Quelle prévision quant au nombre de défaillances pour 2021 ?


"Les défaillances d’entreprises dans la crise Covid‐19 : zombification ou mise en hibernation ?" CAE focus N°051, décembre 2020

Source : Bodacc

 

L’exploration du CAE ne nous apporte pas grand chose du fait des nombreuses incertitudes, notamment celle de la pertinence des politiques publiques.

⇒ Un nombre de défaillances en forte baisse en France comme en Grande-Bretagne et en Allemagne.

Le nombre cumulé des liquidations et redressements d’entreprises est et reste à la mi‐novembre anormalement bas par rapport à 2019 (-35,9% pour l’ensemble des entreprises et -29% pour les PME). On ne constate pas de grosses différences selon les secteurs.  

Environ 2/3 des ouvertures de procédure sont toujours des liquidations pour les plus petites entreprises et seulement 1/3 pour les PME.

“Notre conclusion est donc que les mesures mises en place par le gouvernement ont, jusqu’ici, permis d’éviter que des entreprises productives (avec une valeur ajoutée par travailleur élevée) ne soient mises en défaillance. Les entreprises en défaillance en 2020 restent des entreprises qui étaient moins productives et plus fragiles financièrement comme en 2019.”

Il en est de même pour le commerce, secteur très touché dans certaines de ses activités.

 

♦ Même si les comparaisons internationales sont difficiles en matière de procédures de faillites d’entreprises, il apparaît que des situations similaires se retrouvent au Royaume‐Uni et en Allemagne. Au Royaume‐Uni, le nombre de faillites du troisième trimestre de 2020 est inférieur de 39% par rapport au même trimestre de 2019, et en chute de 9% par rapport au second trimestre de 2020. En Allemagne, où l’obligation de déclarer une situation d’insolvabilité a été suspendue à partir du 1er mars, le nombre d’entreprises se déclarant en situation d’insolvabilité a diminué de 10% environ au premier semestre de 2020 par rapport au premier semestre de 2019.

 

Aux États‐Unis, une étude publiée fin septembre montre une situation différente dans laquelle une chute importante des liquidations directes coexiste avec une augmentation substantielle des « Chapter 11 », notamment pour les plus grandes entreprises ; ce que les auteurs de l’étude interprètent comme le signe de difficultés d’accès des petites entreprises aux tribunaux.

 

⇒ Les scénarios d’augmentation des défaillances d’entreprises en 2021

♦ Une forte augmentation des ouvertures de procédure dans les tribunaux de commerce est anticipée dans les mois à venir. Les simulations existantes prédisent toutes une augmentation très forte des défaillances de PME par rapport aux années 2018 et 2019, jusqu’à 25% par exemple dans le secteur hébergement et restauration mais elles ne prennent pas en compte l’ensemble des mesures de soutien mises en place.

 

♦ Le CAE a pratiqué une simulation pour le secteur du commerce à partir de 2021 en se calant sur trois effets :
− le rattrapage des défaillances « normales » qui n’ont pas eu lieu en 2020 (par comparaison avec les défaillances observées en 2019,
− la baisse de l’activité en moyenne sur la période 2020‐2021,
− le surcroît de dette que les entreprises auront accumulé.

 

♦ Résultats :

-Les entreprises les moins touchées du commerce enregistreraient une baisse de 3% de la productivité du travail, mais leur niveau d’endettement ne serait au final pas modifié,
− les entreprises moyennement touchées connaîtraient une baisse de 6% de la productivité du travail et une augmentation de 2,5 points de leur ratio d’endettement (toutes dettes confondues), passant par exemple de 20 à 22,5% ; ce qui correspond à peu près à la baisse de croissance annuelle cumulée attendue sur la période 2020‐2021,
− les entreprises fortement touchées verraient la productivité du travail diminuer de 12% et leur ratio d’endettement augmenter de 5 points (passant par exemple de 20 à 25%).

 

Concernant la hausse de l’endettement, le ratio d’endettement à l’issue du second confinement augmenterait de 5 points par rapport à la situation de fin 2019 du fait non seulement du PGE, mais aussi des dettes fiscales et sociales accumulées du fait des reports de paiements accordés et d’éventuels délais dans le paiement des fournisseurs. Pour les entreprises les moins touchées, le ratio d’endettement n’augmenterait pas ; les entreprises moyennement affectées verraient leur ratio d’endettement augmenter de 2,5 points par rapport au niveau de la fin de 2019. Le taux d’endettement de 40% en moyenne dans le commerce resterait inchangé pour les entreprises du commerce les moins touchées et passerait à 45% pour les entreprises les plus touchées.

 

Le surcroît de défaillances à attendre à l’issue de la crise Covid‐19 irait de + 2,2% pour les secteurs les moins touchés et jusqu’à plus de 25% dans les secteurs du commerce les plus affectés.

 

Pour en savoir davantage :Les défaillances d’entreprises dans la crise Covid‐19 : zombification ou mise en hibernation ? (cae-eco.fr)