Quels profils, quels objectifs, quelles réussites, quelles difficultés ont les entrepreneurs qui se reconnaissent dans le terme de start up ?


« Inventeur, conquérant ou bâtisseur, le startuper est heureux », Atelier de BNP-Paribas/TNS Sofres, décembre 2013

Trois enquêtes en novembre : une enquête par téléphone auprès de 1016 français de plus de 15 ans, 17 entretiens approfondis de start up et 200 interviewes par téléphone de dirigeants d’entreprise de moins de 8 ans d’ancienneté

 La définition donnée de la start up : « société innovante à fort potentiel de croissance, en recherche d’un model business nouveau et réplicable ; une fois que le business est exploité, la start up devient une PME » et « jeune entreprise innovante dans les nouvelles technologies ».

 

93% des startupers considèrent que cette définition est celle très largement (entre 70 et 75%) utilisée par leurs partenaires, leurs amis-relations, leur famille, un peu moins par les banquiers et les clients (61 et 58%). Pour 62% c’est une connotation positive (et 9% négative).

 

En effet les startupers se reconnaissent dans les termes « entreprise audacieuse, à forte croissance, sachant prendre des risques et se réinventer en permanence, s’émancipant des codes et modes de travail traditionnel, érigeant le bien être et l’environnement de travail confortable et décomplexé comme une règle, et dans laquelle la grande majorité des collaborateurs adhérent et partagent un système de valeurs spécifiques ou un projet commun.

Mais ce peut aussi être l’image d’une entreprise éphémère, possiblement superficielle et instable, uniquement axée sur les nouvelles technologies, sans process sérieusement établi et pouvant manquer de sérieux.

 

La start up apparait au regard de l’entreprise traditionnelle plus libre (36%), avoir un développement plus rapide, être rentable plus rapidement (34%), vivre le travail différemment (33%), avoir un mode collaboratif, plus d’échanges et de partage (30%).

 

L’entreprise créée

-Les ¾ sont localisées où le dirigeant exerçait son activité professionnelle, et 59% où il a effectué ses études supérieures. Noter que 62% sont en région parisienne (fiabilité de l’étude France entière ?).

-Les ¾ ont plusieurs fondateurs : 40% deux, 22% trois et 14% 4 ou plus.

-A l’origine, 48% comptaient développer une entreprise pérenne, 26% vendre à terme, 21% diffuser son idée au plus grand nombre. 71% comptent, au moment de l’enquête, s’agrandir (60% envisager une implantation internationale, et 58% être leader en France) ; 37% ont ouvert leur capital pour lever plus de fond.

-Quant à l’avenir, 42% estiment que l’entreprise sera pérenne et qu’ils en seront toujours les dirigeants, alors que 35% envisagent la revente et 5% l’arrêt pour des raisons économiques ; s’ils quittent, c’est pour créer une nouvelle entreprise pour 49%, ou pour 5% rejoindre un projet crée par d’autres ; 28% ne savent pas et seulement 10% comptent vivre de leurs gains.

 

Le profil du startuper

-A 89% un homme, âgé de 35 ans à la création (16% moins de 25 ans, 37% de 25 à 34 ans, 20% plus de 45 ans), issu d’études supérieures (93% dont 44% écoles de commerce ou d’ingénieur), en couple (78%), avec des enfants (61%) ; 51% ont une tradition de création d’entreprise dans la famille ou l’entourage proche ; la moitié avaient une idée, une innovation à laquelle ils travaillaient depuis longtemps, 32% peu de temps avant la création, alors que 17% voulaient simplement devenir entrepreneur, sans avoir d’idée préalable.

72% étaient en activité professionnelle (44% dans une fonction dirigeante, 15% comme cadre moyen ou agent de maitrise), 17% comme étudiant ou stagiaire.

-35% ont déjà crée une entreprise auparavant (dont 16% plusieurs) ; pour 44% cette entreprise a été vendue (dont 21% aux co-fondateurs), pour 34% arrêtée pour raisons économiques et 16% la dirige toujours.

-89% ont été soutenus par leur famille.

 

Leurs motivations :

-67% se sont lancés dans ce nouveau projet de création par opportunités de business, 61% du fait d’une nouvelle idée, 60% pour un nouveau challenge.

 -Ils se décrivent comme passionné (83%), dynamique (81%), créatif (75%), ambitieux (72%), visionnaire (60%), aimant le risque (60%), peu « drogué » du travail (34%) ; 73% pensent qu’il y a des entrepreneurs comme eux dans toutes les générations ; 42% pensent qu’ils ont une mission à accomplir (contre 57% qui disent n’avoir qu’un objectif de développement personnel de leur projet).

-Ils se disent poussés par le goût d’entreprendre et les défis (84%), la créativité/l’innovation (74%, contre 46% pour les français), la liberté/l’indépendance (70%), l’aventure humaine/le goût du travail en équipe (69%), moins par la réussite financière (42% contre 45% pour les français), ou par le fait de rebondir professionnellement (29%) ou encore la difficulté de conduire un projet dans l’entreprise précédente (20%).

 Dans leurs rapports aux autres, ils se disent ouverts aux suggestions (81%), à l’écoute (80%), mais exigeants (78%), conviviaux (76%), bienveillants (72%), fédérateurs (70%) ; ils se reconnaissent moins dans le fait d’être impatients (47% tout de même), difficile à suivre (42%) et charismatique (39%).

 

Satisfaction ?

-Ils sont satisfaits des produits/services développés (83%), de la capacité à innover (81%), de l’ambiance de travail (74%), de la cohésion d’équipe (71%), moins du développement de partenariats (51%) ou de la rentabilité (32%).

-49% ont été inquiets (notamment du fait des problèmes financiers), mais 78% sont prêts à recommencer et 92% sont satisfaits de leur vie (dont 47% très satisfaits) ; les insatisfaits mettent en avant les problèmes d’argent, le fait de devoir tout faire, l’incompréhension de leurs proches.

-Ce qu’ils ont jugé difficile, c’est le manque d’argent (65%), les contraintes administratives (60%), devoir tout faire (57%), convaincre partenaires, clients, banquiers (plus de la moitié) ; 52% évoquent le stress, 42% le manque de temps pour les loisirs, 41% le manque de temps pour les proches.

 

3 profils émergent : « les nouveaux Galilée » (44%), « les bâtisseurs » (33%) et les conquérants ambitieux » (23%)

 

– Les nouveaux Galilée ont un profil d’inventeur (une idée ancienne et très personnelle), avec une conviction quasi mystique de son bien-fondé (voire utopiste) et une volonté très forte de mise en œuvre. Ils sont passionnés, créatifs, ont envie de transmettre et veulent devenir des leaders dans leur domaine (en France et à l’international). Ils se disent conviviaux, ouverts aux suggestions ; ils semblent plus empiriques en matière de gestion.

 

– Les bâtisseurs ont envie avant tout de devenir entrepreneur (pour 43% l’idée n’était pas précise), de développer une société pérenne et des emplois (pour 67%); 49% se voient toujours diriger cette entreprise dans 5 ans. Ils se disent pragmatiques (64%) et adoptent des modes de gestion structurés, visant la stabilité économique (73%), plus que le développement international (40%) ou le fait d’être leader en France (35%). Les profils recrutés visent la coordination des talents et des équipes autour d’un objectif commun, laissant place à l’analyse (stratégie, anticipation…), dans un environnement de travail détendu et confortable ; 61% se disent fédérateurs.

 

-Les conquérants ambitieux ont eu l’idée peu de temps avant la création et sont très influencés par les success story, avec un fort goût d’entreprendre et de s’affronter à de nouveaux défis.

Ils se décrivent comme visionnaires, ambitieux, avant-gardistes, charismatiques, mais difficiles à suivre. Ils recherchent à susciter l’envie ou la fierté de l’entourage ; ils sont plus âgés et plus expérimentés.