Les PME exportatrices manqueraient de financement pour exporter; différentes modalités de financement leur sont proposées.

Ce rapport très complet fournit tout un nombre de propositions. La recension que j’en ai faite vise seulement à engager ceux qui sont intéressés par ce sujet, de prendre le temps de le consulter.

 

Un rapport est très complet sur les modalités de financement de l’export et sur les propositions d’amélioration.

 

Les exportations françaises de biens ont atteint 473 Mds€ en 2017 (celles de services ont atteint 221 Mds€). Ces exportations sont le fait d’environ 125 000 entreprises. L’essentiel des exportations n’est cependant dû qu’à une petite fraction de ces entreprises, globalement, les plus grosses : les grandes entreprises représentent 0,4% des exportateurs, mais 52% des exportations et les ETI 4,3% des exportateurs mais 35% des exportations, alors que les PME sont 95% des entreprises exportatrices mais 13% seulement des exportations (63 Mds€).

 

Pour une entreprise (potentiellement) exportatrice, la question du financement constitue un enjeu majeur. Les dépenses concernées à financer sont essentiellement immatérielles et posent certaines difficultés pour la recherche de financements externes.

 

Les coûts spécifiques aux exportations sont : coût de prospection, coût d’adaptation des produits existants (études de marché, R&D, adaptation aux normes techniques, sanitaires ou environnementales), coût lié aux délais clients et à la sécurisation des transactions, coûts propres à des contrats relativement lourds dont l’exécution demande du temps, coût lié à la couverture de change, coût lié à une implantation locale

 

Trois modes de transactions principaux peuvent être envisagés pour la relation existant entre l’exportateur et son client étranger en matière de cadre de financement de la transaction :

cash-in-advance : paiement en amont de la livraison. Il s’agit du mode de paiement le plus sécurisant pour l’exportateur. Cette forme ne peut être envisagée que si l’exportateur est suffisamment en position de force et « pricemaker » pour pouvoir l’imposer à son client. En revanche, cette voie peut fermer certains marchés, des clients n’étant pas prêts, pour diverses raisons, à accepter un paiement en amont.

– l’« open account » : paiement après livraison, de loin le plus répandu. Il implique un délai de paiement, relativement long, et un niveau de confiance de l’exportateur envers son acheteur.

– les « contrats intermédiés » : ils se distinguent de l’open account en ce sens qu’il existe des intermédiaires financiers, les banques de l’exportateur et de l’acheteur, gérant la relation financière entre l’exportateur et l’acheteur. L’exportateur est alors certain d’être payé, si certaines conditions sont remplies (conformité des marchandises livrées avec ce qui a été facturé) et ce, au plus tard, au moment de la livraison finale. Les crédits documentaires, lettres de crédit et autres remises documentaires encadrent ces types de contrat. Ces contrats ont l’avantage de présenter une très grande sécurité pour l’exportateur, mais il doit patienter avant de recevoir le règlement, sauf à escompter les garanties qui lui sont apportées.

 

Une enquête réalisée à grande échelle, diligentée en 2015 par la Commission européenne , sur le thème de leur internationalisation auprès de 15 000 PME a montré un net décalage entre la France et l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.

Les principaux résultats portent sur les PME non exportatrices et les raisons qui les freinent pour entrer dans une démarche d’exportation. 

 

Douze barrières sont passées en revue. La position des PME françaises est toujours la plus défavorable comparée à celle des 5 autres pays. Les barrières pour lesquelles l’écart défavorable français est le plus fort sont :

-les procédures administratives jugées trop compliquées,

-le manque de personnels spécialisés à l’export,

-la maîtrise des langues étrangères,

-le niveau de dépenses à avancer pour exporter, trop élevé : coût des litiges possibles avec les partenaires étrangers, coûts de livraison, mais aussi méconnaissance des règles à suivre

-Les autres barrières sont, en revanche, relativement moins fortes : difficulté d’identifier des partenaires étrangers, complexité et coût de la taxation à l’étranger, difficulté de trouver des informations sur les marchés à prospecter et fait que les produits concernés seraient trop spécifiques au marché français pour être exportés.

 

Pour les PME françaises et par rapport aux autres pays européens comparés, « ce qui manque le plus » pour les aider à exporter sont les points suivants :

-davantage d’appui pour trouver des partenaires étrangers,

-des aides, subventions et prêts à taux réduits, des incitations fiscales

-et des informations sur les cadres réglementaires.

-En revanche, les conseils et formations, les informations sur les opportunités des marchés ou les opportunités de participer à des salons à l’étranger sont également des axes à renforcer, mais, sur ces axes, les réponses françaises sont proches de celles des autres pays;

 

Un état des lieux de l’offre du financement de l’exportation :

 

⇒ Les produits portant sur la prospection et la préparation des opérations d’exportation

 Les prêts sans garantie :  les banques peuvent alors chercher une garantie extérieure, en particulier celles proposées par Bpifrance ou par des organismes de cautionnement mutuel, comme la SIAGI ou la SOCAMA. Concernant Bpifrance, Il s’agit des prêts « croissance internationale » (PCI), qui ont représenté 614 M€ de production en 2017.

 L’assurance-prospection :  12 000 PME sont concernées à ce jour, pour un encours global d’environ 2 Mds€; les nouveaux flux (y compris les renouvellements) sont de l’ordre de 200 M€ en moyenne annuelle au cours de l’actuelle décennie, soit un peu plus de 2 500 entreprises bénéficiaires chaque année. Globalement, cette mesure a été décrite de manière très positive par les différents membres de l’Observatoire.

 Les actions pour soutenir la participation aux salons : Business France  peut apporter son expertise.

 Les subventions régionales :  ces aides portent sur la partie préparation de la stratégie d’exportation, la prospection, dans le cadre de dispositifs d’accompagnement individuels ou collectifs ou encore sur le recours à des ressources humaines (VIE, recrutement de cadres export …).

 

⇒ A court terme : 

 Les crédits documentaires (CREDOC) : les LC (en anglais pour Letter of Credit) constituent un outil essentiel pour sécuriser les transactions commerciales internationales; Il s’agit d’un mode de paiement intermédié, c’est-à-dire avec des acteurs qui se placent entre l’exportateur et l’importateur pour gérer la question du financement de l’opération.  Cette forme de paiement représente moins de 20% des transactions liées au commerce international.

 L’affacturage international : 76 Mds€ de créances achetées en 2017, dont 21 Mds pour l’exportation (dans ce cas, le factor en France peut être en relation avec un factor à l’étranger), 4 Mds€ pour l’importation (l’acheteur peut se situer en France comme à l’étranger) et 52 Mds€ pour des opérations réalisées en direct avec des clients situés à l’étranger et sans passer par un factor. En France, l’affacturage international, y compris l’affacturage à l’exportation, croît plus rapidement que l’affacturage domestique (+11%, contre +8% en 2017); cette part à l’international était de l’ordre de 15% il y a 10 ans et elle est aujourd’hui de près de 30%.

 La mobilisation de créances nées à l’étranger (MCNE) :  la MCNE est un mode de financement qui reprend les principes de la « Dailly ». Elle n’est accordée qu’à un exportateur qui accorde un délai de paiement de 18 mois maximum à ses clients étrangers.

 L’assurance-crédit : contre les risques d’impayés, domestiques ou internationaux, l’assurance-crédit protège l’entreprise, à travers trois types de services : la prévention du risque clients, le recouvrement des impayés, l’indemnisation des créances non recouvrées.

 La couverture de change : cette couverture peut s’effectuer de manière directe, en utilisant un produit spécifique de couverture, ou bien de manière plus indirecte, en lien avec l’utilisation d’un autre produit, par exemple, l’affacturage, un CREDOC. 

 

⇒ Moyen et long termes

♦ Préfinancements :  les établissements de crédit peuvent octroyer des préfinancements aux entreprises en s’appuyant sur la garantie publique, proposée par Bpifrance Assurance Export (Bpifrance AE), spécifique en matière de préfinancements.  250 garanties pour des préfinancements ont été agréées en 2017, contre 212 en 2016 (+18%).

♦ Les cautions ou garanties de marché : 500 M€ de garanties des cautions sont distribuées annuellement par Bpifrance. En 2017, 309 garanties ont été accordées, après 280 en 2016 (+10%)

♦ Les crédits exports pour les opérations les plus significatives :  portant généralement sur des biens d’équipement industriels, dont l’exécution et les délais de paiement excèdent 2 ans.

Garanties/assurances-crédit de Bpifrance AE : 19 Mds€, soit +13% par rapport à 2016 et ce, pour 199 contrats de garanties acceptés, contre 151 en 2016.

La SFIL : le cœur de métier était le financement des collectivités locales; un outil relativement complémentaire à l’action de Bpifrance AE, notamment, pour des très gros contrats.  Sur 2016 et 2017, 6 opérations ont été soutenues par la SFIL, à hauteur de 3,3 Mds€, pour un besoin de financement total de 6 Mds€, le solde étant apporté par les banques commerciales.

 ♦ Les crédits exports directement délivrés par Bpifrance :  des objectifs ont été fixés pour couvrir environ 40 opérations par an pour un montant cumulé de 500 M€, contre 16 à 18 opérations actuellement.

♦ Les produits liés au financement de l’implantation de filiales