Source : première banque à adopter la qualité d’entreprise à mission, Crédit Mutuel Alliance Fédérale a contribué à cette étude en fournissant les données des comptes bancaires d’un échantillon d’entreprises choisi par tirage aléatoire et construit de telle sorte qu’on ne puisse pas identifier les entreprises.
La hausse des prix de l’énergie n’a pas eu d’effet direct notable sur la santé financière des TPE-PME.
Les dépenses énergétiques ont cru entre 2020 et 2023, en moyenne de 73%. Entre 2021 et 2022, la croissance moyenne des dépenses d’énergie est de 31% pour les PME et de 21% pour les TPE, ces dernières ayant souvent bénéficié du bouclier tarifaire (les TPE avec une capacité installée inférieure à 36kVA et disposant de contrat d’énergie à tarif réglementé ou à prix indexé sur le tarif réglementé ont bénéficié du bouclier).
Il a permis de contenir la hausse des prix énergétiques en limitant leur revalorisation, qui a lieu tous les semestres. Notons que l’augmentation des dépenses d’énergie était déjà soutenue entre 2020 et 2021 (20% pour les TPE et 27% pour les PME), sans doute sous le double effet de la reprise d’activité après l’année 2020 marquée par le Covid, et le début de la hausse des prix de l’énergie à l’automne 2021.
En moyenne, la croissance des dépenses d’énergie dans l’industrie manufacturière a été de 27% en 2022, une augmentation plus faible que celle observée par l’Insee (54%), qui ne prend en compte que les 20 salariés et plus et intègre les grandes entreprises.
L’hétérogénéité intrasectorielle a trois principales sources d’explication :
– dans tous les secteurs, le renouvellement des contrats fournisseurs intervient à des dates différentes et donc diversement exposées à la hausse des prix,
– au sein de chaque secteur, des entreprises peuvent être bénéficiaires du bouclier tarifaire,
– l’augmentation des dépenses d’énergie a également une composante « volume » propre à chaque entreprise, liée à l’accroissement de son activité.
D’après l’enquête de conjoncture de l’Insee (décembre 2022), près de 45% des entreprises de services et 17% des entreprises de l’industrie disposent d’un contrat d’électricité au TRV. Dans l’industrie, 44% des entreprises ont opté pour un contrat d’électricité à prix fixe dont la moitié disposait d’un contrat arrivant à échéance à la fin de 2022. Cette option a été retenue par 27% des entreprises de services dont un tiers a vu leur contrat arriver à échéance à la fin 2022. Enfin, 20% des entreprises disposent d’un contrat à prix variable dans l’industrie, contre 10% dans les services.
L’exposition énergétique des PME reste très faible :
L’exposition énergétique est mesurée par le rapport entre les dépenses d’énergie et le chiffre d’affaires de l’entreprise. Elle passe de 1,47% en 2021 à 1,80% en 2023 ; ces niveaux moyens cachent peu d’hétérogénéité selon la taille de l’entreprise : en 2021, l’exposition des PME était de 1,4% contre 1,7% pour les TPE.
On observe également une relative homogénéité entre les secteurs, dont les taux d’exposition respectifs excèdent rarement 2%, à l’exception du secteur des transports, bien plus gros consommateur de carburant, et à l’inverse quelques activités de service très faiblement exposées (activité spécialisée, activité immobilière, informatique, communication).
Parmi les entreprises fortement exposées, on trouve :
-dans le secteur des transports, les entreprises de transport routier, de fret interurbain ou de proximité,
-dans le secteur des arts, spectacles et activités récréatives, des entreprises gérant des activités liées au sport (installation et gestion des équipements sportifs),
-dans l’industrie manufacturière, des boulangeries artisanales,
– dans le secteur de l’enseignement, des auto-écoles,
– dans les services, les blanchisseries et les teintureries.
Quel impact sur la situation financière des TPE-PME ?
Globalement, celle-ci s’est légèrement dégradée depuis le début de l’épisode inflationniste. Si l’on observe une dégradation de la situation financière des TPE et des PME au cours de l’année 2022, à la fin de 2023, celle-ci retrouve quasiment son niveau du 3e trimestre 2021, avant la forte hausse des prix de l’énergie.
Un deuxième indicateur de santé financière : une hausse du nombre d’interventions bancaires sur les comptes des entreprises , à la suite d’un incident de paiement qui entraîne le dépassement du découvert autorisé, et ce depuis le 3e trimestre 2021, aussi bien pour les TPE que pour les PME ; les mêmes évolutions sont observées dans les entreprises les plus exposées aux dépenses d’énergie.
Les dépenses énergétiques des TPE ont augmenté en 2022 (21%) et en 2023 (4%) mais moins que celles des PME (31% en 2022 et 8% en 2023). La croissance des dépenses énergétiques des TPE par rapport aux PME est 17% plus faible grâce au bouclier tarifaire. Après la mise en place de dispositifs alternatifs, le niveau de dépenses énergétiques demeure plus faible pour les TPE.
Au total, on observe un faible effet direct de la hausse des prix de l’énergie sur le tissu des TPE/PME, dû à la faible exposition d’une grande majorité des entreprises vis-à-vis des dépenses d’énergie, à leur protection via différents dispositifs (bouclier tarifaire, mesures d’amortisseur, etc.), mais aussi, probablement, à un ajustement de la demande. Une partie des entreprises voient toutefois leur situation financière se fragiliser sans doute plus du fait de la hausse des coûts des intrants dans l’ensemble de la chaîne de production.
Pour en savoir davantage : https://www.cae-eco.fr/staticfiles/pdf/communique-de-presse-f104.pdf