Des changements manifestes de modes de consommation où économie budgétaire et préoccupations de l’environnement se mêlent


« Evolutions du comportement des français face au développement de l’économie circulaire : analyse synthétique des études quantitatives portant sur les modes de vie et les aspirations de la population française », ADEME/Credoc, juin 2014

 Un changement dans les modes de consommation :

* La consommation de matière pour satisfaire les besoins économiques de la population diminue : chaque habitant, dans sa vie de tous les jours, mobilise aujourd’hui moins de matière (12,1 tonnes par an) qu’il y a 20 ans (14,3 tonnes), du fait de la tertiarisation de l’économie, de l’amélioration de l’efficacité de l’appareil productif, de la contraction de l’économie et des contraintes financières pour les ménages.

* 65 à 80% des consommateurs valorisent l’idée de faire durer les objets qu’ils souhaitent acheter ; 76% se disent insensibles aux effets de modes (76%) ; la consommation impulsive chute (48% déclarent qu’il leur arrive de faire des achats « coup de tête », contre 61% en 2010 et 56% en 1992).

* Le rapport à la propriété des objets évolue

* Une plus grande sensibilité à l’environnement, boostée par la préoccupation des maladies graves, mais cette préoccupation semble s’éroder depuis la crise parmi les jeunes générations,

Depuis une quinzaine d’années, les consommateurs sont de plus en plus sensibles à l’origine de fabrication des produits et ils ont davantage tendance à privilégier des produits fabriqués en France ; les deux tiers se disent prêts à payer ces produits plus chers (contre 39% en 1997) ; le fait d’être produit dans la région est incitatif pour 71% des consommateurs (contre 55% en 2000) ; les motivations sont à la fois écologiques, sociales (soutien à l’emploi) et liée à l’idée que les produits sont de meilleure qualité.

 

Autant d’éléments qui favorisent l’économie circulaire, mais des freins existent :

* la peur du chômage et de la pauvreté détournent, en partie, l’attention de l’environnement ;  la proportion de Français considérant que « la croissance économique devrait être la priorité, même si cela a un impact sur l’environnement » a nettement progressé depuis la crise, jusqu’à devenir majoritaire aujourd’hui (53% en 2012, contre 41% en 2009).

* Les années récentes, marquées par une forme de « ras-le-bol » fiscal, la défiance vis-à-vis de l’intervention de l’État dans l’économie font que seulement 37% des français se disent prêts à payer plus de taxes directement affectées à la défense de l’environnement

* Les consommateurs se méfient des informations sur les produits présentés comme respectant l’environnement ; ils ne distinguent pas toujours clairement les labels officiels

* L’inertie au changement : 70% disent qu’ils préfèrent plutôt la tranquillité que le changement ; 91% déclarent qu’ils sont plutôt prudents.

 

« Les consommateurs contribuent-ils à la boucle vertueuse de l’économie circulaire par leur comportement vis-à-vis des produits et des déchets ? »

* Les consommateurs privilégient le rapport qualité-prix à l’environnement : en 2012, 84% des consommateurs disent qu’un prix compétitif est un élément décisif de la décision d’achat contre 70% en 2001 ; par ailleurs, seuls 36% se disent prêts à payer 10% plus cher des produits reconnus comme préservant l’environnement, alors qu’ils étaient 66% en 1994.

 

* Ils se préoccupent de plus en plus des déchets et des emballages

Aujourd’hui, l’industrie des matières premières (métaux, verres, papiers, cartons) est approvisionnée en France à 50% par des matières issues du recyclage ; en 2010, le secteur de la récupération représentait un chiffre d’affaires de 11,4Md€, en progression de 8,5% par an sur les douze dernières années ; entre 2003 et 2010, la proportion de personnes qui déclarent être attentives à la quantité de résidus que leur achat occasionnera est devenu majoritaire, passant de 41% à 52%.

* La pratique de tri des déchets est de plus en plus ancrée : 71% déclarent trier systématiquement les piles (30% en 1998) ; 69% mettent systématiquement de côté les papiers journaux (contre 37% en 1998), 76% jettent à part le verre (contre 65% en 1998) ; 82% des Français déclarent trier la plupart de leurs déchets pour le recyclage et 47% faire un compost avec les déchets de leur jardin ou de leur cuisine.

Si la production de déchets par habitant a doublé entre 1960 et 2002 (passant d’environ 175 Kg par habitant à 359 Kg en 2002), il diminue depuis (290 Kg en 2011).

 

* Le souhait d’allonger la durée de vie des objets par la réparation : une personne sur deux fait souvent ou toujours réparer ses appareils électroménagers, hi-fi, vidéo ou informatiques plutôt que d’en acheter de nouveaux ; 35% font réparer leurs chaussures chez le cordonnier.

* Acheter et vendre d’occasion : 75% des consommateurs ont acheté des produits d’occasion en 2012, contre 59% en 2004 ; d’ailleurs, les magasins proposant des produits d’occasion bénéficient d’une bonne réputation auprès de leurs clients (95% une bonne image dont 45% une très bonne image). Toutefois, le prix d’achat est la raison principale et non la cause environnementale.

* 88% des Français ont déjà fait un don de vêtements ou de chaussures à une association, 79% un livre, un CD ou un DVD, 75% des jeux ou des jouets, 68% un meuble, 67% un téléphone mobile, 61% du gros électroménager, 61% un objet de décoration, 57% du matériel informatique

* Par ailleurs, 11% disent faire du troc « régulièrement » ou de « temps en temps », sans progression depuis 1995 (12%).

14% déclarent avoir déjà acheté un produit à plusieurs (amis, collègues, voisins) et en partager l’usage

38% déclarent parfois récupérer des objets jetés ou déposés sur les trottoirs

20% louent souvent ou toujours des outils de bricolage

 

« Dans quelle mesure les consommateurs contribuent-ils à la sobriété de l’économie circulaire par leurs pratiques de vie ? »

 

* Les Français veillent davantage à leur consommation d’eau : Les Français consommaient en moyenne 150 litres d’eau par jour en 2009 ;  depuis 15 ans, les volumes d’eau prélevés pour les ménages ont baissé de 3%, alors que dans le même temps la population progressait de 7%.

La proportion de personnes déclarant avoir volontairement économisé l’eau du robinet chez eux au cours des douze derniers mois est passée de 52% en 1995 à 66% en 2010, une prise de conscience qui touche aussi les jeunes. Les plus sensibles aux enjeux écologiques sont 80% à économiser l’eau du robinet (61% en 1995).

 

* Ils s’efforcent de faire des économies d’énergies dans le logement

81% des ménages cherchent à réduire leur consommation (dont 20% beaucoup) ; cette intention se traduit plutôt dans des petits gestes comme le fait d’éteindre davantage les lumières, d’utiliser des ampoules à économie d’énergie, baisser le chauffage dans les pièces inoccupées, moins utiliser les radiateurs d’appoint et même porter des vêtements plus chauds pour pouvoir baisser la température. C’est l’augmentation du coût des énergies qui motive le plus les ménages à réduire leur consommation, de façon croissante depuis 2009 (44% en 2009, 57% en 2010, 63% en 2011), loin devant les considérations écologiques ou même de recherche de confort.

67% prennent en compte le caractère économe en énergie d’un appareil dans leur logique d’achat ; en 2013, un quart de la population a installé des équipements utilisant des énergies renouvelables (solaire, bois…) ; toutefois, la crise économique tend à accroître les petits gestes d’économie d’énergie, mais à reporter les décisions d’investissement.

Depuis une dizaine d’années, après avoir progressé jusqu’en 1995, la consommation finale d’énergie destinée au chauffage des résidences principales a diminué de 11%, alors que le nombre de ménages a progressé de +19%.

 

* Le tout automobile est questionné : entre 1990 et 2009, le parc a progressé de 33% passant de 23 millions de véhicules à 31 millions en 2009, surpassant très largement la croissance de la population dans la période (+10%) ; de 21% en 1953, le taux d’équipement des ménages en automobile est passé à 58% en 1970, à 77% en 1990 puis 83% en 2008 ; 36% des ménages ont ainsi une 2éme voiture.

Toutefois, le parcours annuel moyen des voitures particulières est passé de 14 031 km en 2001 à 12 791 km en 2009; à l’inverse, les transports urbains ou ferroviaires ont pris de l’importance.

L’âge moyen d’un véhicule est passé de 6 ans en 1990 à 8 ans depuis 2006 ; les français n’hésitent pas à choisir un véhicule d’occasion (62% des automobiles en circulation en 2008, contre 50% en 1990). Les consommateurs tendent à choisir des voitures moins puissantes (les voitures de moins de 6 chevaux représentent 79% des immatriculations neuves en 2009, contre 62% en 2003).

70% se déplacent à pied ou à vélo, 53% utilisent les transports en commun, 20% pratiquent le covoiturage.

 

* La consommation de produits bio progresse : 64% ont consommé bio dans l’année en 2010, contre 31% en 1995 ; la diffusion du bio se confirme dans toutes les catégories de la population, y compris les ménages modeste ; la santé (90%) et la sécurité (87%) constituent les principales motivations d’achat d’aliments bio avec la qualité et le goût (87%), et la préservation de l’environnement (84%). Le chiffre d’affaires des ventes au détail de produits biologiques, dans le seul champ alimentaire, a ainsi été multiplié par 2,5 entre 2005 et 2012, passant de 1 564M€ en 2005 à 4 004M€ en 2012.