Quelles modalités d’insertion dans l’emploi pour les chômeurs ?


"Les sortants des listes de Pôle emploi en 2016 : une légère remontée du taux de sortie pour reprise d’emploi", Dares résultats N°023, juin 2018

L’enquête Sortants est menée auprès des demandeurs d’emploi trois mois après leur sortie des listes de Pôle emploi afin de connaître les différents motifs de sortie et, en cas de reprise d’emploi, la nature de l’emploi retrouvé.

 

Rien d’étonnant à ce que les chômeurs les plus adaptés au monde du travail (formation, expérience et frelations professionnelles…) soient plus nombreux que les autres à retrouver un emploi. Ceci étant 55% expriment au moins une insatisfaction; par ailleurs seules 5% ont crée ou repris une entreprise.

 

⇒ Les sorties du chômage: 40% une reprise d’emploi

 

En 2016, 39,7% des sorties de catégories A, B, C sont dues à des reprises d’emploi et 17,2% correspondent à des entrées en formation, 34,3% par un défaut d’actualisation suivi d’une réinscription à Pôle emploi dans les 3 mois (dont 16,4%), un non-renouvellement accidentel ou volontaire de la demande (12,2%), une radiation administrative (2%). 

 

Les perspectives de reprise d’emploi

 

-diminuent fortement avec l’âge :  le taux de sortie pour reprise d’emploi des moins de 25 ans atteint 6,2%, contre 3,7% pour les 25-49 ans et 1,6% pour les 50 ans ou plus. 

-Ils différent aussi en fonction de l’exercice ou non d’une activité réduite le mois précédent leur sortie (2,7%, vs 4,4% en activité réduite inférieure à 78 heures dans le mois et 5,5% en activité réduite supérieure à 78 heures)

-Idem avec l’ancienneté passée sur les listes : 4,7% pour ceux dont l’ancienneté est inférieure à 1 an, vs 2,3% si elle est supérieure à 1 an.

-Idem selon la qualification du métier recherché : Il est plus élevé pour les demandeurs d’emploi recherchant un emploi de technicien, agent de maîtrise ou bien de cadre (respectivement 3,9 et 4,2%), plutôt que d’ouvrier qualifié ou d’employé qualifié (respectivement 3,5% et 3,6%) ou encore d’ouvrier non qualifié ou d’employé non qualifié (2,9% et 3,2%).

-De manière similaire, le taux de sortie croît avec le niveau de formation : il varie entre 2,2% pour les demandeurs d’emploi n’ayant atteint que le premier cycle de l’enseignement secondaire à 4,4% pour ceux ayant au moins un niveau Bac+2.

 

Les modalités de reprises :

 

-Les CDI et les CDD (y compris les contrats saisonniers et vacations) représentent 70% des sorties pour reprise d’emploi, vs 9% pour les contrats aidés.

 

-Les 2/3 bénéficient de contrats durables (CDI, contrats de 6 mois ou plus et mises à son compte). Lorsque l’emploi n’est pas durable, seuls 71% sont encore en emploi trois mois après la sortie et, parmi ceux-là, 18 % ont changé d’emploi durant cette période.

La part des emplois durables est plus importante chez les femmes et chez les seniors (plus de contrats aidés). Les hommes et les jeunes reprennent nettement plus souvent un emploi dans l’intérim, où les contrats sont plus courts.

Les demandeurs d’emploi de longue durée ont moins de chances de retrouver un emploi que les autres mais, lorsqu’ils y parviennent, ils trouvent plus souvent des emplois durables (74% contre 63% pour les inscrits depuis moins d’un an), notamment des CDI.

 

-26 % des emplois retrouvés sont des temps partiels (moins de 35 heures par semaine), dont 14% d’une durée hebdomadaire inférieure ou égale à 20 heures. 66% auraient souhaité travailler davantage, soit 5 points de moins qu’en 2015. Les femmes retrouvent plus fréquemment un emploi à temps partiel que les hommes (37% contre 16%).

 

⇒ Satisfaits de leur reprise d’emploi ?

 

-Parmi les sortants qui ont repris un emploi, 55% expriment une insatisfaction : 34% de leur salaire, 24% de la durée de leur contrat de travail, 22% du type de contrat de travail, 15% de leur temps de travail et 13% de la distance entre leur domicile et leur travail. 

42% jugent que leur nouvel emploi ne correspond pas à leur formation initiale, 31% au métier qu’ils souhaitaient exercer et 26% à leur expérience passée.

Au total, 52% déclarent au moins une de ces inadéquations, mais parmi eux, 35% sont malgré tout entièrement satisfaits de leur nouvel emploi.

 

-De ces faits, 37% déclarent avoir malgré tout continué à chercher un emploi après leur sortie. Les raisons avancées sont le type ou la durée du contrat de travail (42%), le métier ou le secteur de leur nouvel emploi (31%), le salaire (27%), le temps de travail (15%), les conditions de travail difficiles (6%), la distance domicile-travail (4%) ou le fait d’être en période d’essai (2%). 

48% de ceux qui n’ont pas obtenu d’emploi durable recherchent encore un emploi.

 

9% des sortants pour reprise d’emploi déclarent avoir été obligés de déménager pour prendre cet emploi, une mobilité géographique contrainte plus fréquente chez les hommes (10%, vs 8), ainsi que chez les plus jeunes (10% des moins de 25 ans, mais seulement 5% des 50 ans ou plus), plus fréquente chez les demandeurs d’emploi de moins d’un an (9%, contre 7).

 

⇒ Ou travaillent-ils ?

 

52% des sortants pour reprise d’emploi travaillent dans des entreprises privées hors intérim, 13% dans l’intérim (dont 9% chez un indépendant), dans une association (7%), ou chez un particulier (5%).

-Les femmes reprennent plus souvent que les hommes un emploi dans le secteur public (22% vs 11), une association (10% contre 5) ou chez un particulier (8% contre 3).

-À l’inverse, les hommes sont plus souvent embauchés par des entreprises d’intérim ou du secteur privé hors intérim (64% vs 47) et se mettent davantage à leur compte (6% contre 4).

-Les demandeurs d’emploi de moins de 25 ans retrouvent plus fréquemment que les autres un emploi via des entreprises d’intérim (17% vs 13) ou chez des indépendants (12% contre 9). Ils créent moins souvent leur entreprise.

-Les 50 ans ou plus reprennent, quant à eux, plus souvent un emploi chez un particulier, dans une association ou dans le secteur public (37% contre 28).

-Les demandeurs d’emploi de longue durée sont un peu plus fréquemment que les autres embauchés par le secteur public (19% contre 15).

-Les moins diplômés sont davantage employés par des entreprises d’intérim, des indépendants ou des particuliers. Inversement, les plus diplômés sont davantage tournés vers les entreprises privées (hors intérim) et se mettent plus couramment à leur compte.

-Enfin, les cadres trouvent majoritairement un emploi dans une entreprise privée hors intérim (62 %) et créent également plus souvent leur propre entreprise (12%, contre 5).

 

⇒ Par quels canaux recherchent-ils?

 

Les canaux pour retrouver un emploi sont les relations personnelles ou professionnelles (30%), les candidatures spontanées (27%) ; les organismes faisant partie du service public de l’emploi (Pôle emploi et les autres organismes d’accompagnement) ne sont cités que dans 15% des cas (le type de contrat est alors plus fréquemment un contrat aidé 24%, vs 9%), ou encore des vacations et des contrats saisonniers, et moins souvent un CDD ou un CDI.

Les hommes accèdent à l’emploi bien plus souvent que les femmes grâce aux agences d’intérim et les femmes grâce à des candidatures spontanées (30% vs 24), aux services de Pôle emploi (13% contre 9%) et aux petites annonces (12% contre 9).

 

Les canaux de recrutement diffèrent peu en fonction de l’âge; les moins de 25 ans sollicitent toutefois plus les agences d’intérim, alors que les seniors recourent davantage à leurs réseaux personnel et professionnel mais moins à Internet et aux petites annonces.

Les structures des canaux de recrutement par niveau de formation et par qualification sont assez semblables, avec néanmoins une mobilisation des agences d’intérim plus forte pour les moins qualifiés (et en particulier les ouvriers) et les niveaux de formation plus faibles, et au contraire un accès à l’emploi plus important grâce à Internet et aux petites annonces pour les plus formés et les plus qualifiés.

 

⇒ Quid de la création/reprise par les repreneurs d’emploi ?

 

5% ont choisi la création ou la reprise d’entreprise (une part quasi stable depuis 2007 entre 5 et 6%). Lorsqu’on interroge ces sortants sur les raisons de leurs projets, la moitié d’entre eux déclarent qu’ils souhaitaient les mettre en place depuis longtemps ; et un tiers d’entre eux les décrivent comme un choix par défaut parce qu’ils ne trouvaient pas d’emploi salarié dans leur secteur ou correspondant à leurs compétences.