La géographie économique française a connu trois grandes phases depuis la révolution industrielle
– de 1860 à 1930, la production manufacturière s’est concentrée au bénéfice des départements franciliens, rhônalpins et frontaliers du Benelux ; pendant cette période, la concentration géographique s’est faite à la fois à l’intérieur des régions (entre départements) et entre les régions
– de 1930 à 1980, l’activité industrielle s’est dispersée au profit de départements moins denses ; la valeur ajoutée s’est concentrée sur certains départements au sein des régions mais les inégalités de production se sont réduites entre régions
– les trois dernières décennies ont été marquées par une augmentation de la concentration spatiale des services (une part croissante de la valeur ajoutée totale) ; les inégalités spatiales de revenu disponible ont diminué entre régions, et entre aires urbaines, manifestant une dissociation entre géographie de la production et géographie des revenus ; ainsi en Ile-de-France, la part du PIB dans le total métropolitain est de 30%, tandis que celle du revenu disponible des ménages est de 22,5% en 2012. On observe ce même phénomène en Grande-Bretagne (avec le poids majeur de la région capitale), en Allemagne.
Le revenu moyen par habitant est substantiellement plus élevé dans les territoires urbains (particulièrement autour de Paris, des grandes capitales régionales et de la frontière suisse) que dans les autres territoires ; en 2011, le revenu fiscal médian déclaré était de 19 800€ dans les grandes aires urbaines, 17 800€ dans les aires urbaines moyennes, 17 400€ dans les petites et 16 800€ en zone rurale.
Pour autant, la dynamique est au rattrapage : entre 2002 et 2011, le revenu médian a augmenté près de deux fois plus vite en zone rurale que dans les grandes et moyennes aires urbaines.
L’essor de l’« économie résidentielle » et le poids des revenus non marchands dans la formation des revenus des territoires « périphériques », ajoutés à l’égalisation des salaires, ont fait contrepoids à la concentration métropolitaine de la valeur ajoutée.
La région PACA par exemple, accueille de nombreux retraités, bénéficie d’importants revenus du capital, à côté des prestations sociales ; autre exemple, le Limousin, l’Auvergne ou la Bourgogne bénéficient de dépenses publiques et sociales qui y jouent un rôle majeur.
Certes, la stratégie actuelle de réduction du poids des dépenses publiques et des transferts, affectera particulièrement les régions moins développées et les plus dépendantes de ces flux de revenus, et moins les régions alimentées avant tout par des revenus marchands.
Du côté de l’emploi, et malgré une grande hétérogénéité des situations locales, les grandes agglomérations ont mieux amorti l’effet de la crise de 2008 que les petites aires urbaines, plus marquées par des PME de l’industrie manufacturière fortement touchée par la récession, alors que l’emploi tertiaire très qualifié des grandes aires urbaines n’a que peu été affecté par la crise.
Les politiques de revitalisation passant par une diversification des activités et l’accueil d’activités nouvelles liées à l’arrivée des nouveaux acteurs comme les géants de l’internet, attirés par un foncier bon marché ont quelque peu rééquilibré la situation. La dispersion des taux de chômage territoriaux a diminué depuis 2000, après avoir fortement augmenté dans les années 1980 et 1990.
Une géographie de la production et de l’innovation plus « agglomérée » est plus efficace, plus productive et génératrice d’innovation et de croissance, grâce à trois phénomènes :
– un partage plus efficace des biens intermédiaires et équipements : concentration des sous-traitants et producteurs d’un secteur sur quelques territoires,
– un meilleur appariement sur le marché du travail local
– les externalités technologiques localisées : le regroupement d’entreprises de haute technologie favorise l’émergence de nouvelles connaissances et le développement d’innovations radicales.
« Mais inciter à des politiques de cluster sans identifier d’une part, les vulnérabilités éventuelles liées à l’excessive spécialisation et, d’autre part, les risques de congestion sur le foncier ou les transports, serait contre-productif. Pour assurer les gains de productivité liés à la géographie économique, il faut concentrer les investissements publics – logement, transport, universités – dans les zones d’emploi et départements fortement agglomérés où ces investissements auront un rendement élevé en termes de productivité sans créer de mono-activité. «
Mais ceci pose la question du devenir des zones peu denses.
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