Je reprends des extraits du texte du women’s forum en retour d’une commande de Marlène Schiappa à propos des femmes dans les nouvelles technologies. Ce texte est suivi de nombreuses recommandations.
Les femmes semblent bien moins concernées dans les “pays développées” quant à leur implication dans les nouvelles technologie qu’elles ne le sont des pays en émergence; leur impact semble même y diminuer.
“Les STEM (Sciences, Technologies, Engineering, Mathematics) et pas seulement le numérique, sont au cœur de la transformation de notre économie…En 2020, parmi les 10 métiers les plus recherchés en France, 8 professions sont directement liées aux STEM : délégué à la protection des données, ingénieur en intelligence artificielle, community manager, ingénieur en fiabilité de site (SRE), spécialiste en cybersécurité, ingénieur DevOps, ingénieur data et data scientist (à noter que l’ensemble de ces professions sont désignées au masculin !).”
Paradoxalement, les pays les plus avancés en matière d’égalité femmes-hommes sont ceux qui ont la plus faible présence de femmes dans les STEM. Les femmes représentent 18% des étudiantes dans le numérique aux États-Unis contre 41% des diplômés des domaines des STEM en Algérie.
“Dans le monde arabe, une start-up sur 3 est fondée ou dirigée par une femme. ..Ainsi, dans certains de ces pays, les femmes représentent jusqu’à 57% des diplômés des domaines des STEM, avec un record de 65% de femmes ingénieures aux Émirats Arabes Unis; c’est le cas également des Pays de l’ex-URSS où les filles bénéficient du modèle de leurs mères actives autant que les hommes dans la physique, la chimie et l’ingénierie. En Malaisie, les femmes représentent la moitié des ingénieurs, contre 19% au Canada, en Allemagne et aux États-Unis et 22% en Finlande.
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La situation est similaire dans le domaine de la recherche scientifique car les femmes constituent environ la moitié des chercheurs dans ce domaine aux Philippines, en Thaïlande, en Malaisie et au Vietnam. De même, en Indonésie et à Singapour, un chercheur sur 3 est une femme”
Dès le plus jeune âge, le risque que les filles développent une vision biaisée des STEM en les associant à des compétences masculines est fort. En effet, à l’école primaire elles grandissent sans modèles féminins issus du monde scientifique et ne reçoivent pas d’accompagnement adéquat de la part des parents et enseignants afin de développer un intérêt pour les STEM.
Le problème touche tous les élèves, car seulement 24% des filles et 25% des garçons envisagent une carrière scientifique en primaire.
Les filles, dans le domaine scientifique, s’intéressent davantage aux professions médicales tandis que les garçons sont attirés vers les professions des domaines des sciences et de la Tech, tels que l’informatique et l’ingénierie. De plus, les jeunes filles n’estiment pas que les compétences STEM soient essentielles aux métiers d’avenir, ni sources de réalisation personnelle. Au niveau européen, elles sont 72% à souhaiter avoir un impact social positif mais uniquement 37% à juger les STEM utiles à cette fin.
A l’entrée en seconde, 40% des lycéennes se tournent vers un profil littéraire, 4,1% vers un profil économie gestion et 54,9% s’orientent vers un profil scientifique. Du côté des garçons, ils sont 19,9% à choisir le profil littéraire, 4,4% l’économie gestion et 74,6% à se diriger vers le profil scientifique.
Dans les lycées généraux, les filles sont davantage représentées au sein des cursus littéraire (79,8%) et économique (60,1%) et restent toutefois minoritaires dans la filière scientifique (47,4%).
En outre, dans les lycées technologiques, les cursus les plus féminisés sont STES – Sciences et technologies de la santé et du social (87,1%) et STL – Sciences et technologies de laboratoire (56,9%). A l’inverse, la filière STI2D – Sciences et technologies de l’industrie et du développement durable, directement liée aux domaines des STEM, rassemble uniquement 7,7% de filles.
L’absence des femmes au sein des filières STEM se vérifie également dans les études universitaires. A l’échelle européenne, les femmes représentaient 53,3% des diplômés en sciences naturelles, mathématiques et statistiques en 2016, et uniquement 27,7% des étudiants en ingénierie et construction. En France, lors de l’entrée à l’université, les femmes sont 42,5% à s’orienter vers les filières scientifiques et 40,6% à être inscrites dans des parcours scientifiques d’enseignement supérieur à tous niveaux confondus.
Les formations scientifiques les plus féminisées sont la santé (64%) et les sciences de la vie, de la santé, de la Terre et de l’Univers (61,7%). Mais les femmes ne représentent que 28,9% des étudiants en sciences fondamentales et applications, 28,2% des élèves des écoles d’ingénieurs et 31,2% de ceux en CPGE (Classe préparatoire aux grandes écoles) scientifique. Plus grave encore, en France le nombre de femmes diplômées des domaines de la Tech, tels que le numérique et l’ingénierie, a diminué de 6% entre 2013 et 2017.
Dans le secteur de la recherche scientifique française, on compte 28% de chercheuses soit moins que la moyenne européenne (33%). Par ailleurs, en ce qui concerne les doctorantes, 43% d’entre elles étudient les sciences naturelles, les mathématiques et les statistiques, 32% l’ingénierie et la construction, et 27% les technologies d’information et de communication.
De plus, parmi les professeurs d’université dans le domaine des STEM seulement 21,9% sont des femmes.
Les disparités sont également visibles dans le cadre de la formation continue. En ce qui concerne les formations ingénieurs “hors temps de travail”, à savoir en cours du soir et le weekend, les femmes sont grandement sous-représentées. Elles étaient 16,1% au sein de cette formation proposée par le CNAM en 2014 et elles s’orientent principalement vers les formations en « Chimie, Sciences et techniques du vivant, Agroalimentaire, Hygiène et sécurité, Génie biologique, Génie des procédés » (52%) plutôt que vers les diplômes d’Informatique (7,6%).
Il y a 224 millions de femmes entrepreneures dans le monde, ce qui représente 35% des entreprises de l’économie globale. Cependant, uniquement 1% des financements privés ou publics sont attribués à des entreprises détenues par des femmes à l’échelle internationale.
De même, moins d’1% des dépenses des grands groupes sur leur chaîne d’approvisionnement est destiné à des sous-traitants détenus par des femmes. Pourtant, l’intérêt économique d’associer davantage d’entreprises détenues par des femmes a été démontré car 34% des entreprises qui ont diversifié leur chaîne d’approvisionnement ont constaté un impact positif sur leur performance.
Quant aux startups, celles qui ont été co-fondées par des femmes produisent 10% de turnover de plus, sur une période de 5 ans, que celles co-fondées par des hommes. En outre, elles ont plus de propension à créer des entreprises à impact social et environnemental que les hommes. Au niveau européen, les femmes représentent 34,4% des entrepreneurs et 30% des fondateurs de start-ups.
En France, le baromètre lancé en 2019 par le Collectif SISTA et BCG a permis de mettre en lumière de fortes inégalités entre les femmes et les hommes dans l’entrepreneuriat. En effet, depuis 2008, seulement 5% des start-ups ont été fondées par une équipe 100% féminine et 10% par une équipe mixte. Ces inégalités se concrétisent notamment dans l’attribution des financements car les start-ups fondées ou dirigées par des femmes ont 30% moins de chances d’être financées par les principaux investisseurs. Elles reçoivent en moyenne 2,5 fois moins de fonds que les startups lancées par des hommes. De plus, les startups fondées ou dirigées par des femmes lèvent uniquement 2% de la totalité des fonds levés chaque année en France.
Ces inégalités trouvent notamment leur origine dans le manque de représentation des femmes au sein des fonds d’investissements car dans 29 des principaux fonds, il n’y aucune femme partner.
A l’échelle internationale, les femmes ne représentent que 24% des employés du secteur technologique et si l’on considère les postes à responsabilité, leur présence chute à 11%. Dans le domaine de l’Intelligence Artificielle, elles ne sont que 22% à occuper des fonctions d’expert et de conception et sont peu présentes dans le secteur de la cybersécurité (11%).
Encore plus grave, 53% des femmes qui entament des carrières dans la Tech se dirigent ensuite vers d’autres secteurs, contre 31% des hommes. Cela est principalement dû à un faible soutien managérial, un manque d’opportunités de carrières, un mauvais équilibre des temps de vie ainsi qu’un environnement parfois perçu comme “hostile”
Il existe en effet un climat discriminant les femmes dans les domaines des STEM : seulement 3% des professionnels du domaine estiment que la présence des femmes dans les STEM peut être un moteur de changement.
En France, une chute dramatique de 11% du nombre de femmes dans les emplois de haute technologie a été observée entre 2013 et 2018, tandis qu’au niveau européen, la présence des femmes dans ces secteurs a augmenté de 14% à la même période.
Les femmes représentent 33% du secteur manufacturier de haute technologie et du service de haute technologie, et 25% des employés de l’industrie manufacturière de moyenne technologie.
Le nombre de femmes parmi les spécialistes des Technologies d’Information et de Communication (TIC) en France n’a augmenté que de 12% entre 2013 et 2018 contre 21% à l’échelle européenne; elles représentent seulement 27% des codeurs.
Plus généralement dans le secteur du numérique, les femmes sont 30% et occupent principalement des fonctions de support au sein des ressources humaines, de l’administration, du marketing et de la communication.
En ce qui concerne les opportunités d’évolution professionnelle, les femmes restent sous-représentées dans les postes à haute responsabilité et plus particulièrement dans les Conseils d’administration. En Europe, les femmes représentent 7% des Présidents des Conseils d’administration des groupes du STOXX Europe 600; elles sont 33% à siéger dans les Conseils d’administration et seulement 4,7% à occuper des postes de Directeur Général.
A l’échelle française, 44,6% des membres des Conseils d’administration sont des femmes, grâce à la loi Copé-Zimmermann de 2011, et 18,2% des Comités exécutifs au sein des entreprises du CAC4064.
Pour en savoir davantage : http://www.womens-forum.com/uploads/Stories/LOI.pdf