Nos faiblesses françaises en matière de PME


« De la naissance à la croissance : comment développer nos PME », Institut Montaigne, juin 2011

4 constats :

Peu d’Entreprise de Taille Intermédiaire (250 salariés et plus), plus de deux fois moins qu’en Allemagne et en Grande-Bretagne ; idem pour le chiffre d’affaires :

 

Allemagne

Grande-Bretagne

Italie

France

Espagne

Nombre d’ETI

10 428

10 021

4 646

4 195

4 168

Nombre moyen d’employés

989

994

735

768

796

CA HT moyen en million d’€

368

418

206

217

205

 –Peu d’entreprises exportatrices et un déficit qui se creuse : 2 à 4 fois moins qu’en Allemagne et en Italie en 2010 (90 855 en France contre 184 000 en Italie et 364 000 en Allemagne). En France, un grand nombre de petites entreprises exportatrices qui ne produisent que 18% des exportations :

 

Moins de 20 sal

De 20 à 250 sal

Plus de 250 sal

Non connu

Total

Nombre d’entreprises exportatrices

61 419

22 537

3 402

3 497

90 855

Répartition selon la taille

67,6

24,8

3,7

3,8

100

Répartition selon les montants exportés

18

20

57

5

100

(Source : douanes)

 

Allemagne

Italie

Espagne

France

Grande-Bretagne

1999

+166

-13

-27,5

-46

-51,5

2009

+11,7

+24,7

-11,5

+36,2

-22

 Un déficit qui se creuse ; l’évolution du solde des balances commerciales a été le suivant en 1999 et 2009 (source OCDE): l’Allemagne totalise 29,4% des exportations de l’eurozone et la France 12,1%.

 

De grands groupes français performants qui dépendent de moins en moins de l’environnement économique national : selon le classement de Fortune Global 500, la France a le plus grand nombre de ces grands groupes en Europe (39 contre 37 en Allemagne et 29 en Grande-Bretagne).

 

Les causes évoquées du « plafond de verre » que rencontrent les entreprises françaises dans leur développement :

  • Le financement :

-Un investissement direct ou indirect important dans l’immobilier  qui réduit la capacité de développement et illustre une certaine aversion au risque. 80% des entreprises françaises sont propriétaires de leur immobilier contre 30% des entreprises américaines (les entreprises françaises cotées ne possèdent que 34% de leur immobilier de bureaux contre 43% pour les sociétés non cotées).

– Le rôle ambivalent des subventions publiques en France notamment pour les entreprises innovantes : La création d’entreprises innovantes en France dépend souvent de la subvention publique ; dans d’autres pays, elle repose plus facilement et plus directement sur des capitaux privés ; dans le cas de la montée en capital des start-up technologiques françaises, le capital privé arrive trop tardivement dans ce processus.  Ce système de financement – avec au final peu ou pas de contrepartie – risque d’entretenir une relation biaisée entre le créateur d’entreprise et les réalités financières. Ces dispositifs sont par ailleurs trop nombreux : 20 dispositifs d’aide aux jeunes entreprises innovantes octroyés par 10 organismes différents.

.- Les Business Angels constituent le maillon faible dans la chaîne de financement et de développement des « jeunes pousses » françaises ; la France ne compte que 4 000 Business Angels alors que le Royaume-Uni dispose d’un réseau estimé à 40 000.

Les incitations fiscales en direction des particuliers pour l’investissement dans les PME ne sont pas suffisamment avantageuses et sont en diminution.

 

  • Les relations entre PME et grandes entreprise marquées par un rapport de force déséquilibré entre donneurs d’ordres et fournisseurs.

Le principal problème concerne certaines pratiques commerciales illégales : auto-facturation, imposition de pénalités de retard abusives, récupération de la plus grande partie de la marge, appropriation des innovations de leurs sous-traitants, rupture brutale de la relation commerciale sans indemnisation, délocalisation forcée, etc. En réalité, la loi encadre de telles pratiques avec un dispositif très complet ; elle n’est simplement pas appliquée.

 

  • Des partenariats confiants entre PME trop rares, contrairement au modèle italien, notamment celui des consortiums d’exportation

Un consortium d’exportation est l’alliance volontaire d’entreprises dont l’objectif est de faciliter l’accès aux marchés étrangers. Les entreprises gardent non seulement leur indépendance financière, légale et leur autonomie de gestion, mais également leur indépendance dans la commercialisation de leurs produits. Ce pays compte aujourd’hui 500 consortiums d’exportation multisectoriels contribuant à hauteur de 10 % à l’export italien. Ces consortiums comprennent au total 12 500 entreprises dont plus de la moitié n’emploient qu’entre 10 et 49 personnes.

 

  • Le retard français dans l’apprentissage de l’anglais

 

  • La création d’entreprises innovantes passe par une approche transversale des connaissances : la cross-fertilisation, un comportement encore trop peu promu et inexploité et une place trop faible de nos universités dans la création innovante

 

  • Les entreprises innovantes françaises se font racheter par des concurrents étrangers

 

  • La culture de l’entrepreneuriat est sous-valorisée en France, et ce à tous les niveaux de l’éducation

Très peu d’étudiants issus de l’enseignement supérieur sont entrepreneurs. Pourquoi ? :

– une forme de « confort » procuré qui offrent aux étudiants des voies toutes tracées vers les grandes entreprises plutôt que vers l’entrepreneuriat, trop souvent perçu comme une voie de sortie risquée.

– l’innovation par l’entrepreneuriat est socialement moins valorisée en France qu’à l’étranger.

-des freins administratifs, culturels ou financiers existent également quant à l’application et à la mise en œuvre des idées. Ils témoignent d’une forte aversion au risque, comme le montre la faible part consacrée au capital-risque dans l’investissement français.