Les groupes d’entreprises exportent nettement plus que les entreprises indépendantes.


"Les PME structurées en groupe sont plus ouvertes à l’export que les indépendantes " Insee Analyses Haurs de France N° 99, septembre 2019

Méthodologie : Afin de comprendre l’influence des caractéristiques individuelles des PME régionales françaises sur leur probabilité de devenir exportatrice, une analyse statistique (méthode de régression logistique) portant sur l’ensemble des PME régionales françaises qui n’ont pas exporté entre 2010 et 2014, a été mise en œuvre.

Sources : LifiUs (liaisons financières entre unités statistiques) recense toutes les entreprises en tant qu’unités statistiques; une entreprise indépendante sera donc présente au même titre qu’un groupe pour lequel toutes les données de ses filiales (tête comprise) seront sommées.

La Banque de France réalise par ailleurs chaque année une cotation des entreprises permettant d’apprécier la capacité d’une entreprise à honorer ses engagements financiers à un horizon de trois ans. Celles-ci doivent réaliser un chiffre d’affaires supérieur à 750 000€.

 

La position géographique des Hauts de France conduit au fait que plus d’entreprises exportent; on y trouve notamment plus de groupes d’entreprises du fait de la proximité de la Belgique. Au-delà du cas des Hauts-de-France, cette approche permet une vision assez complète de l’export.

 

En 2015, 166 000 TPE et PME régionales, entendue au sens de la loi de modernisation de l’économie, comprend 160 000 entreprises indépendantes (96% des entreprises).

Les 6 000 autres sont des groupes composés en moyenne de 2,5 unités légales; leur part dans l’ensemble des PME est plus importante dans la région qu’en France de province, notamment celle des groupes sous contrôle étranger, du fait de son positionnement géographique et de son économie davantage tournée vers l’industrie.

 

6,5% ont une activité d’exportation de biens et/ou de services (10 830 entreprises), supérieure à la moyenne France/province (5,9%) et un chiffre d’affaires à l’export de 6,3Md€.

38,3% des groupes exportent en 2015 contre 5,3% des indépendantes. 32,5% des groupes franco-français exportent contre 61,3% des groupes français multinationaux et 70,8% des groupes sous contrôle étranger multinationaux; dans ces deux derniers cas, les échanges commerciaux entre sociétés d’un même groupe sont comptabilisés comme un export intra-groupe et peuvent en partie expliquer cette proportion plus importante.

 

Bien qu’ils ne représentent que 21% des PME régionales exportatrices, les groupes ont exporté 69% du chiffre d’affaires à l’export (de 6 points supérieure à celle de France de province). Les 2 310 groupes ont ainsi exporté 4,4Md€, contre 1,95Md€ pour les 8 500 indépendantes. Les groupes sous contrôle étranger multinationaux ont exporté à eux seuls 2,2Md€ soit 34,6% du montant total exporté (de 11 points supérieure à celle de France de province).

 

Par ailleurs, les groupes multinationaux français et sous contrôle étranger exportent pour des montants très nettement supérieurs à ceux des groupes franco-français et des indépendantes. Le chiffre d’affaires médian à l’exportation s’élève ainsi à 1,47M€ pour les multinationales sous contrôle français, à 570 000€ pour les multinationales sous contrôle étranger, à 120 000€ pour les groupes franco-français et à 20 000€ pour les indépendantes.

 

L’activité d’export est très concentrée autour de quelques entreprises : 1% des PME exportatrices (une centaine d’entreprises), totalisent 40% du chiffre d’affaires total à l’export, comme en France de province; ce sont surtout des groupes : parmi les 1% plus gros exportateurs, 90% sont des groupes, et plus de 50% sont sous contrôle étranger (contre respectivement 80% et 34% en France de province).

 

Un groupe a ainsi une probabilité de passer à l’export nettement supérieure à une PME indépendante, surtout lorsqu’il est multinational.  D’autres déterminants jouent également positivement sur le fait d’être primo-exportateur : la taille de la PME (en nombre de salariés), certains secteurs notamment industriels, une rentabilité importante et un taux d’investissement inférieur à 5% et le fait d’être frontalier. Ainsi, 53% sont situés dans une zone d’emploi ayant une frontière avec la Belgique, le premier partenaire commercial de la région (24% du montant total régional y est exporté, contre 8% en France métropolitaine); à l’inverse, la part d’établissements des PME exportatrices est plus faible dans la moitié ouest et sud de la région, où l’économie est davantage présentielle.

D’autres facteurs jouent plutôt défavorablement dans le passage à l’export, notamment le fait d’être implanté dans des secteurs de services, une ancienneté de plus de 5 ans.

 

Noter aussi que les indépendantes exportatrices ont des taux de marge bien plus faibles que les non exportatrices (15,4% contre 21,5%); cette différence est plus modeste pour les groupes (taux de marge de 16,6%). Cette fragilité financière des indépendantes se reflète dans la cotation des entreprises que réalise chaque année la Banque de France. En 2015, sur les 8 520 PME indépendantes exportatrices que compte la région, 2 400 entreprises ont fait l’objet d’une cotation; la moitié d’entre elles sont en fragilité financière et un tiers ont une cotation d’assez faible à très faible, et 13% sont en redressement ou liquidation judiciaire.

 

Les PME exportatrices emploient en moyenne davantage de salariés que les non exportatrices, qu’elles soient des groupes ou des indépendantes. Le CA total d’une indépendante qui exporte dans la région est ainsi 5,4 fois plus élevé qu’une indépendante non exportatrice. Celui d’un groupe exportateur est deux fois plus important qu’un groupe qui n’exporte pas.
D’autre part, les groupes exportateurs emploient en moyenne 7 fois plus de salariés que les indépendantes exportatrices. Ils réalisent un CA global 7 fois supérieur et un CA à l’export plus de 8 fois supérieur.

 

Les PME du secteur industriel réalisent 52% du CA à l’export (une part supérieure de 7 points à celle de France de province). C’est notamment dû aux industries textile, de l’habillement et de la chimie ainsi qu’à la métallurgie et la fabrication de produits plastiques et caoutchouc. Ces secteurs représentent en effet 28% du CA global à l’export des PME dans la région contre 19% en France de province.
Les groupes réalisent 63% de leur CA global à l’export dans l’industrie contre 27% pour les indépendantes. Ils se tournent davantage vers l’export en raison des coûts d’entrée et de l’intensité capitalistique relativement élevés dans l’industrie.

Les groupes disposent ainsi d’un avantage comparatif conséquent en termes de taille d’effectifs et de ressources financières par rapport aux indépendantes.

 

Pour en savoir davantage : https://insee.fr/fr/statistiques/4211612