1,2 million de personnes travaillent dans les services aux personnes.


"Les salariés des services à la personne : comment évoluent leurs conditions de travail et d’emploi ?" Dares Analyses N°038, août 2018

Le secteur des services à la personne, dont les salariés peuvent être employés directement par un particulier ou par l’intermédiaire d’un organisme, se caractérise par la nature et la pluralité des activités exercées, une fragmentation du temps de travail et une multiplicité d’employeurs.

 

L’importance du secteur et ses grandes composantes

 

Le taux de croissance annuel moyen de l’activité et de l’emploi du secteur des services à la personne (SAP) a doublé depuis le plan Borloo de 2005, passant de 4% par an entre 2000 et 2004 à 8% entre 2005 et 2008 pour les heures rémunérées comme pour les effectifs des intervenants.

1,2 million de personnes ont été employées, contre 883 000 en 2000. Cette hausse vient surtout de l’activité des organismes prestataires (passant de 10% entre 2000 et 2004 à 20% entre 2005 et 2008, et pour les heures des seuls salariés de 7% à 18%).

 

En 2014, 65% sont employés principalement par des particuliers employeurs, 26% par un organisme prestataire et 9% par les deux modes.

De son côté, l’emploi direct a évolué moins rapidement dans les années 2000 : après avoir baissé en moyenne de 0,8% par année entre 2000 et 2004, il a augmenté de 5,1% par an entre 2005 et 2008. Les particuliers ont ainsi employé plus de salariés, mais pour un nombre d’heures moins important à partir de 2004. En 2015, les particuliers employeurs assurent 57% de l’ensemble des heures du secteur, vs 82% en 2 000. 

 

⇒Les types de services rendus selon les prestataires

 

-Les services à la personne chez les particuliers employeurs sont diversifiés : recours pour l’aide à domicile (39%), l’entretien de la maison (35%), la garde d’enfants (12%) et, plus épisodiquement, le jardinage (3%). En 10 ans, l’aide à domicile et la garde d’enfants en mode direct se sont développées au détriment des autres emplois familiaux (+16 points pour l’aide à domicile, +7 points pour la garde d’enfants et -24 points pour les autres emplois familiaux).

-Les organismes prestataires (hors micro-entrepreneurs) fournissent principalement des prestations d’aide à domicile à destination des personnes dépendantes (61% de leur activité en 2015); cette spécialisation est portée par les associations.

-Les organismes publics (centres communaux d’action sociale) se consacrent à l’inverse de plus en plus à l’activité d’entretien de la maison, tandis que la part de l’assistance aux personnes dépendantes chute.

-Les entreprises privées hors microentrepreneurs proposent également leurs services dans l’assistance aux personnes dépendantes (+20,2 %) mais moins dans l’entretien de la maison (-13,6 %).

 

⇒ Le profil des salariés 

 

Plutôt âgés, avec une moyenne d’âge de 46 ans en 2015 (41 ans pour l’ensemble de la population active); Les salariés employés par un particulier ont en moyenne 48 ans, ceux employés par un prestataire 43 ans, alors qu’ils ont 40 ans pour les gardes d’enfants à domicile.

Les salariés de ce secteur sont très majoritairement des femmes (87,3 % en 2015).

Les salariés sont faiblement qualifiés par rapport aux salariés des services aux particuliers et à l’ensemble de la population active occupée : en 2015, 43% n’ont pas de diplôme voire le brevet des collèges contre 24 % pour les salariés des services aux particuliers et 17% pour l’ensemble des salariés. 

Les salariés des particuliers employeurs sont moins qualifiés que ceux employés par les organismes : près de la moitié des premiers n’ont pas de diplôme contre un peu plus d’un tiers des seconds. C’est dans la garde d’enfants que les salariés sont le plus souvent diplômés (30% ne possèdent aucun diplôme contre 50% pour les salariés des autres emplois familiaux).

Toutefois en 10 ans, la part des non diplômés a diminué de 15 points (-10,5 points pour l’ensemble des salariés); le niveau de diplôme augmente plus vite chez les salariés de prestataires que chez les salariés de particuliers employeurs.

 

Les personnes nées à l’étranger (14,5% en 2015) sont surreprésentées parmi les salariés du secteur .

 

Ces salariés sont plus nombreux à déclarer être en mauvaise santé (6%), avoir des problèmes de santé durables (28,6%) ou être en situation de handicap ou de perte d’autonomie (5,9%) que les autres salariés (respectivement 3%, 19,9% et 3,6%).

 

⇒ Les conditions de travail des salariés 

 

Depuis 2004, leurs conditions de travail et d’emploi évoluent de manière assez défavorable en comparaison avec la population en emploi salarié, malgré une croissance plus forte du niveau de diplôme dans le secteur.

Les salariés de prestataires ont des conditions de travail moins favorables, avec notamment des horaires de travail plus atypiques et des salaires horaires plus faibles. Cependant ils ont davantage la possibilité de se former pendant leur temps de travail et de travailler plus d’heures ; ils perçoivent en moyenne un salaire annuel plus élevé.

 

En moyenne, les salariés ont 2,5 employeurs du secteur (contre 1,5 employeur pour l’ensemble des salariés); davantage pour les salariés employés par un particulier (2,9) que ceux employés seulement par un organisme (1,1); ceux qui sont employés à la fois par un organisme et des particuliers ont 4,5 employeurs du secteur. Ces moyennes sont stables depuis 2009.

 

Les salariés peuvent être amenés à effectuer en parallèle des activités autres que celles relevant du champ des SAP; en 2014, 28% des salariés de services à la personne travaillent aussi en dehors de ce secteur au cours d’une même semaine . C’est plus souvent le cas des salariés employés par des particuliers employeurs (32%) que par un organisme prestataire (16%); ils exercent majoritairement des emplois de nettoyeurs, et plus marginalement des emplois d’ouvrier qualifié des travaux publics, d’agent de service ou encore d’animateur socioculturel et de loisirs.

 

En 2014, les salariés des SAP ont perçu en moyenne 8 200€ net dans l’année , dont 5 200€ net au titre de leur activité dans les SAP. Les salariés travaillant exclusivement pour un particulier employeur perçoivent un salaire total plus faible (5 200€) que ceux travaillant exclusivement pour un prestataire (7 800€), ces derniers effectuant plus d’heures dans l’année (931 heures en moyenne contre 557 heures). 

Mais le salaire horaire est plus faible pour les salariés d’organismes prestataires (8,4€ net) que pour les salariés de particuliers (9,4€ net).

Les revenus salariaux nets des employés de SAP ont augmenté de 11% entre 2010 et 2014 (contre +6% pour l’ensemble de la population active); pour les salariés de particuliers employeurs (+14%) vs pour les salariés d’organismes prestataires (+7%).

Les salariés multi-actifs perçoivent, au total, un salaire plus élevé, avec 11 300€ net annuel.

 

En 2015, 53% des salariés de SAP indiquent ne pas avoir pu trouver d’emploi à temps plein comme raison principale de leur travail à temps partiel contre 42% pour l’ensemble de la population en emploi salarié ; 34% des salariés de SAP souhaitent travailler plus contre 20% pour l’ensemble des salariés et 27% pour le secteur des services aux particuliers. Ces taux ont augmenté depuis 2008, de 5 points pour les salariés de services à la personne et de 4 points pour l’ensemble des salariés.

 

En 8 ans, les horaires de travail atypiques des salariés de SAP se sont développés, et ce surtout pour les salariés d’organismes prestataires; ainsi, la part des salariés d’organisme prestataire travaillant en soirée est passée de 3,5% en 2004 à 8% en 2012, celle du travail de nuit de 1,6% à 4,2%, celle du travail le samedi de 26,5% à 32,7% et celle des salariés d’organisme prestataire travaillant le dimanche de 11,5% à 24,4%.

 

⇒ 3 profils d’emploi

 

Un premier groupe  : des salariés dont l’activité de SAP est la principale activité de manière régulière (78%). Ils sont peu concernés par le travail en soirée, de nuit ou le week-end, et effectuent les mêmes horaires d’une semaine à l’autre. Majoritairement constituée d’une population âgée de 50 ans et plus et, dans une moindre mesure, de nationalité étrangère, ils sont plus souvent employés par un organisme prestataire pour aide à domicile, et d’autres emplois familiaux lorsqu’il s’agit du mode direct.

 

Un deuxième groupe rassemble ceux qui cumulent les contraintes de travail (15%). Ces salariés travaillent habituellement le dimanche (82%), le samedi (92%), et peuvent être amenés à intervenir en soirée ou la nuit (respectivement 49% et 25%) avec des horaires pouvant varier. Il s’agit surtout d’une activité exercée régulièrement, supérieure à un mi-temps menée plus souvent au sein des organismes prestataires. Ils effectuent principalement des activités d’aide à domicile (83%).

 

Un troisième groupe rassemble ceux dont l’activité de SAP constitue un emploi d’attente ou d’appoint (7 %). Il s’agit davantage de personnes qui souhaitent avoir un emploi en plus ou en remplacement de leur emploi actuel ou à venir (40%). 42% sont inscrits à Pôle emploi ou dans un autre organisme de placement. Ils sont employés pour moins d’un mi-temps, mais avec des horaires assez peu variables et du travail en semaine, de jour. Ce groupe rassemble les jeunes de 15 à 29 ans ainsi que les étudiants. 13% sont diplômés du supérieur; il s’agit plutôt de salariés employés par des particuliers.