Les PME de plus de 50 salariés ont préféré l’externalisation en France ou la création d’activité à l’étranger plutôt que la délocalisation.


"Les PME de 50 salariés ou plus qui délocalisent : principalement vers l’UE et via leurs filiales " Insee Première N°1760, juin 2019

Source : enquête Chaînes d’activité mondiales des PME 2016 réalisée par l’Insee dans le cadre d’un projet européen d’amélioration des connaissances en matière de stratégies d’internationalisation des entreprises coordonné par Eurostat.

Compte tenu de l’unité statistique étudiée, le champ français est différent de celui des seize autres pays ayant réalisé cette enquête. En France, l’enquête porte sur la période allant de début 2014 à fin 2016 et couvre le champ des PME des secteurs principalement marchands, non agricoles et non financiers, et dont l’effectif employé était supérieur ou égal à 50 salariés à la fin de l’année 2015. L’échantillon comprend 10 000 entreprises représentatives des 14 500 entreprises du champ de l’enquête.

 

Le petit nombre de PME inscrites dans la délocalisation visaient autant leurs activités support que leurs activités cœur de métier, alors que les activités nouvelles créées à l’étranger s’inscrivaient d’abord dans des activités cœur de métier.

 

Entre 2014 et 2016, 7,3% des PME de 50 salariés ou plus ont externalisé en France au moins une de leurs activités alors que  5,1% ont créé une activité nouvelle à l’étranger, et 1,9% ont délocalisé (2,6% l’ont envisagé sans le faire); par ailleurs 0,9% des PME ont relocalisé en France des activités réalisées à l’étranger.

⇒ Le profil des PME concernées :

♦ Celles qui sont les plus concernées sont les multinationales (ont au moins une filiale à l’étranger) soit 6,9% des PME concernées vs 0,7% pour les franco-Françaises, mais au sein des PME de plus de 50 salariés, elles ne sont que 19% des PME vs 81% pour les franco-Françaises.

 

♦ Ce sont aussi les entreprises hautement exportatrices (4%), vs les faiblement exportatrices (2,1%) ou les non exportatrices (0,7%), alors qu’elles sont respectivement 26, 26 et 48% des PME de 50 salariés et plus.

De fait, les 2/3 des PME ayant délocalisé entre 2014 et 2016 sont des multinationales; dans ce cas, elles délocalisent le plus souvent exclusivement en interne, dans leurs filiales : c’est le cas pour 7% de ces multinationales, tandis que 15% font uniquement appel à des partenaires externes et 8% combinent délocalisation en interne et recours à un prestataire externe.

 

Ce sont davantage les 100 à 249 salariés (2,4%) vs les 50-99 salariés (1,7%) alors que les 100-249 salariés sont 34% des ces PME et les 50-99 salariés 66%.

 

♦ En termes d’activité, ce sont les PME de l’information-communication (5,8%), puis l’industrie (3%) , et les autres activités (1,2%) , alors que leur importance respective au sein des PME de 50 salariés est 6, 27 et 67%.

 

⇒ Sont concernés l’activité support ou le cœur de métier ?

 

♦ L’externalisation en France concerne et de loin les activités support (84%), notamment les services administratifs (41%) et les services informatiques (40%), loin devant la logistique (24%), la commercialisation (15%), l’ingénierie (13%), voire la R&D (7%).

 

♦ A l’opposé, les activités nouvelles créées à l’étranger se focalisent sur le cœur de métier (77%), et moins les fonctions support (52%), pour lesquelles elles privilégient la commercialisation (31%) et à proximité les autres fonctions (entre 9 et 14%).

Les 2/3 des PME ayant créé ex nihilo des activités à l’étranger sont des multinationales. Pour 89% d’entre elles, ces activités sont exclusivement développées en interne. Les autres font uniquement appel à un prestataire externe (5%) ou combinent développement en interne et recours à un prestataire externe (6%).

Noter que les relocalisations se focalisent sur l’activité cœur de métier (70%) vs les activités supports (40%).

 

♦ Par contre les PME jouant la délocalisation jouent à proximité les activités support (59%) et les activités cœur de métier (57%), notamment les services administratifs (30%) et à proximité les autres services (8 à 15%).

 

⇒ Vers quels pays ces délocalisations ou création de filiales ?

 

Parmi les PME de 50 salariés ou plus ayant délocalisé, 70% l’ont fait vers l’Europe, dont 44% vers l’Union européenne des quinze et 24% vers les nouveaux États membres, une entreprise pouvant délocaliser dans plusieurs pays. L’Europe est également la destination privilégiée par les PME qui créent ex nihilo des activités à l’étranger : 57% d’entre elles l’ont fait en Europe, et 48 % dans l’UE.

 

L’Afrique, en raison de sa proximité avec la France et de l’usage du français dans certains pays, fait aussi partie des zones d’accueil privilégiées, aussi bien pour la délocalisation (22%) que pour la création ex nihilo d’activités à l’étranger (17%).

 

Parmi les PME qui créent ex nihilo des activités à l’étranger, 22 % choisissent les États-Unis et/ou le Canada. En revanche, celles qui délocalisent privilégient l’Inde et/ou la Chine (19%) aux États-Unis et/ou au Canada (7%).

Dans chaque zone d’accueil, les PME de 50 salariés ou plus sont plus nombreuses à délocaliser des activités support que leur activité cœur de métier, sauf en Afrique. En revanche, quelle que soit la zone d’accueil, la création ex nihilo d’activités à l’étranger concerne davantage l’activité cœur de métier.

 

⇒ Les entreprises déclarent avoir très peu réduit le nombre de postes à la suite des délocalisations :

 

Les suppressions nettes de postes à la suite de délocalisations représentent 0,06% de l’effectif employé fin 2016 par l’ensemble des PME de 50 salariés ou plus et 3% de l’emploi de celles qui ont délocalisé. 1 700 postes ont été supprimés en France dans les PME de 50 salariés ou plus et 700 ont été créés, soit un solde de 1 000 suppressions nettes sur 1 600 000 postes au total. La majorité des postes supprimés concerne l’activité cœur de métier (59%). Les postes relatifs aux activités support sont 41% des postes supprimés; les services administratifs sont les plus touchés (33% des postes supprimés chez les PME délocalisées).

Ces chiffres doivent néanmoins être interprétés avec prudence. Ils sont déclaratifs et estimés par les entreprises. De plus, ils ne représentent que les suppressions directes de postes au sein des entreprises ayant délocalisé, sans tenir compte de celles qui peuvent être induites chez les sous-traitants.

 

⇒ Motivations et obstacles à la délocalisation

 

♦ Les PME ont délocalisé surtout pour réduire les coûts de mains d’œuvre (72%), puis la réduction des autres coûts (41%) et l’accès à de nouveaux marchés (36%). Le manque de main-d’œuvre qualifiée en France ou l’accès à des compétences ou des technologies spécialisées sont  rarement cités (respectivement 15% et 16%).

 

♦ Les PME ayant délocalisé se sont principalement heurtées à quatre obstacles :

les barrières linguistiques ou culturelles (32%), l’inquiétude des employés et/ou des syndicats en France (32%), le besoin de proximité avec leurs clients (32%) et l’incertitude sur la qualité des biens et des services fournis à l’étranger (31%).

 

♦ Les PME qui ont envisagé de délocaliser sans le faire citent d’abord les barrières juridiques ou administratives (48%, contre 28% pour celles qui ont délocalisé), puis les coûts élevés par rapport aux gains attendus; les tarifs douaniers et les barrières commerciales sont peu cités.

 

⇒ 1,5 % des PME de 50 salariés ou plus ont relocalisé au moins une de leurs activités ou l’ont envisagé sans le faire,

du fait des difficultés managériales dues à l’éloignement, à la langue et/ou aux différences culturelles pour la moitié d’entre elles; deux PME sur cinq l’ont fait en raison des temps de livraison trop longs pour les clients et de la qualité insuffisante des biens et des services fournis à l’étranger.

 

Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4179307