Handicaps et atouts pour l’entrepreneuriat aux USA, matière à réflexion à l’ère du redressement productif ?


"Les Etats-Unis et l'entrepreneuriat : entre mythes et réalités", bulletins-electroniques.com/actualites/70183.htm

 Le rapport annuel de la World Bank, “Doing Business 2012” a pour objectif de comparer les conditions économiques, réglementaires ou encore structurelles de 183 pays afin de déterminer ceux dans lesquels la conduite d’une activité commerciale est la plus propice. Le classement des pays prend en compte dix critères différents, que l’on peut classer en trois grandes catégories :

– Légaux (créer une entreprise, protection des investisseurs, protection intellectuelle, respect des contrats)

-Financiers  (accès au crédit, niveau d’impôts, échanges commerciaux internationaux)

-Structurels (permis de construction, accès à l’électricité, niveau des infrastructures)

 

Les USA révèlent notamment des faiblesses sur plusieurs points clés pour l’entrepreneuriat :

La complexité des réglementations et des taxes (classé 77 / 183 pays) du fait du double système d’imposition fédéral et local (Etats), rendant sa lecture particulièrement complexe, tout particulièrement pour les entrepreneurs étrangers qui souhaitent se développer aux Etats-Unis ; de même les différents statuts d’entreprises, sont parfois assez mal appréhendés par les entrepreneurs étrangers.

Le niveau des infrastructures (17 / 183), très disparate suivant les régions.

– La facilité à effectuer des échanges commerciaux internationaux (20/183), principalement à cause de la présence de procédures bureaucratiques parfois complexes et coûteuses.

 

3 handicaps d’importance ont été recensés :

– Une politique d’immigration qui freine l’arrivée de talents : plus de 50% des entreprises financées par le capital risque ont été fondées par des personnes issues de l’immigration aux Etats-Unis (à relier en France à notre politique création d’entreprise peu proactive, allant même à renvoyer les étudiants étrangers de haut niveau dans leur pays). Pourtant, le législateur est incapable de faire évoluer sérieusement les lois d’immigration strictes (pour les visas), ce qui empêche un grand nombre d’aspirants entrepreneurs à venir établir leur entreprise aux Etats-Unis.

Des états qui peinent à se mettre en avant : Si la Californie, le Massachusetts ou NYC constituent des figures de proue par leur dynamisme entrepreneurial, certaines régions évoluent dans le bas du classement en matière d’attractivité pour les entrepreneurs, américains ou étrangers. La difficulté tient à la double influence que peuvent avoir l’Etat fédéral et les différents Etats au sein des Etats-Unis.

L’absence de politique d’innovation : le rôle de l’Etat est toujours source de débat, ses détracteurs jugeant qu’il ne doit pas s’impliquer dans le choix de secteurs industriels au détriment d’autres. Cette absence de choix stratégique apparaît comme contre-productive en matière d’attractivité des talents et des investissements, surtout lorsque la majorité des autres pays, notamment ceux du “BRIC” (Brésil, Russie, Inde et Chine), s’appuient sur une politique d’innovation reposant sur des secteurs bien identifiés et jugés stratégiques définissant alors des stratégies en la matière et des priorités sectorielles (technologies propres)

 

Des atouts uniques :

-Un niveau de financement privé exceptionnel : l’ensemble des entreprises de capital-risque et les investisseurs providentiels ont investi, aux Etats-Unis, plus de 43 milliards de dollars dans les jeunes entreprises innovantes en 2011. Les Etats-Unis ont en effet une capacité unique à transformer de jeunes entreprises en sociétés de niveau international.

La présence d’écosystèmes dynamiques : le dynamisme de régions comme la Silicon Valley provient d’une alchimie complexe entre structures académiques d’excellence, entreprises de haut niveau, présence d’investisseurs, de réseaux de professionnels et d’entrepreneurs, centres de R&D, etc. Agissant comme des “aimants” pour les jeunes entreprises innovantes, ils entretiennent une dynamique qui se combine à une forte attractivité ;  ces écosystèmes ont la faculté de “doper” le développement d’une entreprise et l’aider à prendre une dimension supplémentaire.

Des structures d’accompagnement variées : que ce soit via des programmes d’accélération de start-up, des incubateurs, des programmes de mentoring, ou des espaces collaboratifs, certaines régions des Etats-Unis regorgent de structures d’appui pour les jeunes entreprises innovantes. A titre d’exemple, “Masschallenge”, un programme créé il y a seulement deux ans à Boston, accompagne chaque année 125 entreprises en leur procurant des locaux, des services d’accompagnement, un soutien en matière de communication et un accès à des évènements de “réseautage”. Après deux années, les vingt meilleures entreprises de ce programme ont déjà attiré à elles plus de 50 millions de dollars de fonds privés.