L’accroissement important de population entre 1982 et 2011 ne s’est pas traduit par une modification importante des positions des villes au sein de la hiérarchie urbaine


« La France et ses territoires, édition 2015 », INSEE, non daté

Entre 1982 et 2011, la croissance urbaine en France métropolitaine, mesurée par l’augmentation de la population, a été de 23%, soit 9 millions d’habitants supplémentaires. Ce phénomène a conjugué une extension de la superficie des villes (+42,1% entre 1982 et 2011) à une densification de peuplement ; les grandes unités urbaines absorbent près de 80% de la hausse (20% par l’unité urbaine de Paris et 56% par les unités de 400 000 à 2 millions d’habitants) ; Les unités urbaines, dont la population est comprise entre 200 000 et 400 000 habitants sont celles qui contribuent le moins à la variation de population.

La population urbaine se répartit entre un centre parisien hypertrophié (10 millions d’habitants), 14 unités urbaines de 400 000 habitants ou plus situées sur le littoral, le long des fleuves, près des frontières, et 2 218 unités urbaines plus petites. L’ensemble des quinze villes les plus importantes regroupe en 2011, 21,3 millions d’habitants, soit 43,8% du total urbain, contre 14,4 millions d’habitants en 1982 (36,4%).

 

Population

Evol pop

Evol expliquée

par l’extension

Surfaces

1982

2011

En nombre

En %

1982

2011

Evol

Moins de 10 000 habitants

7 021 672

7 807 387

785 715

+11,2

57,3

42 856

58 945

+37,5

De 10 à moins de 100 000 hab

11 248 784

11 618 732

369 948

+3,3

79,7

24 380

36 254

+48,7

De 100 000 à moins de 400 000 hab

 7 654 432

7 887 841

233 409

+3,0

115,2

9 144

10 227

+11,8

De 400 000 à moins de 2 million hab

9 564 620

10 759 737

981 534

+12,5

76,2

4 564

10 448

+128,9

Paris

9 534 576

10 516 110

981 534

+10,3

45,7

2 312

2 845

+23,1

Ensemble unités urbaines

45 024 084

48 589 807

3 565 723

+7,9

60,2

83 526

118 718

+42,1

 Cet accroissement important ne s’est pas traduit par une modification massive des positions des villes au sein de la hiérarchie urbaine, les reclassements éventuels de position intervenant plutôt à l’intérieur d’une classe de villes de même taille (plus fréquents et significatifs pour les villes de petites tailles).

L’unité urbaine de Paris rassemble en 2011 comme en 1982 plus du quart de la population urbaine, alors que la part des unités urbaines de 100 000 à moins de 400 000 habitants a diminué de 28% à 19,3% ; cette baisse a profité aux grandes métropoles de 400 000 habitants ou plus (hors Paris) qui regroupent 26,4% de la population urbaine en 2011 contre 17,1% en 1982.

 

Dans l’ensemble des villes, la concentration de l’emploi au lieu de travail est plus forte que celle de la population, aussi bien en 1982 qu’en 2011 ; en évolution, la concentration de la population de l’ensemble des villes augmente, tandis que celle de l’emploi au lieu de travail diminue ; les fermetures d’établissements industriels anciens intra-muros et le desserrement des activités, notamment industrielles, hors la ville expliquent cette baisse de la concentration de l’emploi.

Les unités urbaines de 400 000 habitants ou plus sont celles qui contribuent le plus à la variation de l’emploi (8,2 points) suivies par Paris (5,5 points) ; c’est surtout la réduction de la spécificité de localisation parisienne qui explique la baisse de la concentration de l’emploi ; dans dix des treize grandes villes de province, la croissance de l’emploi est supérieure à celle de Paris ; seules Lille, Rouen et Douai-Lens font exception, mais ces unités urbaines sont caractérisées par une population, soit en faible croissance (Lille), soit en stagnation (Rouen), soit en déclin (Douai-Lens).

 

L’analyse des 475 unités urbaines de 10 000 habitants ou plus en termes d’évolutions de la population et de l’emploi entre 1982 et 2011 permet d’en dresser une typologie en quatre groupes :

– 271 unités urbaines gagnent à la fois des habitants et des emplois comptés au lieu de travail ; on y trouve les unités urbaines les plus peuplées, Toulouse (industrie aéronautique) et Montpellier (apport des rapatriés d’Algérie et de l’immigration espagnole) étant les plus dynamiques aussi bien en termes de population (respectivement +47% et +45%) qu’en termes d’emploi (+87% et +93%) ; on y trouve aussi la partie française de l’unité urbaine internationale de Genève-Annemasse (161 500 habitants en 2011), très attractive en raison de sa position frontalière et de sa proximité avec les organismes internationaux, qui a vu multiplié sa population par 1,5 et ses emplois par 1,7 entre 1982 et 2011.

– Le deuxième groupe rassemble 131 unités urbaines qui perdent des habitants mais dont le nombre d’emplois augmente : en tête du classement, les grandes unités urbaines du Nord, puis  l’est (Metz et Nancy), au centre (Clermont-Ferrand), au Nord-Ouest (Le Mans, Brest, Amiens, Saint-Nazaire, Angoulême) ; sont également incluses dans ce groupe, 39 unités urbaines situées sur le littoral océanique ou méditerranéen avec des cités maritimes de grande notoriété (Le Havre, Brest, Saint-Nazaire, Lorient) et d’autre part, des stations balnéaires plus petites liées au tourisme (Cavalaire, Wimereux, Capbreton, Riantec, Saint-Jean-de-Monts, Saint-Paul-de-Léon, Canet-en-Roussillon).

– Le troisième groupe est celui de la baisse conjuguée de la population et de l’emploi dans  63 unités urbaines ; on y trouve Saint-Étienne (le nombre d’habitants baisse de 13,9% et l’emploi de 1%), Dunkerque (-10,8% et -6,7%), Thionville (-7,3% et -12,4%), Maubeuge (-14,5% et-20,4%), Montbéliard (-17,3% et -16,2%) et à un degré moindre Troyes (-1,4% et -0,7%) ; les évolutions sont notamment dues à l’affaiblissement des industries anciennes (mines, sidérurgie, métallurgie, textile) voire encore plus anciennes (fabrication de faïences ou de porcelaines par exemple), notamment dans les unités urbaines du Creusot, Montceau-les-Mines, Decazeville, Carmaux, Nevers, Digoin, etc.

– Enfin, le dernier groupe rassemble dix unités urbaines concernées par une augmentation de leur population concomitante à une baisse de l’emploi ; 8 sont situées dans la partie nord de la France (notamment Creil, Neuves-Maisons, située près de Nancy).

 

La répartition d’ensemble des villes qui « gagnent » ou qui « perdent » des habitants se superpose assez bien à la géographie de la France en croissance (arc atlantique, Sud-méditerranée, vallée du Rhône, Île-de-France) et à celle de la France qui connaît des difficultés héritées de la régression des industries anciennes (Nord, Est, Centre). Globalement, à 1 point de croissance de l’emploi a été associé 0,42 point de croissance de la population dans les villes de 10 000 habitants ou plus.

Un autre facteur favorable pour une ville est d’être située dans la couronne d’un grand pôle d’aire urbaine et de bénéficier de son effet d’entraînement ; les trois quarts des capitales régionales ont connu une forte croissance démographique, par cet effet de métropolisation.