Le suivi statistique : la base auto-entrepreneur de l’Acoss et des Urssaf centralise depuis janvier 2009 les informations relatives aux cotisants relevant de ce régime ainsi que les déclarations envoyées aux Urssaf. Les données utilisées dans cette publication sont issues d’une extraction au 31 mai 2019. Afin de mieux classifier les activités des micro-entrepreneurs, une nomenclature spécifique agrégée en 30 classes a été constituée. A la différence d’un travailleur indépendant relevant du régime de droit commun, qui déclare une fois par an, le micro-entrepreneur déclare un chiffre d’affaires tous les trimestres ou tous les mois. L’analyse sur les ME salariés est réalisée sur la base d’un appariement avec des données issues de la Déclaration sociale nominative (DSN), via des identifiants individuels cryptés.
Le document de l’Acoss est assez complet (ce qui est nouveau), qu’ils s’agisse du nombre de micro-entrepreneurs et de leurs caractéristiques ou de leurs recettes.
⇒ Les caractéristiques des micro-entrepreneurs (ME)
♦ Leur nombre (parc et créations)
Fin 2018, on dénombre 1,36 million de micro-entrepreneurs (ME), administrativement actifs, mais 1,012 million économiquement actifs, à comparer au chiffre de 3,264 travailleurs indépendants (ME compris). Les micro-entrepreneurs représentent 42% des non salariés en 2018, contre 26% en 2011.
Hormis en 2010 où il a dépassé 400 000, le nombre d’immatriculations au dispositif micro-entrepreneurs a oscillé entre 305 000 et 335 000 jusqu’en 2016, puis 373 000 en 2017, et 461 000 en 2018 et environ 270 000 radiations sur les 2 dernières années. En ce qui concerne les radiations, 67% sont le fait des ME eux-mêmes, 33% d’une radiation automatique (pas de recette pendant 8 trimestres consécutifs), et 0,3% pour dépassement de seuil.
L’Insee, pour sa part, recense dans ses fichiers 241 786 ME en 2017 et 308 312 en 2018; si certaines activités ne figurent pas de fait au fichier Siren (agriculture…), le décalage demeure important et à ce jour inexpliqué.
♦ Leur ancienneté dans le statut
410 970 ME administratifs actifs ont moins d’un an d’ancienneté (et un taux de 54,3% d’actif); 268 624 ont de 1 à 2 ans d’ancienneté (68,2% sont économiquement actifs); 353 610 ont de 3 à 5 ans d’ancienneté (avec un taux de 85,7 à 89% d’économiquement actifs); 323 562 ont entre 5 et 10 ans d’ancienneté (et un taux de 90,3 à 93,5% d’économiquement actifs).
Autrement formulés les ME économiquement actifs ont moins d’un an d’ancienneté (22%), de 1 à 2 ans (18%), de 2 à 5 ans (30,5%), de 5 à 10 ans (29,5%).
♦ La présence au sein des activités
En ce qui concerne la présence des ME en termes d’activité, je renvoi le lecteur aux chiffres conjoncture que je publie mensuellement (ils sont d’une part plus à jour et d’autre part regroupés par grande catégorie significative). Par contre, je développerais plus loin et de façon détaillée, les recettes moyennes par activités fines.
Au regard des données mensuelles publiées, 2 catégories d’activité émergent, celles avec un poids important de ME (entre 59 et 64% des immatriculations), relatives à des activités de services qui nécessitent peu d’investissements et celles avec un poids modeste (entre 16 et 32% des immatriculations), soit du fait d’investissements conséquents que le statut ne peut prendre en compte (commerce, HCR, construction, industrie), soit du fait de réglementations particulières (activités immobilières, activités financières et d’assurances).
♦ Les ME économiquement actifs par sexe et tranches d’âges
– Les hommes, s’ils sont plus nombreux que les femmes, sont moins souvent actifs économiquement (71,4 vs 79,6% des immatriculations).
Les femmes sont 39,3% des ME actifs économiquement; elles sont très présentes dans la coiffure/soins du corps (93% des ME actifs économiques), la santé (80%), les services aux entreprises (activité de soutien 62%, juridiques 59%, design 55%), dans les services à la personne (63%), dans l’enseignement (52%), dans l’immobilier (48%); elles sont très peu présentes dans le BTP, la mécanique auto, les transports et l’informatique (entre 1 et 17%)
– Les moins de 30 ans sont moins souvent économiquement actifs que les 30-49 ans (57,7% vs 73 à 78), et plus souvent salariés en même temps que ME.
Ils sont 19,4% des actifs économiques et très présents dans les transports (60%), le design (32%), le conseil de gestion (30%), l’informatique (28%); il sont peu présents dans les activités juridiques (3,7%), l’éducation/santé (10%), le BTP et l’industrie (12%).
Les 50 ans et plus sont les plus souvent économiquement actifs (83 et 86%), et moins souvent salariés en même temps, notamment les 60 ans et plus (12,9% vs 33,4 en moyenne).
Les 60 ans et plus (12,2% des économiquement actifs) sont davantage présents dans les activités juridiques (32%), les ventes sur les marchés (22%) et les activités finances et assurances (20%); ils le sont peu dans le transports (2,5%), le design (5%), l’informatique (6%), la réparation auto (6%), la coiffure (7%).
♦ La part des ME économiquement actifs et salariés varie en fonction de la région : de 26,3% pour la Corse à 41,2% pour l’Ile- de-France et entre 28 et 36% pour les autres régions.
Les forts taux de ME salariés en Ile-de-France, Pays de la Loire et Auvergne-Rhône-Alpes sont tirés par des secteurs tels que l’informatique, les transports et le conseil pour les affaires.
⇒ Les chiffres d’affaires des ME
♦ Le chiffre d’affaires global du dispositif est de 12,4Md€ en 2018. Entre 2011 et 2017, en lien avec la progression du nombre de ME économiquement actifs , il progresse de 10,5% par an.
Les secteurs qui contribuent le plus à ce chiffre global sont les services aux entreprises (25,4% des recettes), puis le commerce/HCR (20,3%), le BTP (18,8%), , les services aux particuliers (8,7%), la santé/éducation (7,3%) et les les activités artistiques et sportives (6,9%); les transports/livraisons à domicile dont on parle beaucoup ne produit que 1,7% des recettes
♦ Le chiffre d’affaires moyen est de 11 928€ en 2018, mais de 7 632€ quand le ME est par ailleurs salarié.
Le chiffre moyen 2018 est en hausse de 16% au regard de 2017 et de 21% au regard de 2016. Ce chiffre en 2018 correspond à 994€ mensuels desquels il faut déduire pour les prélèvements sociaux 12,8% pour ceux qui vendent des marchandises et 22% pour les autres, soit pour un prestataire un revenu mensuel de 775€ (non pris en compte l’impôt revenu et les frais afférents à l’exercice).
Noter que les ME par ailleurs salariés (338 000 ont réalisé des recettes et 190 000 aucune), sont aux 2/3 en CDI, et 1/3 CDD; ceux ayant réalisé des recettes sont davantage en temps partiel en CDI.
♦ En 2018, 80% des ME (76% des ME en prestations de service et 92% des ME opérant des ventes de marchandises) font état de recettes inférieures à la moitié du plafond 2017.
♦ Les recettes moyennes selon le sexe et les tranches d’âge
Les hommes et les 30-59 ans ont un chiffre de recettes un peu supérieur à 12 000€ annuel, alors que les femmes, les moins de 30 ans et les 60 ans et plus, les recettes oscillent entre 8 400 et 9 900€.
♦ Les recettes moyennes par activité fine
Activité juridique, BTP, HCR et commerces dégagent les recettes les plus importantes, alors que les activités de services aux entreprises se situent plutôt dans la moyenne (avec un fort taux de salariat), et que celles aux services au particuliers sont les plus modestes, mais aussi celles où le taux de ME économiquement actifs est le plus élevé.
Pour en savoir davantage : https://www.acoss.fr/home/observatoire-economique/publications/acoss-stat/2019/acoss-stat-n289.html