Santé des dirigeants : un équilibre à trouver, mais un atout avec la dynamique entrepreneuriale


"La forme physique et mentale du dirigeant d’entreprise, Vague 3", Fondation MMA entrepreneurs, Opinion Way, avril 2017

Méthodologie ; Enquête réalisée par téléphone auprès d’un échantillon de 1504 dirigeants d’entreprises, représentatif des entreprises françaises de moins de 50 salariés entre le 7 février et le 13 mars 2017.  

Une difficulté : la comparaison 2017 avec 2016 et celle des 6 profils entre eux avec des écarts souvent peu importants alors que l’on ne connait pas le nombre de répondants par profil et par ailleurs les intervalles de confiance (souvent de 2 à 5% en plus ou en moins, limitant la fiabilité de la comparaison). C’est pourquoi l’analyse que je produis s’en tiendra largement aux résultats 2017 et aux résultats globaux, prennent en compte l’un ou l’autre profil quand les écarts sont réellement signifiants; ces écarts sont globalement le fait de la diversité de leur situation (plus physique pour les agriculteurs et les artisans, plus protégés pour le médical, plus comportementale pour les managers de PME et les hommes réseau…)

Répondants : 58% d’hommes; 20% ont moins de 40 ans, 26% de 40 à 49 ans, 24% de 50 à 55 ans et 30% 56 ans et plus. 55% sont des non salariés; en termes de fonction, 35% sont DG ou PdG, 41% responsable de l’activité, 20% cogérant, coresponsable ou associé; 36% ont une activité essentiellement physique, 31% à égalité de bureau et physique et 33% de bureau. 

Les entreprises : 38% sans salarié, 49% de 1 à 5 salariés, 7% de 6 à 9 salariés et 6% au-delà; en termes des 6 profils MMA : 23% hommes réseau, 19% petits commerçants,17% petits artisans, 15% agriculteurs, 15% managers de PME, 11% médical.  

 

Un état de santé générale stable 82% des dirigeants déclarent un niveau de santé équivalent à celui de 2016, bon pour 75% (dont très bon pour 28%), mais moins favorable chez les agriculteurs (64% dont très bon 18) et les artisans (70 et 21%), dans des activités plus physiques.   Létat de santé est avant tout lié selon eux à leur forme physique (selon 90%), à l’équilibre prof/perso (89%, mais 77 chez les agriculteurs et 93% chez les hommes réseau),à leur moral. (87%) et à la santé de l’entreprise (70%, mais 61% chez les hommes réseau)  

 

57% ont eu à connaitre le mal de dos, 48% des douleurs articulaires, et dans des proportions plus modestes : 27% des migraines, 22% des troubles oculaires, 21% des douleurs intestinales, 20% des troubles gastriques et 14% des troubles auditifs.

Ces troubles physiques sont le fait de mauvaises postures pour 53% (agriculteur 64% vs homme réseau 44), à leur situation dans l’entreprise (manque de temps pour réaliser toutes les tâches, 47%, mais aussi à leur isolement 27%, 34 pour les agriculteurs), et à l’activité conjoncturelle de l’entreprise (incertitude de l’activité 36% et 45 pour les agriculteurs), mais aussi aux problèmes financiers (27%, 36 pour les agriculteurs).  

 

A cela s’ajoutent des affections psychiques : 51% ont ressenti des baisses de moral au cours des 12 derniers mois, 49% de l’anxiété, 45% des baisses d’humeur, 44% des troubles du sommeil, 40% des fatigues inhabituelles; dans une moindre mesure, 27% ont vécu un sentiment de déprime (et 13% un épisode dépressif), 25% un sentiment d’isolement, 22% des troubles de l’attention.  

 

En définitive, 26% estiment que l’état de leur santé s’est détérioré au regard des 5 dernières années (35% pour les agriculteurs). Le stress en est la cause principale (58%), bien avant le manque de temps de décompression (17%), la survenue d’une maladie (14%) ou le manque d’activité physique (12%). 55% estiment que leurs journées sont stressantes (dont très 12%) et 16% pas du tout stressantes (20% pour les petits commerçants).

 

La situation économique de l’entreprise est la 1ére raison : manque de trésorerie (59% dont très 23), les incertitudes sur l’activité de l’entreprise; vient ensuite la surcharge de travail (56% dont très 15) et ce qui concerne la gestion du personnel : difficultés à licencier (36% dont très 16), les difficultés relationnelles avec certains salariés (29% dont très 8), l’organisation des temps de travail (25% dont très 6), la crainte des prud’hommes (22% dont très 8), nettement moins la gestion des fournisseurs (22% dont très 4).

En résumé, le stress est perçu comme nuisible à la santé par 72%, mais positif et stimulant par 49%.  

 

La santé demeure un élément crucial pour la réussite de l’entreprise Si les arrêts de travail concernent moins de dirigeants qu’en 2016 (8% vs 11), leur impact s’est toutefois avéré bien plus important (47% ; +10 points sur l’année). Ainsi, sur l’année écoulée, un quart des dirigeants estiment que leur santé a eu un impact négatif sur l’activité de leur entreprise, notamment chez les artisans; toutefois, seuls 28% (dont 11% très) jugent qu’en 2016 leur santé a eu un impact négatif sur la performance de leur entreprise; les agriculteurs et les artisans sont les plus affectés (35%) et les hommes réseau les moins concernés (22%).

Néanmoins, 89% sont optimistes quant à leur santé pour les 3 prochaine années; une réponse qui va de pair avec leur optimisme quant à l’activité de leur entreprise (82%), à la situation financière de leur foyer (84%), à leur vie personnelle (92%). Là encore les agriculteurs sont les moins optimistes pour l’ensemble des items.  

 

Quelles solutions pour accompagner les dirigeants dans leur quête d’une meilleure santé ?

Une large majorité de dirigeants estiment avoir une bonne hygiène de vie au quotidien (88% dont très 39): avec notamment des moments de détente en famille (87%), un sommeil suffisant (78%) et une alimentation saine et variée (87%); noter que 39% parlent d’un suivi régulier par leur médecin (48% pour les agriculteurs).

En revanche, la place accordée aux activités physiques et mentales est plus modeste (66%) et plus encore la place accordée à une pratique régulière d’une activité mentale (yoga, mots croisés…43%), que les agriculteurs et les artisans pratiquent moins, alors que les professionnels du médical sont ceux qui ont les meilleures pratiques.

La moitié (dont très 19) disent la difficulté à concilier vie professionnelle et vie personnelle (là encore les agriculteurs avec 59%, alors que les petits commerçants sont 44% et le médical 45%).  

 

Ceci étant la pratique de la fonction de dirigeant, resituée dans une recherche d’équilibre, s’avère jouer un rôle important dans leur épanouissement personnel : 89% citent l’intérêt du métier, 88% la liberté d’organiser temps de travail et temps libre, 76% le pouvoir de décision, 75% les projets pour leur entreprise, 53% le management des personnes; et repositionnée dans une recherche d’équilibre : 75% la pratique d’un loisir, 75% la pratique d’une activité physique, 39% la pratique d’une activité de relaxation.  

 

Mais beaucoup souhaiteraient une pratique plus intensive de ce qui contribuerait plus encore à leur équilibre : plus d’activité physique mais 2 obstacles, le manque de temps (62% dont très 32) et savoir quels types d’exercices simples choisir pour se maintenir en forme (49% dont très 17); la pratique d’une activité mentale se heurte aussi au manque de temps (46% dont très 20), alors que 37% (dont très 15) aimeraient s’y adonner; enfin 44% (dont très 19%) disent la difficulté de s’alimenter correctement lorsque la charge de travail est importante. 1/3 (dont très 10) ressentent le besoin d’être aidé pour gérer leur stress; 19% (dont très 5) jugent utile l’accompagnement par un coach. 1/3 disent être intéressés par des solutions digitales pour améliorer leur santé : entre 30 et 34% pour des exercices de relaxation, gérer son alimentation, des exercices physiques, gérer son temps, améliorer son sommeil, et 25% pour disposer d’un coach à distance.