Les ETI connaissent elles aussi un net ralentissement ; les services aux entreprises ont pris le pas sur l’industrie


« Les ETI, leviers de la croissance en France, cinq ans après leur création, quel bilan et quelles perspectives ? » KPMG/ASMEP, non daté, lu avril 2013

 L’analyse quantitative a été conduite à partir des données disponibles dans la base Diane depuis 2003 jusque 2010 (voire 2011 pour seulement les tendances) ; l’étude s’appuie sur plusieurs sources et rapports publiés récemment sur les Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI).

Ont été exclues du champ de l’étude les sociétés des secteurs banque, assurance, agriculture et appartenant à l’Etat, les filiales des grands groupes, les filiales d’entreprises étrangères ne répondant pas aux critères des ETI, mais pas les holdings dont le portefeuille de participations (essentiellement dans des PME) satisfait aux critères des ETI.

Les Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI) doivent répondre à un triple critère d’appartenance : des effectifs compris entre 250 et 5 000 salariés, un chiffre d’affaires qui se situe entre 50 millions et 1,5 milliard d’euros et un total du bilan dont le niveau peut s’étager de 43 millions à 2 milliards d’euros. Toutefois, toute entreprise respectant au moins deux de ces trois critères est considérée comme une ETI

 

Dans une étude publiée en mars 2012, l’Insee recensait près de 4 600 ETI (4,9% des entreprises en France) ; si l’on fait abstraction des ETI implantées en France détenues par des groupes étrangers, on en dénombre 3 093 en 2010. Les ETI représentent 23% de l’emploi salarié, 25% de la valeur ajoutée et 33% des exportations de la France.

 

Un constat s’impose : ce groupe est marqué par une forte volatilité ; en moyenne, entre 2003 et 2011, 18% de la population des ETI fait son apparition dans la catégorie chaque année. La majorité des entrées s’effectue dans la tranche de 250 à 350 salariés, puis pour une 2éme catégorie du fait du fort développement du chiffre d’affaires, bien que n’atteignant pas l’effectif de 250 salariés ; très peu d’entrées se font par le haut (moins de quatre entreprises par an).

L’industrie manufacturière (32 % des ETI) est sous-représentée dans les entrées d’ETI (25% des entrées) ; à l’opposé, le secteur des services présente le mouvement d’entrées le plus important (34%), alors qu’il ne représente que 28% du total des ETI ; entre 2003 et 2011, les ETI qui entrent dans le groupe sont en moyenne 60% à le faire pour la première fois.

Les sorties représentent également en moyenne 18% du total des ETI chaque année ; au final, sur la période 2003-2011, près de la moitié des ETI est sortie du groupe au moins deux fois. 34% des sorties ont concerné le secteur des services, puis l’industrie manufacturière (29%). Sur l’ensemble des mouvements analysés, les sorties à caractère définitif représentent près de la moitié du total des sorties.

En d’autres termes, Il y a donc un réel mouvement de va-et- vient dans le groupe, qui concerne en grande majorité la catégorie des entreprises de 250 à 350 salariés.

 

39% des ETI sont ainsi dites « volatiles ». Les 61% de « récurrentes » (effectif moyen de 615 salariés) sont pour 44% des permanentes, 11% des récentes et 6% des super-performantes ; au sein de ces super-performantes, 82% appartiennent aux secteurs de l’immobilier-location-services aux entreprises (31%), de l’industrie manufacturière (29%) et au commerce/réparations automobiles et d’articles domestiques (21%).

 

Interrogées en février 2013, 41% déclarent avoir augmenté leur activité, 36% l’avoir maintenu, et 23% avoir connu une baisse de leur activité.

44% anticipent une hausse de leur chiffre d’affaires dans les deux prochaines années (contre 56% en mars 2011), et 10% une baisse (contre 2% en mars 2011). Plus inquiétant, 24% des ETI ont connu une baisse de leur activité depuis deux ans et anticipe la même tendance pour l’avenir.

 

Sur le plan de l’emploi, si la majorité des ETI prévoit d’augmenter (15%) ou de maintenir (68%) les effectifs dans les deux prochaines années, 17% anticipent une diminution. Cela contraste avec la situation constatée en 2011, quand seules 5% des ETI prévoyaient une baisse de leurs effectifs, et 27% une augmentation.

 

57% anticipent un maintien de la rentabilité à deux ans, 29% une amélioration (39% en mars 2011).

45 faillites ont été comptabilisées ; le taux de défaillances des ETI tend à dépasser celui des PME.

 

Le modèle des ETI repose sur l’innovation, le partenariat, l’internationalisation et la croissance externe :

L’innovation est perçue par 90% des dirigeants d’ETI comme le principal vecteur de développement. L’innovation doit être comprise au sens large : l’innovation produit, permettant une amélioration permanente de la qualité, un élargissement de la gamme de produits ou services, une différenciation de l’offre par rapport à celle des concurrents ; l’innovation process, commerciale, et les innovations sociales sont intégrées comme innovation.

 

Selon le Fonds Stratégique d’Investissement (FSI), les ETI concentrent un quart des dépenses de R&D .

 

70% font appel à des partenariats : cette ouverture est assez spécifique des ETI. Les partenariats les plus fréquents sont noués avec des universités ou grandes écoles (32% des ETI), avec des réseaux d’entreprises (23%) ou avec leurs clients ou sous-traitants (21%).

Les ETI constituent 18% des établissements des pôles de compétitivité ; 95% exportent leurs produits, contre 60% pour les PME membres de pôles.

 

Les ETI sont tournées vers l’international : cette présence peut prendre plusieurs formes : l’exportation, l’implantation (rachat ou la création de filiales), les partenariats et joint ventures.

Leur chiffre d’affaires à l’export a augmenté depuis 2003, même si son poids sur l’activité totale a peu évolué, passant de 17% en 2003 à 21% en 2011. Les ETI exportatrices sont majoritairement issues du secteur de l’industrie (huit sur dix).

en 2011, environ 60% du chiffre d’affaires à l’étranger est réalisé dans un pays de l’Union européenne ; 22% y ont une filiale. Par ailleurs, 11% des ETI possèdent au moins une filiale en Asie et 4 % en Amérique latine.

 

Interrogées en février 2012, 29% des ETI avaient réalisé une opération de croissance externe dans les cinq années précédentes (45% des ETI de plus de 1 000 salariés). Un an après, ce sont 17% des ETI qui ont réalisé une opération de croissance externe dans les deux dernières années. 21% prévoient d’en réaliser une autre d’ici deux ans. Cette proportion grimpe à 59% chez les ETI qui ont déjà réalisé des opérations de croissance externe et à 32% pour les entreprises qui sont en croissance.

Les principales motivations citées par les dirigeants pour jouer la croissance externe sont : augmenter le chiffre d’affaires et la part de marché (38%), s’implanter sur de nouveaux marchés (35%), atteindre une taille critique et gagner en rentabilité (21%), acquérir des compétences (17%).

La croissance externe représente le facteur discriminant pour passer du statut de PME à celui d’ETI.

 

Ce phénomène de concentration s’est particulièrement vérifié en Allemagne pendant la période 1996-2006, décennie au cours de laquelle sept entreprises sur dix ont racheté une PME ou procédé à une fusion.

 

Les ETI super-performantes (185 en 2010) satisfont à la fois un critère de longévité dans la catégorie ETI et un critère de performance (être dans le décile des ETI récurrentes les plus profitables) ; qu’est-ce qui les différencie des autres ETI ?

– Jusqu’en 2007, on pouvait identifier une corrélation positive entre la taille de l’ETI et sa performance. La crise semble avoir changé ce phénomène, au profit des sociétés plus petites ; ainsi, en 2010, le quart des ETI qui surperforment, appartient à la catégorie 350-999 employés et 31% à la catégorie des moins de 250 salariés (contre 17% pour l’ensemble des ETI). Sur la période 2007-2010, l’effectif total des ETI super-performantes a diminué de 11%, quand l’effectif moyen diminuait de 9% et de 3% pour les récurrentes ; les ETI super-performantes se sont adaptées au nouveau contexte économique en diminuant leurs effectifs, mais de 2010 à 2011, l’effectif moyen a augmenté de 14 %.

– Leur chiffre d’affaires total a augmenté de 9% entre 2007 et 2010 (contre une baisse de 14% pour l’ensemble des ETI) et le chiffre d’affaires à l’export augmentait de 22%.

– La marge sur l’excédent brut d’exploitation, elle aussi augmenté de deux points entre 2007 et 2010.

Le secteur de l’immobilier, location et services aux entreprises est celui qui rassemble le plus d’ETI surperformantes (43,5% contre 28 % dans le total des ETI), alors que jusqu‘en 2009 c’était l’industrie.

Leur taux d’investissement est de 25% en moyenne contre 20% pour les autres catégories

 

Deux formes de management coexistent au sein des ETI françaises :

La moitié des ETI ont un mode de gestion des ressources humaines très proche de celui des PME, avec des circuits de décision très courts ; selon la DGCIS, près des deux tiers des ETI nationales sont patrimoniales (le capital est détenu de manière significative par une ou plusieurs personnes physiques) et 40 % sont familiales.

Pour l’autre moitié, le mode de management s’inspire du modèle des grandes entreprises ; ces entreprises mettent en place des systèmes de rémunération élaborés : intéressement, participation, dividendes, association au capital.

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Comment financent-elles ces investissements ?

Elles restent culturellement des « grosses PME » en privilégiant l’autofinancement et le crédit bancaire :

 

Autofinancement

Emprunt

bancaire

Financement

public

Ouverture

du capital

Cotation

en bourse

En premier

52

26

12

4

1

En premier ou second

52

51

19

6

1

Projet recherche financement

pour les 2 années à venir

 

61

32

22*

1

* 8 % envisagent d’ouvrir leur capital à des fonds d’investissement, 7 % à la famille ou à des salariés

 

Les méthodes traditionnelles de financement des ETI sont appelées à évoluer pour financer les investissements et les opérations de croissance externe, mais aussi parce que les nouvelles règles prudentielles qui affectent progressivement les banques (Bâle III) et les assurances (Solvency II) vont modifier en profondeur les conditions auxquelles ces institutions, traditionnels soutiens des ETI, vont pouvoir continuer à les financer.

Pour 78% des ETI, les principaux freins au développement sont liés à la conjoncture économique et à l’environnement concurrentiel, puis la hausse des coûts d’achat et des matières premières (32%), tout particulièrement dans l’industrie (46%) ; le financement (20%) et la fiscalité (12%) apparaissent comme bien moins importants.