Une situation stable des défaillances en France entre 2011 et 2014, en régression en Allemagne et en Espagne, et en forte hausse en Italie, à tempérer du fait de législations fort différentes


« L’entreprise en difficulté en France dans l'antichambre de la reprise », Deloitte-Altares, mars 2015

Je ne reprends ici que les comparaisons France et 3 pays d’Europe, les autres données publiées l’ayant déjà été dans ma note mensuelle de janvier 2015 en détaillant les données Altares

 

2011

2012

2013

2014

Evol 2014/2013

Evol 2014/moy2011-2013

France

60 437

62 059

63 101

62 586

-0,8

+1,2

Allemagne

30 000

28 300

26 000

24 000

-7,7

-14,6

Italie

10 300

11 000

12 800

15 000

+17,2

+32,0

Espagne

5 600

7 500

8 900

6 600

-25,8

-10,0

 

Alors qu’en France, une défaillance d’entreprise correspond d’un point de vue légal à un état de cessation des paiements (redressement ou liquidation judiciaire) ou pré-cessation des paiements (ouverture d’une procédure de sauvegarde), la situation en Allemagne, en Espagne ou en Italie diffère de manière plus ou moins importante.

• En Allemagne, les causes d’ouverture d’une procédure collective sont le surendettement ou l’imminente incapacité de payer avec un aspect préventif renforcé.

• En Espagne, la défaillance correspond à une insolvabilité (volontaire ou nécessaire) ; dans les faits, 97% des défaillances sont nécessaires.

 

Au-delà des législations et procédures en vigueur, un certain nombre de tendances structurelles explique l’évolution disparate du nombre des défaillances dans les différents pays européens :

• la conjoncture macro-économique au sein de chaque pays : l’âpreté de la crise dans le sud de l’Europe peut expliquer la tendance haussière observée en Italie, en Espagne et, dans une moindre mesure, en France ;

• la rentabilité et la bonne santé des entreprises : alors que la France affiche le taux de marge le plus faible, la rentabilité élevée des entreprises allemandes leur permet d’afficher deux fois moins de défaillances qu’en France ;

• le degré d’internationalisation des entreprises qui permet de compenser la faiblesse de la demande intérieure, comme c’est le cas en Allemagne, en Italie et en Espagne ;

• l’influence de certains secteurs d’activité dans le tissu local : le poids de la construction en Espagne a été prépondérant dans le nombre des défaillances.

• le poids de la consommation des ménages et ses perspectives ainsi que la confiance des principaux agents économiques peuvent expliquer le degré de défaillances, comme c’est le cas en France dont les débouchés des PME sont étroitement liés à la consommation intérieure ;

• la stabilité des sources de financement, y compris en période de turbulence financière, et la robustesse du système bancaire observée en Allemagne peuvent également expliquer les moindres défaillances.