504 000 (18% des non-salariés mais 12% des emplois du secteur). Le commerce de gros compte pour 16% des non-salariés du secteur, le commerce/réparation automobile pour 13%, le commerce de bouche pour 9,5%, le reste est le commerce de détail.
Cette répartition par catégorie détaillée est utile dans la mesure où elle est souvent utilisé par l’Insee l’agrégat commerce sans souvent différencier les sous-groupes d’activité.
6% des non‑salariés classiques sont pluriactifs.
Le revenu moyen mensuel chiffre pour une entreprise classique 2 630€ (-27% au regard de la moyenne des non-salariés). Ceux qui affichent les montants les plus élevés sont les pharmacies (6 850€) et le commerce de gros (3 220€); les autres types de commerce sont proches de la moyenne hors les activités hors magasin (1 200€, mais il est impossible au regard des données fournies de différencier la vente à distance et la vente sur les marchés).
Un non‑salarié classique sur dix ne dégage aucun revenu de son activité. Parmi les autres, 10% perçoivent moins de 330€ nets par mois et 10% plus de 6 320€.
Hors AE, les femmes perçoivent 18% de moins que les hommes, avec des écarts plus importants dans le commerce de gros (– 34%) et les métiers de bouche (– 33%).
En euros constants, le revenu d’activité moyen des non‑salariés classiques du commerce a reculé de 4,2% entre 2012 et 2013 , mais il a augmenté entre 2013 et 2017 de 7% (vs 10,1% dans l’ensemble des secteurs, à l’exception du commerce pharmaceutique dont le revenu moyen a baissé de 11,8%.
Les femmes y sont 30% (proche de la moyenne contrairement à ce qui est souvent mis en avant); mais elles sont 55% à la tête de pharmacies et de 44% dans les commerces en magasin (autre que de bouche).
En termes d’âge, elles sont proches de la moyenne, sauf la pharmacie qui compte moins de jeunes (1,4% vs 7 du fait de la durée des études et du coût d’achat d’une pharmacie) et plus de 60 ans et au-delà (21% vs 15); noter que cette tranche d’âge est moins présente pour les activités métiers de bouche et commerce/réparation auto -8-9%).
⇒ Services aux particuliers
L’Insee a regroupé dans cet agrégat les HCR et l’enseignement habituellement positionnés dans d’autres agrégats).
583 000 personnes y exercent une activité non salariée (21% des non-salariés), à titre principal ou en complément d’une activité salariée (9% pour les entreprises classiques et 35% pour les autoentrepreneurs). Si on se limite aux emplois principaux exercés, les non‑salariés représentent 7% des personnes en emploi dans le secteur des services aux particuliers, contre 9% dans l’ensemble des secteurs non agricoles.
Un tiers d’entre eux exerce dans les services personnels, notamment dans la coiffure, et un autre tiers dans l’hébergement et la restauration (83% dans la restauration, 17% dans l’hébergement).
Le revenu d’activité moyen des non‑salariés classiques est de 1 650€ mensuels (la moitié de celui de l’ensemble des secteurs). Il s’échelonne de 1 440€ dans la coiffure et les soins de beauté à 1 810€ dans les HCR. Ces revenus moyens masquent de fortes disparités : 11% ne dégagent aucun revenu de leur activité non salariée en 2017 (une proportion variant de 5% dans la coiffure et les soins de beauté à 19% dans les arts, spectacles et activités récréatives). La moitié de ceux qui dégagent un revenu gagne moins de 1 310€ par mois et un sur dix moins de 270€; à l’opposé, un sur dix perçoit plus de 3 680€.
Les femmes gagnent en moyenne 27% de moins que les hommes (contre 22% pour l’ensemble des non‑salariés). Cet écart est plus fort dans les services personnels (37%, hors coiffure et soins de beauté), plus faible dans l’enseignement (14%)
Entre 2012 et 2017, le revenu moyen des non‑salariés classiques a augmenté de 3% en euros constants.
La moitié sont des femmes (vs 37% tous secteurs confondus); elles sont notamment particulièrement présentes dans la coiffure et les soins de beauté (88%), proches de la moyenne de 50% dans les services personnels et l’enseignement: leur part est plus modeste (36%) dans les HCR et les activités artistiques et récréatives.
Les autoentrepreneurs représentent 45% des non‑salariés de ce secteur, où ils sont le plus présent (vs 33% tous secteurs confondus). Ils sont nombreux dans les services personnels (66 %), les arts, spectacles et activités récréatives (65%) et l’enseignement (64%), tout particulièrement dans le soutien scolaire, la formation professionnelle et l’enseignement culturel. Ils sont moins présents dans les HCR (16%), sauf parmi les traiteurs (58%).
35% sont pluriactifs (35 %), dont 49% dans l’enseignement, et 44% dans les activités artistiques et récréatives. Ils le sont peu dans la coiffure (17%) et les HCR (19%).
En matière d’âge, leur situation est proche de la moyenne, à l’exception des jeunes, plus présents dans les activités artistiques et récréatives (18% vs11), alors que les plus de 60 ans seront moins nombreux dans la coiffure (6% vs en moyenne12,5).
⇒ La santé
499 000 personnes (18% des non-salariés) exercent dans ce secteur ; si on se limite aux emplois principaux exercés, les non‑salariés représentent 11% des personnes en emploi dans le secteur de la santé et de l’action sociale. Le groupe des paramédicaux et “autres services de santé” compte pour 40%, celui des médecins/dentistes/ labo d’analyses pour 34% et celui des infirmiers pour 23%.
Depuis 2008, les effectifs ont augmenté de 3,9% par an en moyenne, davantage que dans l’ensemble des non‑salariés (+ 3,2%); la hausse est particulièrement vive pour les sages‑femmes et les professions paramédicales (infirmiers, masseurs‑ kinésithérapeutes, etc.) alors qu’en médecine ou en chirurgie‑dentaire les effectifs sont quasiment stables. sur la période.
En 2017, le revenu d’activité moyen des non‑salariés de la santé et de l’action sociale atteint 5 020€ par mois, deux fois plus que pour l’ensemble des non‑salariés. Les médecins spécialistes libéraux et ceux travaillant dans les laboratoires d’analyse médicale perçoivent 11 010€, les chirurgiens‑dentistes 9 110€, les généralistes 7 220€, et les vétérinaires 5 610€ contre 2 080 à 3 860€ pour les autres activités.
Les écarts de rémunération entre femmes et hommes sont plus importants dans le domaine de la santé que dans les autres secteurs de l’économie : les femmes sont sous‑représentées dans les professions les plus rémunératrices et, au sein d’une même profession, les écarts sont importants (notamment volume de travail plus faible). En médecine générale, les femmes perçoivent un revenu inférieur de 37% à celui de leurs collègues masculins alors que leur temps hebdomadaire passé auprès des patients n’est inférieur que de 15% environ. Depuis 2012, les revenus des médecins ont progressé chaque année, aussi bien en médecine générale (+ 8,1% en euros constants entre 2012 et 2017) qu’en médecine spécialisée (+ 4,8%), vs +2,1% pour les chirurgiens‑dentistes; pour les autres professionnels de la santé et de l’action sociale, les revenus sont globalement stables.
Les autoentrepreneurs représentent 12% des non‑salariés du secteur; ils sont quasiment absents des professions médicales car ces activités sont réglementées alors qu’ils représentent néanmoins les deux tiers des non‑salariés dans les autres activités de santé (psychologues, diététiciens, etc.). Noter que plus d’un quart des médecins libéraux sont pluriactifs et exercent une activité salariée en sus de leur activité libérale en cabinet ; ils sont plus d’un tiers parmi les spécialistes.
En ce qui concerne les âges, les jeunes sont peu nombreux, hors dans les professions paramédicales (26% pour les moins de 30 ans vs 2 à 6% chez les médecins); par contre ces derniers et les dentistes sont nombreux à avoir plus de 60 ans (entre 21 et 35% vs 14 en moyenne ensemble des non-salariés).
Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4470890