Les entreprises industrielles Françaises sont moyennement positionnées dans le recours au numérique.


"Avec la numérisation des entreprises manufacturières, l’industrie du futur prend forme", DGE, le 4 pages N°86, décembre 2018

Le numérique transforme l’entreprise en modifiant ses processus, son organisation ou encore ses rapports avec ses clients et ses fournisseurs. Les dernières avancées technologiques (robotisation, systèmes d’intégration horizontaux et verticaux, informatique en nuage, données massives et cybersécurité), conduisent à une transformation qui nécessite un effort d’adaptation au sein des entreprises (investissements et formation).

 

⇒ Quels outils informatiques sont utilisés ?

 

Les progiciels de gestion intégrés (PGI), qui permettent le partage de l’information entre les différentes parties de l’entreprise, se généralisent dans l’industrie; selon Eurostat, les Pays-Bas sont le pays le plus avancé en la matière, avec 66% du secteur manufacturier équipé en 2017, suivis par la Finlande (61%) et par l’Allemagne (58%), la France (52%) devant la moyenne européenne (45%).

 

Les capteurs connectés (radio identification, RFID) apportent une extension matérielle enrichissant le système d’information et permet un suivi très précis de la chaîne de production; cette technologie, stratégique pour l’industrie, concerne selon Eurostat 17% des entreprises industrielles de l’Union européenne, mais seulement 14% en France vs  26% en Allemagne.

 

L’information sur la production peut également se partager avec les clients et les fournisseurs; il s’agit de l’intégration verticale du système de production, avec une automatisation des commandes et de la facturation via l’échange de données informatisé (EDI), les logiciels de gestion de la relation client (GRC) ainsi que les interfaces spécialisées de communication. Selon Eurostat, 33% des entreprises européennes en disposent vs 27% en France et 54% en Allemagne. 96% des entreprises Françaises qui disposent de la GRC l’utilisent pour conserver et communiquer en interne des informations relatives à leurs clients et 62% l’utilisent pour des fonctions commerciales, comme la détermination du prix ou le positionnement des produits vendus.

 

Selon Eurostat, 32% des entreprises manufacturières européennes utilisaient l’EDI en 2016, vs 37% en France.

Le partage automatisé d’informations relatives à la gestion de la chaîne de production permet d’améliorer la gestion du « juste-à-temps »; toujours selon Eurostat en 2017, 14% des entreprises Françaises avaient mis en place un tel système, contre 32% en Allemagne et 18% au niveau européen.

 

La robotisation de l’industrie manufacturière française (densité de robots : 137) est en retrait par rapport aux pays leaders tels l’Allemagne (densité de robots : 322) ou le Japon (densité de robots : 308).

 

Selon l’Insee, les entreprises industrielles françaises sont peu nombreuses à intégrer l’analyse de données massives à leurs systèmes de production, notamment dans des secteurs tels les transports (25%) ou l’information/communication (23%). La France est dans la moyenne des pays européens qui s’établit à 7% pour l’industrie et 10% pour l’ensemble des secteurs.

Les données massives utilisées par les entreprises manufacturières françaises proviennent principalement de la géolocalisation (45%) et des capteurs issus d’objets connectés (44%) ainsi que des réseaux sociaux (28%). Le frein principal pour l’adoption de cette technologie est la méconnaissance du sujet par les entreprises (53%), devant le manque de compétences (23%) et le coût trop élevé de traitement (21%).

 

L’informatique en nuage est en phase d’adoption : 16% des entreprises manufacturières Françaises y avaient recours en 2016 selon Eurostat, tout comme l’Allemagne (14%), l’Espagne (16%) ou l’Italie (20%), mais 32% pour le secteur manufacturier britannique. 

Au sein de l’Union européenne, l’utilisation de logiciels professionnels de type bureautique ou GRC hébergés dans le nuage est peu développée, tandis que l’adoption de services de courriel ou de stockage de fichier en ligne est plus répandue.

 

En France, les risques liés à la cybersécurité constituent le deuxième facteur limitant l’adoption de l’informatique en nuage, après le coût; 32% des entreprises manufacturières européennes avaient, en 2015, défini une politique formelle de sécurité, la France étant à 27%.

 

⇒ L’effet taille de l’entreprise

 

Les entreprises françaises d’au moins 250 salariés exploitent majoritairement les technologies numériques traditionnelles (PGI, EDI et GRC) dans leurs procédés de production, alors que l’utilisation est minoritaire s’agissant des technologies plus récentes (informatique en nuage, RFID et, surtout, analyse des données massives).

 

Les technologies numériques sont beaucoup moins fréquentes dans les PME; l’écart est particulièrement important pour l’utilisation des progiciels de gestion, de la RFID et de la cybersécurité. Les risques liés à la sécurité, réels ou perçus, constituent également un frein, une proportion limitée de PME (le quart d’entre elles) ayant développé une politique en la matière. L’adoption des technologies numériques par les PME sous-traitantes peut être également contrainte par les choix de leurs donneurs d’ordres. La moindre utilisation des technologies numériques par les PME n’est cependant pas propre à la France : elle est d’une ampleur comparable dans l’ensemble de l’Union européenne.

 

L’embauche de spécialistes du numérique: avec 19% des entreprises du secteur employant du personnel spécialisé dans le numérique en 2017, l’industrie manufacturière française se situe à la moyenne de l’ensemble des secteurs (17%). 16% des PME emploient des spécialistes du numérique, contre 85% des entreprises de plus de 250 employés.

62% de ces dernières forment leur personnel à ces technologies, contre 14% des PME.

45% des entreprises de plus de 250  salariés ont cherché à recruter des spécialistes des technologies numériques, contre 7% des PME. L’embauche de spécialistes du numérique reste complexe pour les entreprises, quelle que soit leur taille : parmi celles ayant essayé de le faire en 2016, 35% des PME et 46% des grandes entreprises ont eu des difficultés pour trouver la personne adaptée.