Source : La base Fideli (Insee) est le résultat d’une exploitation et de retraitements à des fins statistiques des fichiers fonciers et fiscaux de l’administration fiscale. Cette base contient la quasi-totalité des individus assujettis à au moins l’un des deux impôts suivants : taxe d’habitation et/ou impôt sur le revenu.
Les partants des QPV de l’agglomération du Grand Paris optent largement pour un résidence hors QPV, devenant locataire du parc privé , voire propriétaire; leur taux de pauvreté est le plus faible des populations observées.
⇒ Les mobilités dans les QPV du Grand Paris en 2015
♦ Les 158 quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) de la métropole du Grand Paris (MGP) comptent 1,1 million d’habitants (15% de la population de la MGP vs 8% en France métropolitaine). Ces quartiers,principalement concentrés dans le nord de la métropole parisienne, se caractérisent par une proportion élevée de logements sociaux (70%), avec une faible mixité sociale. Or les migrations résidentielles renforcent la pauvreté de ces quartiers.
Rappelons que dans une autre note de l’Insee/Analyses Ile-de-France (N°99 de juin 2019), la part des cadres est passée de 24 à 32% dans la MGP, entre 1999 et 2015; elle s’est accrue notamment dans les quartiers en périphérie de Paris, facilement accessibles en transport en commun, mais peu au nord-est de la MGP.
♦ Au cours de l’année 2015, 9,7% des résidents en QPV de la métropole du Grand Paris a déménagé, que ce soit dans son quartier ou en dehors vs 11,8% des habitants des QPV en France métropolitaine. Le coût élevé du logement en Île-de-France est un facteur contribuant à freiner les parcours résidentiels.
Lorsqu’ils déménagent, ils privilégient la proximité ; la moitié s’installent à moins de 2,9 km de leur résidence antérieure, alors que 12% à s’installent dans le reste de l’Île-de-France et 11% en province. C’est dans le nord-est de la métropole, principalement dans le département de la Seine-Saint-Denis, que les habitants des quartiers déménagent le plus fréquemment, en lien notamment avec un grand nombre de projets urbains et une plus forte présence du parc privé.
Ils se répartissent alors en 3 catégories : ceux qui emménagent hors QPV (57 000), ceux qui quittent leur logement tout en restant dans leur quartier (30 000 personnes), ceux qui s’installent dans un autre quartier de la politique de la ville (18 000), soient 75 000 quittant le quartier. Mais un million (dont les 30 000 déménageant dans le quartier) ne quittent pas le quartier.
♦ Noter que le taux de mobilité est en général plus faible dans les quartiers dans lesquels le parc social est très développé; à l’inverse, il est naturellement plus élevé dans les quartiers visés par des opérations de renouvellement urbain nécessitant le relogement des habitants; c’est dans le nord-est de la métropole, principalement dans le département de la Seine-Saint-Denis, que les habitants des quartiers déménagent le plus fréquemment, en lien notamment avec un grand nombre de projets urbains et une plus forte présence du parc privé.
♦ Ceux qui arrivent dans les quartiers QPV sont 59 000.
⇒ Quelles caractéristiques ont ces résidents ?
♦ Les résidents stables ou qui ont déménagé au sein de leur QPV sont 1 million; 70% sont hébergés dans un logement social; le taux de pauvreté est de 37%.
♦ ceux qui partent
– Déménager au sein de son quartier (30 000 en 2015) est une situation plus fréquente pour les populations à faibles revenus . Les déménagements au sein du même quartier concernent en moyenne une personne mobile sur quatre (de 20% pour Paris à 31 % en Seine-Saint-Denis). Ces résidents restent pour les 2/3 dans le parc social; 43% vivent sous le seuil de pauvreté contre 29% pour ceux qui quittent leur quartier (c’est nettement moins le cas de Paris).
– Les habitants qui s’installent dans un autre quartier de la politique de la ville (18 000) ont également un faible niveau de vie : c’est le fait d’un sur quatre ; 42% vivent sous le seuil de pauvreté; en changeant de QPV, ils sont plus nombreux à accéder au parc social (68% vs 63 avant leur déménagement); les jeunes y sont nombreux (40% ont moins de 18 ans).
– Parmi les personnes qui quittent leur quartier, trois sur quatre (57 000) emménagent en dehors d’un quartier prioritaire. Ce sont souvent des jeunes ou d’âge intermédiaire, vivant seul ou en couple, sans enfant; ils disposent d’un niveau de vie médian supérieur aux résidents du quartier qu’ils quittent (16 568€ contre 14 033€ par an), leur permettant d’accéder à un logement, même dans le secteur social, au loyer plus élevé ou même de devenir propriétaire (14% étaient propriétaires dans leur quartier, ils sont 24% à accéder à la propriété en s’installant hors de leur QPV, et 33% pour les personnes qui s’installent en dehors de la MGP). En corollaire, la part de locataires du parc social diminue, passant de 60% avant déménagement à 35% après. Toutefois, 26% vit sous le seuil de pauvreté, seuls 10% sortant de la pauvreté.
♦ Ceux qui arrivent
– Parmi les personnes s’étant installées dans un QPV de la MGP, 71% (42 000) ne viennent pas d’un quartier prioritaire (de 65% en Seine-Saint-Denis à 83% à Paris). Ils sont plutôt jeunes, et touchés par la précarité (34%); pour une partie d’entre eux, l’installation dans un quartier prioritaire est tributaire de l’attribution d’un logement social; avant de déménager, seuls 28% résidaient dans le parc social contre 57% une fois installés. Leur niveau de vie médian est supérieur à celui des résidents du quartier (15 326€ contre14 033€).
– 29% de ceux qui arrivent (17 000) habitaient dans un autre QPV ; leur taux de pauvreté est élevé (44%) et le niveau de vie médian le plus faible des 4 populations observées (12 900€); 68% bénéficient d’un logement social; l’importance des moins de 18 ans y est l’une des plus fortes (38%, proche des 40% de ceux qui partent de leur QPV pour s’installer dans un autre QPV).
⇒ En conclusion
♦ Les migrations accentuent les difficultés sociales des quartiers, les personnes s’installant dans un quartier prioritaire disposant d’un niveau de vie plus faible que les résidents stables du quartier (entre 12 900 et 13 100 vs14 000€), avec des taux de pauvreté plus élevés (42 ou 44% vs 37). La part des habitants vivant sous le seuil de pauvreté parmi les résidents des QPV a augmenté entre 2015 et 2016, passant de 34,7% à 37,4%.
Cette situation est grandement celle de l’ensemble des QPV du Grand Paris, Paris faisant exception
♦ Alors que ceux ceux qui quittent leur QPV, plus nombreux que les arrivants, sont moins souvent exposés à la pauvreté (26% contre 37% pour les stables et 44% pour les nouveaux arrivés).