TPE et innovation : une étude franco-britannique pour explorer cette question


« Nouvelle donne pour l’innovation, l’innovation dans les petites entreprises, processus et outils » INDI innovation, étude 2012-2013, non daté, lu août 2013

 Avec la participation pour la France des CRMA Basse-Normandie et Nord-Pas-de-Calais et de l’IFRAM, et pour l’Angleterre l’université de Greenwich, Medway Council, et BSK-CIC

 

 « Notre objectif était de compléter une étude plus générale de l’innovation dans les TPE/PME en mettant l’accent sur les formes cachées de l’innovation et en recherchant des méthodes d’évaluation de la performance en matière d’innovation ». De fait,  les théories de l’innovation sont généralement élaborées à partir d’études portant sur de plus grandes entreprises, possédant des avantages en termes de matériel et de ressources disponibles, tandis que les petites entreprises ont un avantage en termes de comportements.

Par ailleurs, on constate que les PME améliorent la compétitivité par l’innovation progressive plutôt que par la R&D proprement dit ; leur force réside dans les ressources et les capacités telles que la créativité, la flexibilité et la proximité avec les clients.

De plus, l’innovation y est davantage axée sur les services que sur la technologie ; c’est que les petites entreprises ont souvent une meilleure connaissance des clients, connaissance qu’elles ne savent pas toujours exploiter.

C’est pourquoi, l’indicateur R&D, mal cerné et insatisfaisant pour les TPE, peut être remplacé par l’investissement dans le personnel et leurs compétences.

 

Quatre types de TPE face à l’innovation selon les auteurs de l’étude:

 

1er type, « l’activité routinière » : la combinaison d’un faible niveau de conception et d’innovation correspond au type d’ « innovation » artisanale le plus représentatif ; il utilise le savoir-faire interne et se fonde sur l’expérimentation et les erreurs ; il mène à un apprentissage et à une innovation progressive par le biais d’une amélioration continue.

 

Le second type, « l’innovation importée » est caractérisé par un faible niveau de conception et une innovation élevée ;  les connaissances sont transférées à l’entreprise à la suite de changements technologiques, avec le risque que l’entreprise devienne dépendante de son fournisseur. La capacité d’absorption de l’entreprise influe sur la réussite de ce type d’innovation.

 

Le troisième type, «  l’innovation sur mesure », est caractérisé par un niveau de conception élevé mais un niveau d’innovation faible. Il repose sur la proximité de l’artisan avec les clients et sur sa faculté d’adaptation ; inconvénient, il a un impact limité sur le marché car il se focalise sur les problèmes d’un client en particulier.

 

Le quatrième type, « la conception innovante », associe un degré de conception élevé de la part de l’entreprise à un impact élevé sur le marché ; ce type d’innovation repose souvent sur des compétences complémentaires obtenues par le biais de partenariats.

 

Les différents modèles d’innovation peuvent coexister au sein d’une même entreprise artisanale. Ce classement montre aussi que l’innovation provient souvent de l’extérieur de l’entreprise.

 

Par ailleurs, le concept de capacité d’absorption  est fondamental pour comprendre la manière dont les entreprises peuvent s’approprier les avantages des innovations générées et développées en dehors des limites de l’entreprise ; c’est un facteur déterminant de la capacité d’une entreprise à accéder aux connaissances externes et à en tirer profit ; il est donc essentiel de former et savoir recruter pour le développer ; des intermédiaires technologiques peuvent aider les entreprises à développer leur capacité d’absorption ; le travail en réseau est un autre élément majeur.

 

Les formes de collaboration les plus courantes étaient des alliances stratégiques entre des entreprises plus grandes qui avaient des liens d’externalisation avec d’autres PME ; ces dernières ont tendance à utiliser les alliances pour combler l’écart entre leurs compétences et celles du leader du marché, surtout pour accéder au circuit de distribution,  plutôt que lors des premières étapes du processus d’innovation.

 

Plus largement, l’innovation collaborative réduit la durée et les coûts de l’innovation mais l’utilisation de ressources externes peut générer des coûts de transaction et entraîner de nouveaux risques. Par extension, on peut parler d’innovation ouverte ; celle-ci n’est possible que lorsque les partenaires externes sont activement impliqués dans l’analyse nécessaire à la commercialisation.

Les « espaces » que sont les pôles industriels, les clusters sont particulièrement adaptés à ce type de collaboration, d’autant qu’on y trouve aussi des structures de soutien dont des universités et des instituts de formation ; on y trouve des opportunités d’innovation et d’apprentissage accrues ainsi qu’une meilleure flexibilité des systèmes de production et de distribution.

L’efficacité collective est le résultat d’actions communes (telles que l’approvisionnement commun et la commercialisation commune) et d’externalités (disponibilité de la main d’œuvre et flux d’informations), mais ces actions ne sont efficaces que lorsque des externalités existent.

 

Dans une enquête réalisée en 2008, l’Institut Supérieur des Métiers a analysé l’innovation dans les entreprises artisanales dans 10 régions ; cette enquête a permis d’identifier les indicateurs d’innovation suivants dans les « petites entreprises artisanales » :

– Un indicateur concernant les niveaux de développement de l’entreprise et la position de l’innovation dans celle-ci.

– Un indicateur relatif à la gestion et à la prévention des risques.

– Un indicateur concernant la gestion et l’organisation, y compris la collaboration avec les acteurs externes.

– Un indicateur se rapportant à l’adoption des TIC.

– Un indicateur concernant la gestion des relations commerciales.

– Un indicateur concernant la gestion de l’information et l’accès aux données commerciales.

– Un indicateur permettant de déterminer dans quelle mesure l’environnement économique est favorable à l’innovation : le marché, la région et le secteur sont tous pris en compte.

– Un indicateur concernant l’ouverture à l’influence externe et à l’orientation vers l’avenir.

 

Quelques exemples d’aide à l’innovation pour les TPE/PME dans d’autres pays :

 

*USA : les agences gouvernementales peuvent modifier les réglementations concernant les petites entreprises, ces dernières ayant plus de difficultés à s’y conformer.

 

*Union européenne : le réseau européen des IRC (Centres relais innovation), créé en 1995 dans le but de promouvoir le transfert technologique transnational, leur cible principale étant les PME basées sur les technologies ; Ils sont administrés par des organisations régionales.

 

*Norvège : 2 programmes parmi d’autres

– TEFT (diffusion technologique entre instituts de recherche et PME) ; c’est un instrument de courtage et de conseils pour l’innovation.

– RUSH, puis REGINN (collaboration entre établissements publics et entreprises locales) ; ce programme visait les systèmes d’innovation régionaux

Les personnes chargées du programme TEFT endossaient, tout à la fois, les rôles d’analystes, de courtiers et de médiateurs.

Une évaluation de ces outils a démontré que les PME plus traditionnelles réussissaient à innover sans avoir recours à la R&D.

 

*Espagne : Madrid possède les systèmes d’innovation les plus complets avec une myriade d’organisations qui font office de médiateurs technologiques (universités, centres de recherche, associations d’entreprises et leurs services d’innovation, parcs scientifiques et technologiques et TDC) ; les TDC créent un réseau de bureaux de petite taille qui aident les PME à satisfaire leurs besoins d’innovation en jouant un rôle de diagnostic (faiblesses et besoins des PME) et de médiateur en créant le lien entre les organisations et de potentiels collaborateurs.

 

*France :

– Les agences d’innovation régionales organisent des partenariats d’innovation régionaux, défendent une conception élargie de l’innovation et améliorent la cohérence des mesures d’aide aux entreprises ; elles mettent en contact des acteurs du secteur public qui peuvent contribuer à repérer et soutenir des entreprises innovantes. Leur rôle est celui de créateur de réseau et de médiateur, plus que celui de développeur d’innovation

– Les Pôles d’innovation de l’artisanat sont des centres de ressources qui proposent des solutions dans des domaines de connaissances/techniques spécifiques et soutiennent les petites entreprises dans leurs projetsd’innovation et technologiques. Ils proposent des outils de diagnostic, de formation, et contribuent à l’évaluation de nouvelles technologies.

* Royaume-Uni : les initiatives y sont en nombre pléthorique

Le détachement de 10 000 étudiants auprès de TPE (programme Graduate Talent Pool en partenariat avec la Fédération des petites entreprises), pour faciliter notamment le développement des capacités d’absorption.

 

La nécessité d’intermédiaire pour les TPE (consultants, organismes publics et privés)

Leur rôle consiste à orienter la TPE vers des sources de soutien, à établir le diagnostic des besoins de développement de l’entreprise, à être médiateur. Ces appuis sont nécessaires compte tenu de la complexité des structures d’aide aux entreprises, d’autant que ces entreprises ont généralement tendance à ne demander conseil que lorsqu’elles sont confrontées à un problème spécifique au lieu d’adopter une démarche proactive.

Une segmentation des entreprises doit être mises en œuvre pour répondre aux besoins catégorisés des entreprises plutôt que sur des facteurs tels la classification par taille ou par secteur.