Si les ruraux se perçoivent abandonnés, leur évolution démographique est plus favorable (du moins pour les zones peu denses) que pour les territoires urbains.
⇒ Les ruraux abandonnés
D’après une récente étude réalisée par l’Ifop pour Familles Rurales, 51% des ruraux… et 62% des Français estiment que le monde rural est « abandonné ». De même, 67% des Français et 47% des ruraux placent la « France des campagnes » en tête des territoires délaissés, devant la « France des banlieues » ou la « France périurbaine ».
Cette même étude montre que 57% des ruraux estiment que leur commune ne bénéficie pas de l’action des pouvoirs publics, contre une moyenne de 36% pour les Français pris dans leur ensemble. Ils jugent aussi que la situation se dégrade depuis ces dernières années : 57% pour l’accès à la santé, 58% pour les services, 59% pour les commerces de proximité, l’état des routes et la possibilité pour les jeunes de rester en milieu rural, 60% pour l’emploi.
Pourtant selon le Baromètre des territoires 2019 d’ELABE, intitulé « La France en morceaux », de 15 à 25% des répondants des communes rurales estiment bénéficier d’un accès facile et rapide à une série de 8 services : formation, culture, divertissement, soins, transports, information, courses alimentaires et démarches administratives, vs 42 et 56% dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants.
Plus généralement, pour qualifier les territoires ruraux, abondent les adjectifs de type « désertifiés », « fragiles », « en décroissance », « isolés », « déclassés »; cette évolution dépréciative ressemble fort à celle qui avait cours dans les années 60, au moment où « l’idéologie de la “désertification” des campagnes et des “seuils de densité viables” est à son apogée “; elle avait pourtant tendu à s’effacer, dans les années 90, du fait d’une nouvelle image du rural, liée à la nature et à l’espace, opposée à l’artificialité et à la promiscuité des villes.
⇒ L’ambiguïté statistique
Pourtant, si l’on saisit le critère fondamental du dynamisme démographique, on constate que ce sont aujourd’hui les territoires peu denses qui progressent le plus : le taux annuel moyen d’accroissement démographique entre 1999 et 2013 a été de 1,06% pour les zones peu denses, vs 0,61% pour celles très peu denses, et 0,42% pour les zones densément peuplées.
C’est que le zonage Insee pour qualifier les espaces a été actualisé en 2010, affinant la notion de pôle urbain en distinguant les pôles « grands » (plus de 10 000 emplois), « moyens » (entre 5 000 et 10 000 emplois), et « petits » (entre 1 500 et 5 000 emplois); elle a surtout conduit à la disparition quasi complète, du point de vue statistique, des espaces à dominante rurale; alors que d’autres modes de calcul, tels ceux fondés sur la densité de population et sur les bassins de vie, aboutissent à des chiffres explicites : sur le fondement de cette méthode, l’Insee identifie, en 2012, 1 287 bassins de vie ruraux sur un total de 1 666 bassins. Ces zones rurales représentent 78% du territoire et 31% de la population.
Un calcul fait à partir de l’observation des communes donne les résultats suivants :
Â
L’approche par bassins d’emploi montre une meilleure progression du rural :
Â
Le rapport cite les différents outils à disposition des collectivités locales : PAR, puis chartes intercommunales d’aménagement et de développement, contrat de pays, parcs naturels régionaux, pôles d’excellence rurale, pôle d’équilibre territorial et rural, les schémas de cohérence territorial.
Le rapport propose 33 recommandations.
Pour en savoir davantage : http://www.senat.fr/rap/r19-251/r19-2511.pdf