La reprise, une approche assez complète dans une étude sur la région Bretagne.


"La transmission d’entreprise en Bretagne", CCI et CMA de Bretagne, mars 2018

Méthodologie : Les travaux portent sur les établissements inscrits au registre du commerce et des sociétés et au répertoire des métiers, dont le siège est localisé en Bretagne (hors micro-entreprise et auto-entrepreneur) et dont le dirigeant a 55 ans ou plus (âge atteint en 2017).

Le point de vue des cédants : chaque semestre, la CCI interroge par mail les entreprises bretonnes sur leur activité économique. L’enquête du second semestre 2016, qui s’est tenue du 9 au 23 décembre 2016, a été adressée à 26 337 chefs d’entreprise et 2 235 d’entre eux y ont répondu. Cette enquête proposait aux chefs d’entreprise se déclarant « cédants ou potentiellement cédants » d’évoquer la transmission de leur entreprise; 152 dirigeants se sont exprimés. Parallèlement, un travail identique, réalisé par la CMA, a permis d’obtenir le point de vue de 173 dirigeants inscrits au répertoire des Métiers.

Le point de vue des repreneurs : chaque semestre, la CCI interroge par mail les entreprises bretonnes sur leur activité économique. L’enquête du premier semestre 2017, qui s’est tenue du 23 mai au 6 juin 2017, a été adressée à 26 750 chefs d’entreprise et 2 125 d’entre eux y ont répondu. Cette enquête proposait aux chefs d’entreprise se déclarant repreneurs de revenir sur leur expérience de reprise d’entreprise à travers une dizaine de questions; 666 dirigeants se sont exprimés.

Source : « La transmission d’entreprise en Bretagne – 2018, CCI & CRMA Bretagne »

 

Cette étude permet à la fois de situer le flux des éventuelles entreprises à reprendre, en distinguant les tranches de taille, en intéressant à la préparation de la reprise par les cédants , en observant qui sont les repreneurs et leurs difficultés.

 

⇒ Le flux des transmissions envisageables

 

Au 1er janvier 2017, près de 32 200 entreprises inscrites au Registre du Commerce et des Sociétés et au Répertoire de Métiers de Bretagne ont un dirigeant âgé d’au moins 55 ans (48% des chefs d’entreprise ont entre 55 et 59 ans, 29% entre 60 et 64 ans et 23% plus de 65 ans).

49% ne comptent pas de salariés; 10% ont au moins 10 salariés.198 800 salariés (hors dirigeants et conjoints collaborateurs), dont 81% dans des entreprises de 10 salariés et plus.

Les entreprises dont les dirigeants ont entre 50 et 59 ans regroupent 46% des salariés; celles dont les dirigeants ont entre 60 et 64 ans, 30% des emplois concernés et 24% pour les 65 ans et plus.

 73% d’entre elles sont des sociétés.

 

En termes de secteur d’activités

-Les services comptent pour 47% des entreprises, et 43% des salariés; noter le poids plus important en salarié du secteur transports (3% des entreprises et 8% des salariés) et à contrario l’immobilier (8% des entreprises et 2% des salariés).

-le commerce regroupe 20% des entreprises et 18% des salariés; noter le faible poids du commerce de détail (8% alors qu’ils sont 14% des entreprises).

-La construction concerne 14% des entreprises et 10% des salariés.

– L’industrie par contre regroupe 10% des entreprises, mais 26% des salariés.

 

Schématiquement, les territoires urbains (plus de 100 000 habitants) sont marqués par le poids très fort du secteur des services. Sur ces territoires, plus de 60% des emplois potentiellement impactés par une transmission d’entreprises relèvent de ce secteur. Par contre, les territoires ruraux sont particulièrement exposés aux enjeux de la transmission industrielle du fait d’un taux d’emplois industriels localisés dans les entreprises cessibles d’au moins 10 salariés supérieur à la moyenne régionale (30%).

 

⇒ Les motivations et la préparation des éventuels cédants à la cession

 

Plus du tiers des potentiellement cédants invoquent un motif de cession sans lien avec la retraite, soit pour la moité d’entre eux la volonté de changer d’activité, pour 11% le retour au salariat. Rappelons qu’une partie non négligeable des cessions s’effectue avant les 55 ans du chef d’entreprise (vente d’un commerce pour en reprendre un autre, changement de carrière).

 

Les chefs d’entreprise interrogés dans le cadre de notre enquête avaient déjà marqué un intérêt pour la problématique de la cession-transmission d’entreprise; le taux envisagé de cession envisagée à 5 ans atteint 96%.

29% sont en cours ou l’envisagent dans moins d’un an; 29% souhaitent le faire d’ici 1 à 2 ans, 32% dans 3 à 5 ans et 9% plus tard.

Malgré cette préoccupation affirmée, près de deux tiers des chefs d’entreprise concernés par la question de la transmission ne s’y sont pas préparés.

 

38 à 44% ne savent pas quel pourrait être leur acquéreur (69% dans la construction); 25 à 31% envisagent une personne physique (43% pour les cédants de commerce, mais 16% dans la construction); 6 à 8% pensent à un membre de la famille (18% dans l’industrie) et 8% un salarié (moins encore dans le commerce et la construction); 7 à 13% enfin souhaitent le rachat par une société ou un groupe (très peu la construction, ou le commerce) 

 

Les difficultés citées sont : l’identification d’un potentiel repreneur (28%), l’évaluation de la valeur de l’entreprise (18%), le manque de temps (16%), l’identification des bons interlocuteurs pour avoir des conseils (15%), une activité difficilement transmissible (8%), la sécurité juridique de la transaction (7%), le maintien du revenu (7%).

Malgré des difficultés bien identifiées, le chef d’entreprise reste majoritairement seul dans sa démarche (trois quart des répondants) en cohérence avec le fait de ne pas avoir débuté de travail de préparation de transmission.

Ceci étant, 39% souhaitent une mise en relation avec des repreneurs potentiel, 34% un rendez-vous individuel avec un conseiller expert.

 

⇒ Le point de vue des repreneurs (650 dirigeants)

 

Il est avant tout un salarié (71% des répondants dont 31% de l’entreprise reprise), mais aussi un dirigeant d’entreprise expérimenté (22%, dont 13% dans un autre secteur d’activité).

Dans la construction cette proportion d’anciens salariés atteint 50%, contre 4% dans l’industrie et seulement 20% pour le commerce.

45% des dirigeants enquêtés exerçant aujourd’hui dans ce secteur étaient des salariés issus d’un autre domaine d’activité. Cette part chute à 40%, 35% et 25% pour respectivement les services, l’industrie et la construction, révélateurs de «barrières à l’entrée» plus fortes pour le repreneur d’entreprise dans ces secteurs.

 

Trois principales motivations : 31% la volonté d’être indépendant, 26% la volonté de développer une entreprise existante, 21% le souhait de travailler dans un secteur d’activité qui leur plait.
La recherche d’indépendance est citée par près de 50% des repreneurs qui étaient auparavant salarié d’une autre entreprise. Pour celles et ceux qui étaient en poste dans l’entreprise qu’ils dirigent actuellement, l’objectif était avant tout de développer leur entreprise (38% des réponses).

 

Le financement de la reprise

 

Ces outils de financement sont mobilisés par les repreneurs pour 2 principales modalités d’acquisition : 85% des repreneurs déclarent avoir acquis leur entreprise via une reprise de fond (50%) ou le rachat de parts (35%)

86% ont eu recours à l’emprunt bancaire, soit uniquement (25%), soit en complément d’un apport personnel (58%). Les autres moyens de financement apparaissent par conséquent beaucoup plus limités dans l’accompagnement du repreneur, depuis le prêt d’honneur (13%) ou plus marginalement le soutien public (3%).

 

Les difficultés

 

61% des repreneurs déclarent avoir mis moins d’ un an entre le début de leurs démarches et la finalisation de leur projet, 28% entre 1 et 2 ans, et 11% plus de 2 ans. Cette durée varie sensiblement selon les moyens utilisés pour identifier l’entreprise cible.

Un peu plus de la moitié des repreneurs déclarent avoir rencontré des difficultés pour réaliser leur projet. Cependant, ceux qui disposaient de liens plus forts avec la cible, comme les salariés qui ont repris leur entreprise, ou les dirigeants qui évoluaient dans le même secteur d’activité, ont rencontré moins de difficultés que les autres (54% contre 39%).

De manière générale, les salariés ont plus de difficultés à identifier les bons interlocuteurs pour avoir des conseils mais aussi évaluer la valeur de l’entreprise.

Concernant les dirigeants, ils sont aussi nombreux à avoir fait part de leurs difficultés à évaluer la valeur de l’entreprise, mais aussi à identifier une cible ou sécuriser la transaction, et cela en fonction du secteur d’activité dans lequel ils évoluaient.