La situation financière des PME est en légère amélioration en 2014 ; elle se traduit par l’accroissement du fonds de roulement, par l’amélioration des fonds propres et une stabilisation de l’investissement


« Situation des PME en France en 2014 », bulletin de la banque de France N°201, 3éme trimestre 2015

La situation économique française en 2014 est marquée par une croissance du produit intérieur brut (PIB) atone (+0,2%) ; dans ce contexte, l’activité des PME peine à se redresser : le chiffre d’affaires augmentent de 1,2% (cette croissance est la plus faible observée au cours des 4 dernières années) et la valeur ajoutée de 2,2% (après +1,6% en 2013 et +2% en 2012, sans retrouver la performance de 2011 avec +5,7%).

A la faveur de perspectives plus encourageantes pour 2015, le besoin en fonds de roulement s’accroît de 3,2% sous l’effet de la reconstitution des stocks : ce mouvement est plus particulièrement visible dans le commerce (+5,8%), l’industrie manufacturière (+3,2%), et les transportsentreposage (+3,2%)

Le taux de marge se redresse légèrement à 21,6%, mais le manque d’activité pèse sur les taux de rentabilité économique et financière, qui stagnent en 2014 d’autant qu’en 2012 et 2013, les charges de personnel ont progressé plus vite que la valeur ajoutée ; en 2014, les charges de personnel augmentent moins que la valeur ajoutée (respectivement 2% et 2,2%), alors que la pression fiscale s’allège de 1,2% ; sous ces deux effets, l’Excèdent Brut d’Exploitation augmente de 3,5%, et le taux de marge s’améliore de 0,3 point de pourcentage à 21,6%.

Les 10% d’entreprises ayant le taux de marge le plus faible ont naturellement tendance à être plus nombreuses à faire l’objet d’une liquidation judiciaire l’année suivante que celles des autres classes (jusqu’à vingt fois plus en 2007) ; d’ailleurs, le taux de marge des 10% des PME les plus fragiles se dégrade fortement à partir de 2007, pour atteindre des niveaux très négatifs en 2012 ; à l’inverse, les 10% des PME les plus saines maintiennent dans la plupart des secteurs, voire augmentent, leur taux de marge.

En 2014, la rentabilité économique reste atone en raison du manque d’activité que ne compense pas la faible amélioration du taux de marge (elle reste inférieure de près de 3 points à son niveau d’avantcrise) ; la rentabilité financière des PME indépendantes est plus élevée que celle des PME constituées de plusieurs entités.

L’investissement se stabilise en 2014 (+0,2%) après s’être fortement dégradé en 2012 et 2013 ; le taux d’investissement (rapport entre investissement et valeur ajoutée)  poursuit le recul entamé en 2011 (point haut de la période récente à 19,1%) pour atteindre 14,6% en 2014.

La stabilité apparente de l’investissement masque cependant une hétérogénéité sectorielle importante : dans l’industrie manufacturière (+8,4% en 2014, contre –2,2% et −5% les deux années précédentes), compensé en grande partie par un recul dans le commerce (−5,8%). Il est également robuste dans la construction (+3,6%) ainsi que dans le secteur des transports et entreposage (+1,7%) ; enfin, dans le soutien aux entreprises, seul secteur dans lequel les PME avaient affiché un investissement en croissance en 2013, il se replie (−3,9%).

La structure financière des PME reste stable.

Près des deux tiers des entreprises étudiées ont dégagé un résultat supérieur à celui de 2013, et près de 81% un résultat positif ; il est en hausse de 9% au regard de 2013. La rémunération des actionnaires reste stable par rapport à 2013, année durant laquelle les dividendes versés s’étaient exceptionnellement contractés.

Les capitaux propres, qui se renforcent encore en 2014 pour atteindre 42% de l’ensemble de leurs ressources, constituent leur premier poste de financement ; cette hausse des capitaux propres s’opère par incorporation aux réserves de la fraction du résultat de l’année antérieure non affectée aux actionnaires ; plus de la moitié de cet apport en fonds propres est incorporé aux réserves disponibles en 2014, qui contribuent ainsi pour 3,5 points de pourcentage à la hausse de 6,4 points des capitaux propres ; l’affectation aux réserves à caractère réglementaire est structurellement plus faible, mais leur volume total représente souvent, voire excède un tiers du résultat cumulé des PME.

L’endettement bancaire (dont le crédit-bail) prédomine dans la structure  d’endettement des PME pour 63% (68 en 2008) ; la part du financement assurée par le marché reste modeste (émissions obligataires essentiellement), tandis que la dernière composante de l’endettement financier des PME correspond à du financement intragroupe et à des dettes diverses (emprunts participatifs, billets de trésorerie, etc.) ; ces derniers instruments sont en général peu utilisés en raison des coûts qu’ils représentent pour de petites structures.

De 2004 à fin 2008, l’endettement des PME progresse, avec une augmentation de l’effet de levier financier ; en 2009, l’ajustement de court terme à la situation de crise se fait en priorité ; à partir de 2011, le développement de l’endettement financier ralentit peu à peu (forts replis du crédit bancaire à court terme). Le niveau limité de la demande de crédit apparaît globalement cohérent avec l’atonie des dépenses d’investissement en 2014.