MÉTHODOLOGIE : Sur la base du fichier consulaire francilien mis à jour en cours du premier semestre 2016, le Crocis a procédé en novembre 2017 à une estimation fine du nombre d’entreprises dont le dirigeant est âgé de 55 ans ou plus, via le fichier consulaire de la CCI Paris Ile-de-France. Ces chiffres ont ensuite été redressés par code d’activité grâce aux données présentes dans le fichier Sirene de l’Insee. Les activités non commerciales telles les associations, l’administration, ont été exclues du dénombrement.
Si ces données concernent l’Ile de France, les tendances observées sont aussi celles observées en France.Du fait du peu de travaux sur la reprise, j’ai pensé utile de valoriser ce travail, qui plus est conduit dans la durée.
32% des entreprises franciliennes sont dirigées par un chef d’entreprise âgé de 55 ans ou plus, soit 278 900 entreprises de moins de 50 salariés ; 67% n’ont aucun salarié, 26 % de 1 à 9 salariés, 5% entre 10 et 49 salariés, soit actuellement 58 800 salariés employés dans ces entreprises, ainsi que 186 000 entrepreneurs indépendants sans salarié (dont des autoentrepreneurs).
Plus les dirigeants avancent en âge, plus le % de 55 ans et plus augmente : 30% n’ont pas de salarié, 35% de 1 à 9 et 39% de 10 à 49 salariés.
Les dirigeants de plus de 55 ans des services sont plus nombreux dans la tranche des 0 salarié (71% vs 60-62 pour les autres activités), alors que ceux de l’industrie sont plus nombreux dans la tranche des 10 à 49 salariés (12% vs 5 à 6 pour les autres activités).
Par ailleurs, le secteur de la construction fait exception en ce qui concerne le flux de dirigeants de plus de 55 ans : 22% vs 32 à 36 pour les autres secteurs et ce quelque soit la taille de l’entreprise.
Les emplois menacés sont chiffrés au nombre de 58 800 à comparer aux 587 600 emplois dans les entreprises de moins de 50 salariés soit 10% des emplois sont menacés de disparition.
Ceci étant, les entreprises dont le dirigeant décidera de cesser son activité ne seront pas toutes concernées par la transmission : certaines disparaîtront sans chercher de repreneur (notamment les entreprises sans salarié alors que d’autres seront reprises par un membre de la famille ou un employé).
Pour les moyennes et grandes entreprises (3 960 entreprises franciliennes de 50 salariés ou plus), la problématique de la transmission est différente; il paraît peu probable que de telles entreprises disparaissent faute de repreneurs.
Rappelons qu’environ 60% des transmissions d’entreprises se font sur le « marché caché », celui sur lequel cédants et repreneurs se rencontrent sans que l’information selon laquelle l’entreprise est à céder, soit rendue publique (transmissions familiales, reprise par un salarié, transmissions pour lesquelles les deux parties se sont rencontrées via un réseau ou un contact commun).
Rappelons enfin qu’il existe globalement plus de repreneurs que de cédants, et que la plupart des repreneurs cherchent le même profil d’entreprises (une entreprise de services en bonne santé, avec un chiffre d’affaires important et dont l’activité constitue une niche), alors que les entreprises à reprendre sont en flux des structures beaucoup plus modestes, exerçant dans des secteurs d’activité différents de ceux souhaités par les repreneurs.