Le secteur financier perd 700Md$ par an en n’intégrant pas suffisamment les femmes


"Bulletin le Rameau, décembre 2019

Si le secteur financier ne fait pas habituellement l’objet d’articles dans cette note, la réflexion formulée dans ce papier interroge au-delà du secteur financier la place et l’écoute des femmes comme acteurs et consommatrices; c’est en cela qu’il m’a semblé utile de le citer.

 

Selon un nouveau rapport publié le 12 novembre par le cabinet Oliver Wyman, «les sociétés de services financiers pourraient gagner plus de 700Md$ de revenus annuels additionnels si elles prenaient mieux en compte les attentes de leurs clientes femmes». Pour le cabinet, il s’agit même de la plus grande opportunité de croissance du secteur.

 

«Les femmes constituent le segment de clientèle le plus mal adressé par les sociétés de services financiers et ce, alors même qu’elles jouent un rôle de plus en plus influent en tant qu’acheteuses», estime Jessica Clempner, auteure principale du rapport. Selon elle, les entreprises du secteur se tirent une balle dans le pied en ne cherchant pas à satisfaire ni même à essayer de comprendre leurs attentes.Globalement, les produits destinés aux particuliers dans le secteur financier semblent neutres en termes de genre alors qu’en réalité ils sont élaborés pour «l’homme moyen».

 

Si les banques fournissaient par exemple des prêts aux femmes, comme elles le font pour les hommes, elles pourraient gagner 30Md$.

De même, améliorer leurs relations avec leurs clientes engendrerait une opportunité de 80Md$. En n’intégrant pas assez les femmes, les gestionnaires d’actifs perdent eux 25Md$.

 

Le manque à gagner le plus élevé se trouve du côté des assureurs qui passent à côté de 500Md€ .Or, au niveau mondial, 2/3 des dépenses d’un ménage sont contrôlées par une femme.

 

En outre, celles-ci détiennent 40% de la richesse mondiale, selon le rapport. A revenus égaux, les femmes devraient bénéficier d’un niveau d’équipement en termes de produits financiers comparable à celui des hommes. Ce qui n’est ni le cas pour des produits comme l’assurance-vie, les crédits immobiliers, ou encore les crédits destinés aux créateurs d’entreprise.

 

Une femme n’a pas la même carrière qu’un homme dans le sens où elle interrompt sa carrière plus souvent. De ce point de vue-là, la vie d’une femme s’avère moins linéaire, elle ne peut donc pas avoir la même approche vis-à-vis du risque. Les femmes ont donc besoin de produits conformes à leurs attentes. Elles ont besoin de disposer d’une approche et de produits individualisés.

 

En matière de stratégie financière, les hommes et les femmes ne feraient pas les mêmes erreurs. Pour couronner le tout, les hommes se révéleraient bien plus confiants que les femmes dans les arbitrages financiers qu’ils effectuent et seraient, à ce titre, plus enclins à prendre des risques que les femmes. Pour remédier à cette situation, il faudrait notamment intégrer plus de femmes en interne. C’est d’ailleurs un des volets du rapport Women in Financial Services. 

 

Lire plus avant le bulletin du Rameau de décembre 2019 page 41 :

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