Parmi les 13 000 start-up, 11% sont de type industriel.


"Les start-up françaises aident-elles notre industrie à se renouveler ?" La Fabrique de l'Industrie, document de travail, septembre 2020

Le financement de  nos start-up est encore très insuffisant en France, alors que les investisseurs privilégient le capital transmission au capital d’amorçage.

⇒ Les start-up Françaises : leurs secteurs d’activité

Le label Next40, présenté pour la première fois en septembre 2019 par La French Tech et Bpifrance, désigne les 40 start-up jugées les plus prometteuses de l’écosystème français et bénéficiant à ce titre d’un accompagnement spécifique par les services de l’État. Ces start-up relèvent essentiellement des services aux entreprises et aux ménages. Le French Tech 120, qui élargit le programme d’accompagnement à 123 entreprises, fait également la part belle aux services aux entreprises.

 

Parmi les 12 938 start-up se situant en phase d’amorçage et de démarrage (seed et early growth) et répertoriées par la French Tech en juin 2020, 1 416 entreprises ont un business model de type manufacturier (hardware, impression 3D, procédés de fabrication industriels, robots et drones).

 

Parmi les firmes en phase de croissance plus tardive (late growth), 314 entreprises sur 3 147 sont de l’ordre de l’industrie. 8,5% des firmes industrielles sont à forte croissance. Les entreprises à forte croissance sont largement localisées dans les secteurs informatique-communication, services aux entreprises et transports.

Les entreprises en forte croissance correspondent aux firmes dont le taux de croissance annuel moyen des effectifs salariés sur trois ans est supérieur à 10% employant au moins 10 salariés au début de la période de croissance, avec un résultat stable sur les 5 dernières années. Ces entreprises sont tout aussi présentes dans des secteurs jugés « traditionnels », tels que la construction ou la logistique par exemple.

 

En France les entreprises en croissance et âgées de 5 ans ou moins sont à l’origine de 53% des créations nettes d’emplois des jeunes entreprises.

 

Mais les licornes sont peu nombreuses en France : 5 licornes relévent des secteurs de la mobilité, d’internet, de la santé, de l’IA appliquée à la photographie et de l’hébergement de données/applications informatiques (cloud computing), vs 24 licornes au Royaume-Uni, 13 en Allemagne et, loin devant, 224 aux États-Unis.

⇒ Les appuis aux start-up : les apports au capital et ceux des grandes entreprises

L’appui en apports de capital

 

En 2017, les fonds de capital-risque français, qui financent les phases d’amorçage et de démarrage, ont investi 1 223 millions d’euros, dont 40% pour les firmes du numérique et 32% pour le secteur de la médecine et des biotechnologies, tout comme dans les autres pays européens; les entreprises de biens et services industriels ne captent que 8% du capital-amorçage (96 M€).

 

Par contre ces entreprises “industrielles” captent 21% du montant du capital développement (660M€), un montant supérieur à celui alloué aux secteurs du numérique et de la santé (respectivement 504 et 427M€).

L’industrie française est davantage spécialisée sur les basses et moyennes technologies où une croissance forte et rapide est peu probable : dans ces domaines en effet, l’innovation y est plutôt faible et le rattrapage technologique par les concurrents rapide. Noter que la faible part de firmes industrielles parmi les start-up n’est pas une spécificité Française.

 

Les montants alloués aux opérations de rachat d’entreprises matures par les fonds de capital-transmission sont très largement supérieurs à ceux des autres fonds ; ils représentent 74% du financement du capital-investissement. La préférence des acteurs financiers Français pour les opérations de rachat plutôt que pour le financement des jeunes firmes innovantes peut être une explication à la production limitée de licornes.

Les capital-risqueurs français investissent dans les mêmes secteurs que leurs homologues européens et américains ; ce sont les montants investis qui changent. Les montants financés en Europe sont bien en deçà de ceux observés aux États-Unis : en 2016, alors que les investissements en capital-risque aux États-Unis s’élevaient à 66,7 Md$ (dont 2Md$ pour l’industrie), ceux de l’Europe représentaient 4,7M$.

Les véhicules financiers favorisant le développement des start-up en France sont encore insuffisants pour produire des licornes.

 

L’appui des grandes entreprises

 

On entend fréquemment l’idée que les start-up ne pourront se développer voire se transformer en licornes sans la présence d’un grand industriel à leurs côtés. Les fonds dédiés à l’investissement dans des start-up (corporate venture capital ou CVC) permettent à des grands groupes une prise de participation directe dans de petites entreprises innovantes. Selon Deloitte (2019), on dénombrait 771 CVC en France en 2018 (pas nécessairement tournés vers le rachat des start-up Françaises).

 

Les groupes peuvent aussi racheter les start-up lorsque les investisseurs qui ont financé les premières phases de développement veulent céder leurs parts et lorsque la preuve de concept signale une rentabilité future. Mais, là encore, les financements semblent faire défaut en France.

 

Les réponses apportées durant la crise sanitaire pour sauver les start-up s’appuient par ailleurs sur les dispositifs traditionnels de soutien à ces entreprises.

⇒ Conclusion

Le renouvellement de l’industrie par le développement de start-up et plus généralement la promotion des start-up dans l’économie sont basés sur l’idée que les start-ups jouent un rôle central dans la création d’emploi et dans le processus d’innovation. Mais, dans un grand nombre de pays, on observe que la majorité des start-up ne grandissent pas ou font faillite durant leurs premières années d’existence ; seul un petit nombre de firmes qui croissent est à l’origine d’une part importante dans la création totale des emplois. 

 

Si les start-up concourent encore insuffisamment au renforcement de notre base industrielle, c’est à la fois parce que certains modèles technologiques arrivent à maturité et bien plus encore parce que le financement des entreprises innovantes y est insuffisant, dans l’industrie comme pour l’ensemble des secteurs d’activité en France. La réponse publique à cet enjeu s’articule aujourd’hui autour des aides au financement de l’innovation radicale et des deep techs.

 

Le renouvellement de l’industrie passe aussi par l’innovation réalisée par les grands groupes, principaux déposants de brevets et représentant la majeure partie des dépenses de R&D, et les ETI caractérisées par une capacité de régénération à travers l’innovation.

 

Pour en savoir davantage : https://www.la-fabrique.fr/wp-content/uploads/2020/08/Working-Paper_Startup-Final.pdf

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