Les entreprises sans salarié de la réparation et vente de véhicules d’occasion en situation plus que difficile pour la moitié d’entre elles.


« Les entreprises sans salarié du Commerce et de la Réparation Automobile », lettre de l’observatoire de l’ANFA N°54, juin 2013

 L’Observatoire de l’ANFA, l’ESSCA, le Laureps (Université de Rennes 2), et le Gerpisa (ENS Cachan) ont répondu à un appel d’offres du Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Énergie, sur le thème de la Transition vers une Économie Écologique. L’objet était d’étudier la capacité des acteurs du commerce et de la réparation automobile à muter vers d’autres prestations de service en lien avec la problématique de la mobilité durable. L’apport de l’Observatoire de l’ANFA dans ce projet a été d’étudier une population méconnue, qui pourtant semble répondre à une réelle demande économique des ménages : les entreprises sans salarié du Commerce et de la Réparation Automobile (CRA).

Une enquête téléphonique sur l’exhaustivité de ces entreprises de zéro salarié a été conduite dans sept départements de profils sociologiques variés : Ain, Aisne, Aude, Deux-Sèvres, Essonne, Jura, Seine-Maritime. 538 entreprises ont répondu positivement au questionnaire, soit un taux de réponse d’environ 27%.

Et « Régioscope des services de l’automobile, édition 2013 », ANFA

 

En 2009, 44% des entreprises du Commerce et de la Réparation Automobile (36 000 entreprises) n’ont pas de salarié ; la croissance des entreprises sans salarié est un phénomène relativement récent : elles ont commencé à croître à partir de 2003, date à laquelle les réseaux de marques ont commencé à perdre de l’emploi, phénomène auquel s’est adjoint en 2009 l’apparition des auto-entrepreneurs (17500 administrativement actifs en août 2012) ; ces derniers toutefois ne représentent cependant qu’un quart des entreprises sans salarié.

79% sont des créations et 21% des reprises.

Noter que l’ANFA chiffre les 1 à 9 salariés à 39 020, les 10-19 sal à 3 703 et les 20 et plus à 2 666 ; en termes d’emplois les 1 à 9 salariés emploient 149 000 salariés (43% des salariés de la branche), les 10-19 salariés à 66 220 (19%) et les plus de 20 salariés à 134 260 (38%)

 

L’âge moyen des entrepreneurs sans salarié est de 43 ans.

74% ont eu une expérience professionnelle antérieure dans le Commerce et la Réparation Automobile (la moitié en ce qui concerne les vendeurs de véhicules d’occasion) ; 50% ont un CAP ou un BEP mécanique ou carrosserie, et 8% un bac pro ou un BTS (peu nombreux, alors qu’ils représentent un quart du marché du recrutement du Commerce et de la Réparation Automobile).

 

La norme dans les entreprises sans salarié est la pluralité des activités (Garage, Vente VO, Carrosserie…) ; toutefois l’activité principale est la réparation pour 58%, 20% la vente de véhicule d’occasion, 9% la carrosserie.

 

29% ne se sont pas payés le mois précédant l’enquête, 37% se sont versés une rémunération inférieure au SMIC et 34% une rémunération supérieure au Smic (une rémunération médiane de 1500€) ; les auto-entrepreneurs se sont versés une rémunération médiane de 200€, alors que seulement un quart d’entre eux occupe un autre poste dans une autre entreprise.

 

4 grands types d’entreprises sans salarié :

 

– Les garages de proximité (45%), un chiffre d’affaires médian de 120 000€,  une rétribution équivalente ou supérieure au SMIC dans 42% des cas ; en zone rurale, la situation est plus favorable (70% ont au moins le SMIC). Ces entreprises forment un maillage territorial qui permet de disposer d’un garage à moins de 10 kilomètres de l’ensemble de la population d’un département rural. Ces garages sont, en un sens,  gardiens de l’état du parc circulant.

 

– Les auto-entrepreneurs de l’entretien courant (15% de l’échantillon) travaillent pour moitié chez eux, dans leur garage, ou dans la rue.

L’auto-entreprenariat est un complément de revenu pour un quart d’entre eux qui travaillent dans une autre entreprise du CRA ; pour les 75% restants, l’auto-entreprenariat est une solution contre le chômage ou la possibilité de démarrer une entreprise à moindre frais. Ces entreprises sans autre activité professionnelle complémentaire ont un chiffre d’affaires annuel médian de 16 000€, ce qui ne leur permet pas de vivre de leur activité. Ces entreprises sont plus présentes dans le tissu urbain. Leur isolement et la faiblesse de leur investissement de départ ne leur permettent pas d’effectuer des réparations nécessitant un équipement coûteux (outil de diagnostic, pont, outil d’équilibrage des pneus… etc.).

 

–  Les vendeurs de VO (20% de l’échantillon total) sont à 40% auto-entrepreneurs et 60% des entreprises individuelles. Ils n’ont pas de local spécifique. Les trois quarts ne disposent pas de diplôme automobile et la moitié n’a aucune expérience professionnelle dans le secteur du CRA. A 70% la constitution de leur clientèle se fait par Internet.

 

– des garages mobiles  (entretien courant, changement de pneumatique, mécanique traditionnelle)  et les camionnettes « multiservices » (lavage de voiture mais aussi la tonte de gazon par exemple)  sont 8% de l’échantillon.

 

Quel avenir pour ces entreprises sans salarié ?

Cette population ne dispose que de peu de moyens matériels (faiblesse des investissements) et a peu de compétences en gestion d’entreprise ; leur fragilité financière ne leur permet pas l’embauche d’un salarié. Toutefois la moitié d’entre eux, particulièrement en monde rural, sont bien intégrés aux autres entreprises du secteur automobile : ils peuvent constituer des relais de transport proches des populations les plus modestes. Il est donc souhaitable de pouvoir intégrer ces entreprises dans des dispositifs favorisant les nouveaux services de mobilité (flottes partagées etc…).