Une typologie des tiers-lieux tout d’abord :
– les centres d’affaires : les premiers tiers-lieux professionnels à proposer salles de réunion ou bureaux équipés, en général pour une courte période, mais aussi des services de domiciliation, d’accueil téléphonique ou de secrétariat, traditionnellement installés dans les quartiers d’affaires ou en centre-ville ; les opérateurs, privés, sont en majorité des indépendants mais les grandes chaînes dominent le marché : Régus, Servcorp, Multiburo, Atéac.
– les télé-centres : ce sont des bureaux partagés de proximité qui visent à héberger surtout des télétravailleurs permanents, en majorité des salariés et implantés en zones rurales ou péri-urbaines ; de nombreuses collectivités ont perçu l’intérêt de les développer notamment dans les zones rurales ou péri-urbaines pour maintenir les actifs sur place et d’éviter l’aspect « ville-dortoir », tout en leur évitant les trajets pendulaires.
– les espaces de coworking : ce sont des espaces de travail partagés, en général urbains et utilisés par de travailleurs indépendants (free-lance, créateurs d’entreprises, autoentrepreneurs) ou de petites entreprises (start-up, TPE,…). Ces lieux favorisent un état d’esprit collaboratif, encourageant l’échange, l’ouverture, la création de réseaux, générant si possible des synergies d’affaires, et dans cette optique organisent de nombreuses animations.
– les ateliers de fabrication numérique (AFN), ou « ateliers partagés », dont font partie les « fab labs » (laboratoires de fabrication), sont des lieux collaboratifs qui mettent à disposition de non-spécialistes toutes sortes d’outils, notamment des machines à commande numérique destinées à la conception et la réalisation d’objets, des imprimantes 3D, avec une notion importante d’accompagnement. Ce sont surtout des lieux urbains, associatifs, parfois liés à des universités, des centres de recherche, ou des collectivités publiques et soutenus par des fonds publics et/ou privés.
Cette segmentation des différents lieux s’avère trop théorique ; les différents modèles s’hybrident et l’on observe une mixité des usages.
138 tiers lieux en Ile-de-France dont 56% à Paris : 77 sont implantés à Paris, notamment dans les arrondissements du Nord-Est de la capitale (9, 10, 11 et 12èmes arrondissements), en raison des loyers moins élevés et de la forte présence d’une population d’indépendants et de free-lance des secteurs web et création. Pour les mêmes raisons, la Seine-Saint-Denis concentre 14 lieux (Montreuil, Saint-Ouen, Tremblay-en-France en particulier) ; 10 tiers-lieux dans les Yvelines (2 à Versailles). 9 dans les Hauts-de-Seine, notamment dans le sud du département (Malakoff, Issy-les-Moulineaux), mais aussi à Nanterre ; 9 en Seine et Marne, 6 lieux en Essonne et 4 en Val-d’Oise.
Selon la Caisse des Dépôts, la demande potentielle de télé-centres en Ile-de-France à l’horizon 2020 concernerait 150 000 télétravailleurs et supposerait de mettre en place un réseau de 200 télé-centres, dont 145 en grande couronne parisienne. Paris représenterait 22% de la demande francilienne, la première couronne 36% et la grande couronne 42%.
La société de conseil en organisation du travail LBMG Worklabs a créé Néo-nomade.com, outil de recherche et de réservation d’espaces de travail pour les travailleurs nomades : 84% de la demande concernent le coworking, 11% les centres d’affaires, et 5% les télécentres. 46% de la demande concerne Paris, 41 % la province et 13 % l’Ile-de-France hors Paris.
Les utilisateurs de tiers-lieux sont en large majorité des indépendants (62%), 38 % des salariés (52% issus de PME/TPE, 20% d’associations, 15% de grandes entreprises, 12% de collectivités).
La Région Ile-de-France a confié à La Fonderie, son agence de développement numérique, le soin d’accompagner la mise en œuvre de sa politique dans ce domaine : 4 appels à projets depuis 2012, ont visés à faire émerger des espaces de travail collaboratifs (télécentres, espaces de coworking, ateliers partagés); 68 projets (26 à Paris, 16 en Seine-et-Marne, 8 en Seine Saint-Denis, 6 dans les Hauts-de-Seine, 5 dans le Val-de-Marne, 2 en Essonne, 2 dans les Yvelines, 4 en Val-d’Oise) ont été financés pour un montant global de 4,6M€ (aide financière à hauteur de 50%, portant uniquement sur l’investissement pour le démarrage, et l’aménagement et l’équipement (local, matériel informatique,…). 56% des projets sont portés par des associations, 27% par des collectivités et 14% par des PME.
« Selon l’enquête « Global coworking Survey » sur la profitabilité des espaces de coworking dans le monde, seuls 40% des espaces étaient rentables en 2012, en raison de la jeunesse de ces structures, et la rentabilité était directement liée à la taille des espaces, les petites surfaces étant particulièrement difficiles à rentabiliser. En revanche, 70% des espaces de coworking de plus de 50 places étaient rentables. L’enquête montre en outre que plus une ville regroupe d’espaces, plus chacun d’entre eux devient rentable. Non seulement la rentabilité d’un espace n’est pas amoindrie par la présence d’autres espaces à proximité, mais plus le nombre d’espaces dans sa zone géographique est élevée, et plus elle augmente pour chaque espace.»
On compte par ailleurs 37 « fab labs » en Ile-de-France dont 17 à Paris et 9 dans des grandes entreprises.