Un point sur la situation des entreprises par la Banque de France


"Point sur la conjoncture française à fin janvier 2021", Banque de France, février 2021

Méthodologie : enquête mensuelle de conjoncture menée entre le 27 janvier et le 3 février auprès de 8500 entreprises ou établissements.

 

La situation est plus favorable qu’escomptée et s’ancre sur un avant-crise bénéfique.

⇒ Les niveaux d’activité dans l’industrie, les services et le bâtiment sont restés globalement stables au mois de janvier.

Dans l’industrie le taux d’utilisation des capacités de production reste stable à 74% en moyenne en janvier (il était de 79% avant la crise). En revanche, le taux d’utilisation des capacités de production est à un niveau très en deçà de son niveau d’avant crise dans le secteur automobile et surtout dans celui de l’aéronautique et des autres transports.

 

Dans les services, la stabilité globale de l’activité recouvre toujours une forte hétérogénéité entre secteurs : un niveau bas dans l’hébergement et la restauration, alors que les services aux entreprises sont bien orientés, notamment la publicité et le conseil de gestion, de même que la location de matériels et d’automobiles. Quant aux services à la personne (salons de coiffure notamment), après un mois de décembre marqué par un niveau d’activité très élevé, en lien avec le rattrapage consécutif à la réouverture des commerces fin novembre et à la période des fêtes de fin d’année, l’activité s’est ralentie au mois de janvier.

 

Dans le bâtiment, l’activité est stable dans l’ensemble en janvier et reste proche de son niveau d’avant‑crise, à plus de 96%.

⇒ Les perspectives de février

L’activité serait quasi stable dans l’industrie comme dans le bâtiment alors que dans les services, les dirigeants anticipent une légère baisse de leur activité dans la plupart des secteurs, sauf dans les services à la personne qui seraient stables, et dans les activités juridiques et comptables et les services informatiques qui progresseraient.

Les opinions sur les carnets de commande progressent nettement en janvier dans l’industrie. Dans le bâtiment, elles se stabilisent à un niveau certes inférieur à son niveau d’avant‑crise mais légèrement au‑dessus de sa moyenne de long terme.

 

⇒ Un retour sur les mois précédents

“Dans notre dernier point sur la conjoncture du 13 janvier, nous avions estimé la perte de PIB à – 11% pour le mois de novembre et à – 7% pour le mois de décembre. À fin janvier, les comptes trimestriels publiés par l’INSEE pour le 4éme trimestre nous portent à revoir à la hausse l’activité, et ramener donc cette estimation de perte de PIB à – 7% pour novembre et – 5% pour décembre (la perte restant inchangée à – 3% en octobre)…L’enquête de janvier nous permet d’actualiser notre estimation de perte de PIB (par rapport à son niveau pré‑pandémie) à – 5% en janvier”

 

Pour en savoir davantage ; Point de conjoncture | Banque de France (banque-france.fr)

Un rappel sur l’avant-crise sanitaire particulièrement favorable

Les entreprises non financières ont abordé la crise sanitaire fortes de plusieurs atouts : trois années d’activité dynamique, des taux de marge en hausse, des taux d’intérêt toujours bas et une trésorerie renforcée.

 

Les entreprises sont en effet entrées dans la crise après trois années consécutives d’activité soutenue, dans un contexte de taux toujours bas et avec une trésorerie plutôt plus élevée qu’avant la crise de 2008. Mais le financement externe des PME reste encore très dépendant du crédit bancaire, tandis que le taux d’endettement des ETI et GE s’est alourdi. Le secteur du commerce se caractérise par ailleurs par un niveau relativement faible de trésorerie, un point de vulnérabilité en cas de choc externe.

⇒ Les principaux ratio

♦ La croissance du chiffre d’affaires demeure solide en 2019, à + 2,7%, même si elle ralentit par rapport aux fortes hausses de 2017 (+ 4,9%) et 2018. La décélération est plus marquée pour les grandes entreprises (+ 1,7% en 2019, après + 3,9% en 2018) et les ETI (+ 2,5%, après + 4,4%), que pour les PME dont l’activité reste très dynamique (+ 5,1% en 2019, après 5,3% en 2018).

La croissance du chiffre d’affaires total est en particulier freinée par le ralentissement du chiffre d’affaires à l’export (+ 0,2% en 2019, contre + 6,5% en 2017 et + 5,6% en 2018).

 

♦ La croissance de la valeur ajoutée reste soutenue en 2019 (+ 3,5%, après + 3,0% en 2018). Elle augmente sensiblement pour toutes les tailles d’entreprises : + 4,7% pour les PME, + 2,6% pour les ETI et + 3,4% pour les grandes entreprises.

L’année 2019 est marquée par la réforme du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Les entreprises bénéficient ainsi à la fois du CICE sur les salaires versés avant 2019 et des allègements de cotisations patronales – qui remplacent le CICE – sur les rémunérations versées à partir du 1er janvier 2019. Dans ce contexte, les charges de personnel augmentent moins rapidement que les années passées : + 2,7% en 2019, contre + 4,0% en 2018 et + 3,7% en 2017; la hausse reste significative, en particulier pour les PME (+ 4,4%).

 

♦ De ces faits, l’excédent brut d’exploitation (EBE) rebondit sensiblement en 2019 (+ 6,7%, après – 1,2% en 2018). Ce rebond est particulièrement prononcé pour les grandes entreprises (+ 9,4%, après – 4,3%) et pour les PME (+ 6,6%, après + 2,3%).

Et le taux de marge (le rapport de l’EBE sur la valeur ajoutée), s’établit à 24,1% en 2019. Il croît pour toutes les tailles d’entreprises, quoique de manière plus prononcée pour les PME et les grandes entreprises.

 

♦ La rentabilité économique rapporte l’excédent net d’exploitation à l’actif économique (constitué des immobilisations et du BFRE). Elle s’établit à 4,8% en 2019, un niveau très stable depuis 2012. Elle reste toutefois bien en deçà de ses niveaux d’avant-crise financière (8,0% en moyenne sur la période 2006-2007). Ce constat s’observe pour toutes les tailles d’entreprises.
Comme par le passé, les PME affichent la rentabilité économique la plus élevée : 7,4% en 2019, contre 5,0% pour les ETI et 3,9% pour les grandes entreprises.

 

♦ Le taux d’investissement, qui rapporte les dépenses d’investissement à la valeur ajoutée, augmente de 1,1 point de pourcentage par rapport à 2018, pour atteindre 22,9% en 2019. Il est de 26,2% pour les grandes entreprises, de 23,6% pour les ETI et de 16,7% pour les PME.

⇒ Quid du financier ?

♦ Le besoin en fonds de roulement d’exploitation (BFRE) s’élève à 18 jours de chiffre d’affaires en 2019, (17 jours en 2018). Il est relativement stable depuis dix ans. Les PME présentent le BFRE le plus élevé, à 33 jours de chiffres d’affaires (contre 32 en 2018).

 

♦ Le taux d’endettement recule de nouveau pour les PME, tandis qu’il progresse pour les ETI et les grandes entreprises. Les PME présentent le ratio de levier brut le plus faible, à 77% en 2019, alors qu’il atteint 111% pour les ETI et 124% pour les grandes entreprises. Les PME enregistrent une huitième année consécutive de baisse.

Mais les PME restent très dépendantes du financement bancaire ; en 2019, la part du crédit bancaire s’élève à 85% pour les PME, 66% pour les ETI et seulement 26% pour les grandes entreprises, ces dernières s’appuyant davantage sur la dette obligataire (73%).

Les PME se distinguent également par un poids significatif du crédit-bail (10%).

 

♦ La capacité des entreprises à honorer leurs engagements financiers s’améliore lentement. le poids des entreprises moins bien cotées est plus important parmi les PME qu’au sein des ETI et des grandes entreprises.

 

Pour en savoir davantage :
La situation financière des entreprises : forces et faiblesses à la veille de la crise sanitaire | Banque de France (banque-france.fr)