Le sport avoisine 40Md€ de chiffre d’affaires


"L'ÉCONOMIE DU SPORT ", CESE, avis 2019-19, septembre 2019

Les activités sportives évoluent au gré de l’évolution de la société, devenant de plus en plus affaire du secteur privé face à un secteur public plus tourné vers une pratique collective.

 

“L’économie du sport représente un enjeu grandissant, tant sur le plan de la création de richesses (la dépense sportive avoisine les 40Md€ en France et connaît une croissance dynamique) que sur celui des externalités positives (santé, bien-être, inclusion sociale, etc.) ou négatives (dopage, corruption, atteintes à l’environnement, etc.) que cette économie génère.

De ce fait, le sport n’est pas uniquement une affaire privée, et les pouvoirs publics s’y sont toujours intéressés. Parce que les activités physiques et sportives (APS) poursuivent, directement ou indirectement, des objectifs d’intérêt général, elles ont depuis longtemps été soutenues par des financements publics, émanant en particulier des communes et de leurs regroupements (en 2014, 11,2 Md€ de dépenses d’investissement et de fonctionnement liées aux équipements sportifs, de subventions aux clubs, etc.) et de l’État (en 2014, 4Md€ ont été consacrés au sport scolaire et universitaire).

Une multitude d’organisations de tailles diverses (clubs, fédérations, entreprises, etc.) concourent donc, avec les pouvoirs publics, à l’économie du sport. C’est pourquoi le CESE a souhaité en dresser un état des lieux et formuler des préconisations de nature à en favoriser le développement.

 

L’économie du sport peut être appréhendée selon des cercles concentriques croissants.

♦ Le cercle le plus étroit est constitué par le sport au sein des fédérations avec 180 000 associations affiliées à 114 fédérations sportives agréées par le ministère chargé des sports et membres du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Son poids économique est estimé à 11,7Md€ en 2013, en additionnant les budgets des structures (amateurs et professionnelles) et les dépenses personnelles des pratiquants et des pratiquantes licenciés strictement liées à leur sport. Ce poids est accru si la valeur des participations des 3,2 millions de bénévoles est prise en compte (5,2Md€ à la valeur du SMIC et 10,1Md€ au salaire moyen de la branche).

Le mouvement sportif concerne 16 millions de licenciées et licenciés pour un ensemble de pratiquantes et pratiquants réguliers d’APS, estimé à 34 millions en France.

 

♦ Les dépenses des ménages, des entreprises…36,9Md€

les dépenses des ménages (17,3Md€) de type achat de biens (vêtements, chaussures, vélo), de services (licences, cotisations, cours, accès aux équipements et aux spectacles);

– des communes et leurs regroupements (11,2Md€ : dépenses d’investissement et de fonctionnement liées aux équipements sportifs, subventions aux clubs, etc.) ;
– de l’État (4,9Md€, dont le ministère chargé des sports avec 0,9Md€ et surtout le sport scolaire et universitaire, 4Md€) ;
des entreprises (2,1Md€, droits de retransmission des événements sportifs et sponsoring).

 

Le poids économique du sport est aussi grandissant; il génère 2% environ du PIB mondial (près de 1200Md€) avec une croissance moyenne de 4% par an, intégrant à la fois la production industrielle, la part des collectivités, la consommation des ménages et le sport business (sponsoring, droits médias, billetterie et merchandising) qui dépasse aujourd’hui les 100Md€.

 

Plus particulièrement, en France, le seul marché des articles de sport implique près de 1 500 entreprises pour un chiffre d’affaires cumulé estimé à 12Md € en 2012; 10 acteurs majeurs exerçant des activités de fabrication et/ou de distribution en France enregistrent à eux seuls près de 7Md€ de chiffre d’affaires (60% du chiffre d’affaires consolidé de la filière des articles de sport en 2013).

 

Le sport est riche en emplois souvent non délocalisables si l’on excepte le marché des articles de sport; les entreprises et associations emploient environ 210 000 salariées et salariés dans des activités directement ou indirectement liées au sport, avec un taux de 3% de croissance en emplois par an en moyenne, et complétés par les 43 000 postes d’enseignantes et d’enseignants d’EPS de l’Éducation nationale et les 57 000 postes dans la filière sportive de la fonction publique territoriale (directeurs et directrices de services des sports, animateurs et animatrices, gestion administrative et entretien des installations).

 

Les pratiques sportives et les attentes des consommateurs et des consommatrices évoluent : le développement du « sport santé » afin de contrebalancer la sédentarité ; la flexibilité de la pratique (horaires, cadre, etc.) qui doit être compatible avec les impératifs de la vie quotidienne et qui peut désormais se réaliser sur le lieu d’étude/de travail ou en complément (ex. : sur le trajet domicile travail, lors de la pause déjeuner, etc.),  la préférence pour les sports permettant d’être en plein air ou au contact avec la nature et pour ceux qui sont plus ludiques, moins contraignants.

 

Parallèlement, des sports émergents se développent et captent une grande partie de celles et ceux qui ont une pratique sportive récente (moins de trois ans) : le double dutch, le freestyle foot, le break dance, le tricking (ou tricks) ou le street workout sont des pratiques urbaines qui touchent un public très large et sont fortement relayées sur les réseaux sociaux ; En 2017, 300 associations représentant ces disciplines se sont organisées en un Collectif national des pratiques et sports émergents. En l’absence de subventions publiques, le mouvement est finalement davantage soutenu par les entreprises qui y ont détecté un marché considérable.

Ces nouvelles pratiques sont ajustées aux particularités des territoires. Ainsi, le basket trois contre trois, qui constitue une pratique ludique avec des effectifs réduits et un auto-arbitrage, est adapté notamment aux zones rurales lorsque le nombre de pratiquantes et de pratiquants est limité. Le parkour ou le street work-out par exemple sont quant à eux spécifiquement urbains et constituent de nouvelles pratiques citadines qui se sont progressivement imposées en dehors des cadres réservés à la pratique sportive officielle.

 

Si l’exigence de flexibilité et d’autonomie des pratiques incite à un exercice individuel (comme dans une salle de sport ou par du running solitaire), la pratique en groupe reste très recherchée mais prend des formes nouvelles, comme les “événements sportifs de masse”, rencontres sportives ouvertes au grand public promouvant une image de dépassement de soi et demandant un entraînement intensif (marathon, Ultra trail, Iron Man, etc.).

 

Une tendance émergente, la liaison du sport et du numérique, qui présente plusieurs degrés :
– de nombreux clubs et associations mettent à disposition des plateformes de mise en relation avec les offres d’APS situées à proximité, de réservation, de paiement en ligne pour permettre aux pratiquantes et pratiquants de s’inscrire à une activité.
– Grâce aux applications, le pratiquant peut évaluer sa pratique et la comparer à celle des autres, par exemple via un podomètre.
– enfin, le sport peut devenir totalement virtuel avec le sport électronique (e-sport), qui désigne la pratique de jeu vidéo dans le cadre d’une compétition. Les gamers, 5 millions d’adeptes en France, et plus de 380 millions dans le monde, peuvent jouer seuls ou en équipe dans ces événements organisés par des associations, des organisations professionnelles ou, plus récemment, par des éditeurs. Les meilleurs joueurs et joueuses sont suivis par des centaines de milliers de fans.

 

Le commerce d’articles de sport est passé de 9,16 à 11,3Md€ entre 2007 et 2017; ce marché enregistre une forte progression sur le marché des articles pour femmes; par ailleurs, la consommation d’articles de sport reflète la démocratisation et la diversification des pratiques sportives, comme en témoigne l’entreprise Décathlon (en 2017, 3,4Md€ de chiffres d’affaires HT en France et 11Md€ au total dans le monde).

 

La pratique sportive régulière reste encore de nos jours majoritairement masculine (55% d’hommes et 45% de femmes); néanmoins, elle progresse chez les femmes et reste stable avec l’âge alors que celle des hommes tend à régresser au cours de la vie.

 

3 grands profils de pratiquantes et pratiquants :
– les compétiteurs et compétitrices (environ 6 millions de personnes, soit 12,5% du total des pratiquantes et pratiquants), qui pratiquent plus d’une fois par semaine, avec une recherche de performance souvent dans le cadre d’une compétition ;
– les amateurs (environ 29 millions de personnes, 60% du total), dont la pratique est surtout orientée vers le loisir (ni utilitaire, ni performance), avec une pratique qui peut être intensive (plus d’une fois par semaine) mais sans compétition ou dans un cadre compétitif mais avec une intensité faible ;
– les occasionnels (environ 19 millions de personnes, 27% du total), qui pratiquent peu et de façon irrégulière (moins d’une fois par semaine), voire exclusivement lors des vacances, en général dans une optique de loisirs. 

Suivent un certain nombre de constats pour une politique publique du sport

Une offre trop décalée par rapport à la demande
1. Les nouvelles pratiques sportives sont de moins en moins appréhendées par les clubs .
Une large partie de la demande émergente est dès lors captée par le secteur privé marchand qui paraît plus réactif car plus souple.

2. Les équipements sportifs ne sont pas toujours adaptés aux besoins : on compte en France au total près de 330 000 équipements et lieux de pratique aménagés.

3. L’offre sportive ne satisfait qu’imparfaitement les nouvelles exigences éthiques (face au dopage et à la corruption) et l’impact environnemental.

Une offre déséquilibrée dans son financement
Un investissement public légitime mais parfois excessif et des recettes sportives qui ne sont pas toujours affectées au sport 

Une offre associative imparfaitement adaptée

 

Pour en savoir davantage : https://www.lecese.fr/content/le-cese-rendu-son-avis-sur-leconomie-du-sport