Le surinvestissement immatériel constaté des entreprises Françaises serait pour partie le fait de mode de mesure différent.


"L’investissement immatériel de l’industrie décrypté", La Fabrique de l'Industrie N°28, décembre 2019

Les comparaisons avec quelques grands pays Européens révèlent deux explications : une surévaluation des données d’une part, un rattrapage d’un retard de l’intégration de l’immatériel digital d’autre part.

 

Le taux d’investissement dans les logiciels et bases de données du secteur manufacturier français est de 6,3% de la valeur ajoutée en 2017 contre 1% en Allemagne, selon les données de comptabilité nationale. Il est, plus généralement, bien plus élevé que dans tous les autres pays européens et ce dans tous les secteurs de l’industrie manufacturière.

 

Notamment la fabrication des produits informatiques, électroniques, optiques et électriques présentait un taux très élevé qui explique une part significative de la singularité française (avec un taux d’investissement en logiciels de 25% en 2015 contre 1,5% en Allemagne).

Mais cet investissement important dans les logiciels provient en partie d’un traitement différent des dépenses correspondantes en comptabilité nationale : celles-ci sont plus largement immobilisées en France que dans les autres pays, où elles sont plus souvent comptabilisées comme des consommations intermédiaires.

 

En s’affranchissant de cette différence d’affectation entre consommations et immobilisations (c’est-à-dire en pratique en additionnant ces deux types de données), les dépenses totales de logiciels et services informatiques de la branche manufacturière demeurent un peu plus élevées en France qu’ailleurs; elles ne présentent toutefois plus un niveau aberrant et sont proches de celles relevées en Suède.

 

Si le surplus de formation brute de capital fixe inscrit en comptabilité nationale entre 6,7 et 8,5Md€ résulte de différences de pratiques comptables, il traduit également un effort réel donné des entreprises françaises dans les dépenses informatiques ; si le taux d’immobilisation de ces dépenses était le même que dans le reste de l’Europe, il subsisterait en effet un surplus d’investissement français de l’ordre de 2Md€.

 

Cet investissement est concentré dans les très grandes entreprises :  40% de l’investissement immatériel (notamment logiciels, propriété intellectuelle et R&D), notamment dans 2 secteurs : la fabrication de produits informatiques, électroniques, optiques et électriques et la fabrication de matériels de transport. 

 

“L’étude montre la concentration de cet investissement dans les grandes entreprises et dans quelques secteurs seulement, ce qui suggère que la numérisation des entreprises n’en est qu’à ses débuts et que l’effort d’investissement immatériel doit se généraliser à un plus grand nombre d’entreprises.”

 

Pour en savoir davantage : https://www.la-fabrique.fr/fr/publication/linvestissement-immateriel-de-lindustrie-decrypte/