Les créateurs ayant cessé, observés un an après la cessation : 49% sont salariés, 18% chefs d’entreprise, et 17% chômeurs ; 76% jugent leur situation professionnelle actuelle meilleure ou aussi bonne qu’avant la création de leur entreprise ; prés des 2/3 des créateurs ont toujours la perspective de créer à nouveau une entreprise


« Evaluation des dispositifs de l’Etat en faveur de la création d’entreprise », Cour des Comptes,février 2013

Un sondage par téléphone, auprès de 800 personnes ayant créé une entreprise entre 2006 et 2009 et dont l’entreprise a désormais disparu

 

 

Trois résultats de l’enquête sont particulièrement intéressants : le repositionnement professionnel rapide après la cessation, le fait de juger positivement leur expérience de créateur (au point que les 2/3 s’inscrivent toujours dans la mouvance de la création), la lucidité sur ce qu’il faut mettre en œuvre pour réussir.

 

Quelques traits de profil de ceux qui ont cessé:

 

Ces créateurs sont avant tout d’anciens salariés, dont une forte minorité de chômeurs, et peu d’ex inactifs ; la moitié ont exercé dans le même secteur d’activité qu’en tant que salarié ; peu avaient déjà une expérience de chef d’entreprise.

 

Un an après la cessation, 49% sont salariés, 18% chefs d’entreprise, et 17% chômeurs (ils étaient plus souvent sans activité avant la création de l’entreprise) et 12% inactifs (dont retraités).

 

Dés la cessation, 53% ont recherché un emploi salarié, 12% repris un emploi salarié (que 8% avaient d’ailleurs mené en parallèle avec leur activité de chef d’entreprise) ; 12% ont crée une nouvelle entreprise ; les autres (17%) en ont profité, soit pour partir en retraite, soit pour se former, soit pour prendre un congé sabbatique.

Parmi ceux qui ont recherché un emploi (les 53% évoqués ci-dessus), 87% ont trouvé dans l’année ; Les 2/3 ont trouvé un emploi salarié dans les 4 mois de la cessation alors que 18% ont mis plus de 6 mois (dont 8% plus d’un an). 53% sont en CDI, 20% en CDD et 14% en intérim.

 

Ceux qui sont en activité au moment de l’enquête ont pour moitié conservé le même secteur d’activité (notamment ceux qui ont crée à nouveau, ou ceux qui avaient crée dans le même secteur d’activité que celui où ils travaillaient) ; par contre ont changé de secteur d’activité, ceux qui ont crée dans le commerce ou ont crée dans un secteur différent de celui de leur expérience professionnelle (la mobilité appelle la mobilité).

 

Comment jugent-ils leur expérience de créateur d’entreprise ?

 

• 76% jugent leur situation professionnelle actuelle meilleure ou aussi bonne qu’avant la création de leur entreprise ; presque la moitié des répondants (45%) trouvent leur situation plus favorable que celle connue avant la création (notamment les moins de 30 ans, ceux qui ont crée une nouvelle entreprise, les bac +2 et au-delà) ; par contre, 24% jugent leur situation moins bonne (notamment les ex créateurs employeurs, ceux qui ont une formation inférieure au bac).

 

• La moitié des créateurs affirment que leur expérience de chef d’entreprise est facilement valorisable auprès des employeurs (ce sont davantage les moins de 30 ans, et ceux qui ont crée en société, alors que les femmes, les créateurs sans activité avant la création ou ceux ayant investi très peu de capitaux, sont beaucoup plus dubitatifs).

Ceux qui croient peu en leur expérience valorisante de créateur, mettent d’abord en avant les questions de secteur d’activité, de métiers différents (35%), ou le fait que l’expérience peut être perçue comme un échec (18%), voire le fait que les employeurs n’apprécient pas d’engager d’ex indépendants (7%), ou n’en tiennent pas compte (8%).

 

Prés des 2/3 des créateurs ayant cessé ont toujours la perspective de créer à nouveau une entreprise (ce sont plus souvent des bac+2, des hommes, des habitants d’Ile de France, des ex créateurs en société) : d’ailleurs 12% l’ont fait, 11% s’y préparent dont la moitié dans les 12 mois à venir et 40% l’envisagent comme une possibilité. 36% y sont opposés (on y trouve davantage de femmes, de plus de 50 ans).

 

• Pour 88% de ceux qui ont crée à nouveau, le fait de leur cessation n’a pas été un frein pour trouver des financements ou des aides.

Les ¾ (dont 32% tout à fait) ont considéré bénéfique leur expérience de créateur d’entreprise : ce sont davantage ceux qui ont crée à nouveau, qui ont mobilisé du capital (au moins 4 000€), ceux qui ont crée une société, ceux qui sont de niveau bac+2, et ceux qui ont fait appel à des appuis ; les 24% qui ne sont pas satisfaits sont aussi les moins diplômés, ceux qui ont peu investi ou ont crée en entreprise individuelle.

 

Une expérience bénéfique tant sur le plan de son accomplissement que sur sa professionnalisation :

Un enrichissement personnel : développement de soi (22%, c’est-à-dire plus grande autonomie, confiance en soi, découverte de soi, sens des responsabilités, prise d’initiative, remise en cause, enrichissement des rapports humains) mais aussi savoir-faire supplémentaire, réalisation de projet, faire ce que l’on aime faire

– Une professionnalisation : dans le champ de la gestion d’entreprise (faire fonctionner une société, gestion commerciale, financière et du personnel), et la connaissance de métiers nouveaux, d’un monde différent où l’on perfectionne ses acquis

Une appréhension de qu’est un entrepreneur : l’expérience de l’entrepreneur, le fonctionnement de l’entreprise et ses contraintes

 

Ce qu’il faut mettre en œuvre pour réussir :

 

Tout d’abord, quelles sont les principales raisons de cessation de leur activité ? 3 ensembles de causes peuvent être regroupées :

des causes sans rapport avec la conduite de l’activité elle-même, « la faute à » (plus facile à mettre en avant que de reconnaitre ce en quoi le dirigeant n’a pas été à la hauteur) : les difficultés de financement (23%), le manque de soutien (17%), les charges trop lourdes (15%), la crise (4%)…

• Des causes sans rapport avec la conduite de l’activité elle-même telles le choix du retour au salariat (23%), le fait de problèmes personnels (21%), le fait de créer une nouvelle entreprise, de vendre ou de changer de structure juridique (14%), la durée limitée de l’activité (10)

• La non atteinte des objectifs initiaux en termes de chiffre d’affaires ou de viabilité (50%), qui est en fait le plus souvent la cause principale, et les erreurs stratégiques (11%) 

 

Une grande lucidité exprimée à propos de ce qu’ils feraient différemment, ou ont fait différemment pour ceux qui ont à nouveau crée (et qui concerne l’ensemble des répondants, en posant une question ouverte) :

– La stratégie et la gestion commerciale (prospection plus efficace, amélioration de la gestion clientèle) 18%

Une gestion financière différente (commencer avec plus de moyens, optimiser les charges, prêter attention aux chiffres) 17%

– Plus d’accompagnement et de suivi professionnel 15%

-Une meilleure gestion des ressources humaines et du partage des responsabilités avec des associés 15%

– Une meilleure préparation en amont du projet (intégrant l’étude de marché) 14%

Le choix d’un statut mieux adapté 11%