L’inflation perçue par les consommateurs est très supérieure à celle mesurée par l’indice des prix à la consommation


« L’inflation telle qu’elle est perçue par les ménages », INSEE Analyses N°5, juillet 2012

 L’enquête de conjoncture auprès des ménages (enquête CAMME) confirme ce décalage. Depuis 2004, elle demande une estimation quantitative de l’inflation à un échantillon d’environ 2 000 ménages.

 

Ces opinions personnelles sur l’inflation (OPI) apparaissent à la fois très dispersées et en moyenne très supérieures à l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation : les enquêtés attribuent fréquemment à l’inflation des valeurs de 15, 20 voire même 25% par an. Si on raisonne en moyenne, l’écart est en permanence de l’ordre de 6 points sur toute la période allant de janvier 2004 à décembre 2010.

 

On peut d’abord imaginer que les individus construisent leur opinion de manière très globale, au lieu de s’appuyer sur une observation fine des prix, pondérés par les parts de biens dans leurs budgets personnels ;  elle reflèterait les flux d’informations auxquels ils sont exposés, mais également le degré de confiance qu’ils ont dans la qualité de ces informations. Dans ce cadre, l’épisode du passage à l’euro aurait joué un rôle particulier (un certain nombre de hausses de prix ponctuelles mais fortement médiatisées brouillant  les repères quantitatifs usuels des consommateurs).

 

Par ailleurs, le consommateur et l’institut statistique suivent les prix pour des raisons très différentes. Ce dernier a pour mission officielle de mesurer, sur une période donnée et de façon exhaustive et homogène, les mouvements de tous les prix, aussi bien de ceux des produits en baisse que de ceux des produits stables ou en hausse, et ceci indépendamment des innovations et des améliorations de la qualité des produits existants.

 

Le but que poursuit le consommateur en s’informant sur les prix dans sa vie quotidienne est tout autre. Sa surveillance ne tend ni à l’exhaustivité ni à l’homogénéité. On peut d’abord supposer qu’elle porte davantage sur les produits qui font l’objet des achats les plus fréquents et avancer l’idée que le consommateur contrôle ses dépenses en étant plus attentif aux évolutions de prix à la hausse que de ceux stables ou à la baisse ; seuls les premiers menacent son budget actuel.