La forte hausse du nombre de créations en QPV provient des microentreprises.


"LE TISSU ÉCONOMIQUE EN QPV : UNE HAUSSE DU NOMBRE D'ENTREPRISES, rapport 2023" ONPV, avril 2024

Méthodologie : la source statistique provient du fichier Sirene pour les années 2014 à 2021 et mesure les établissements implantés au 1er janvier d’une année courante et les flux d’établissements qui se sont installés (par création ou transfert d’activité, dont les poids respectifs en sont pas signalés) en cours d’année.
L’étude observe aussi plus particulièrement les ZFU-TE qui sont des zones créées dans des quartiers de plus de 8 000 habitants particulièrement défavorisés, au nombre de 100 et bénéficiant d’un dispositif spécifique d’exonération de charges fiscales et de cotisations sociales. 

 

3 difficultés d’importance pour mesurer l’évolution du développement économique des QPV : d’une part la non connaissance des établissements qui proviennent de création ou ceux de transfert, d’autre part le repérage du nombre d’établissements (dont le siège d’appartenance est le plus souvent hors QPV), et non celui du nombre des entreprises (siège ancrée sur le territoire de façon autonome), et enfin le décompte des microentrepreneurs en création, via leur existence au fichier des entreprises et non le repérage de ceux qui sont actifs économiques. J’ajoute la variation des mesures publiques d’appui au développement économique des QPV a beaucoup varié dans le temps, favorisant à certaine époque l’implantation d’établissement voire la délocalisation d’entreprise.

 

L’étude permet notamment d’observer la prédominance de certaines activités en QPV, notamment sur les territoires les plus en difficulté.

 

♦ Le fort développement des micro-entrepreneurs.

 

Au 1er janvier 2021, 289 011 établissements sont implantés dans un QPV de métropole (que les microentreprise soient ou non actives économiquement), avec une forte hausse entre 2017 et 2021(+ 43,2%), provenant des microentreprises ; cette dynamique se trouve également hors QPV, mais elle y est plus modeste. 

 

En 2021, 92 590 nouveaux établissements se sont installés en QPV métropolitains, dont 66 199 micro-entrepreneurs, actifs économiques ou non (71,5% de l’ensemble des créations vs 61 en France entière). Entre 2017 et 2021 la hausse en QPV du nombre de microentreprises a été de 164,5% vs +101 en France entière.

 

Cette dynamique est, dans une moindre mesure, également présente pour les QPV des Drom : entre 2017 et 2021, le nombre d’établissements implantés croît de 17,6%, avec en 2021, 4 381 nouveaux établissements, dont 2 024 micro-entrepreneurs (46,2%).

Noter que la hausse du nombre de microentrepreneur est manifeste et en croissance chaque année à partir de 2018, en ce qui concerne les ZFU-TE : entre 2010 et 2017, les microentrepreneurs sont entre 32 et 40% de l’ensemble des créations, alors qu’en 2018, elles sont 48%, puis 54 en 2019, 62 en 2020 et 63 en 2021. 

 

♦ Quelles activités expliquent cette forte croissance ?

Je commenterais essentiellement le flux des créations d’établissement et non le stock puisque ce dernier découle du flux des créations.

 

Les activités de livraison à domicile sont le fait de 34% des créations d’établissement (sachant que de l’ordre du quart d’entre eux seulement seront actifs économiquement) ; il sont suivis par le commerce (20%), puis les services aux entreprises (18,5%) et la construction (10%).

 

Comparés aux flux de création d’établissement dans les unités urbaines environnantes (UU), les écarts sont explicites : fort décalage favorable pour la livraison à domicile (34% des créations en QPV vs 11% en UU), faible décalage favorable dans le commerce (entre 19,8% et 16,7), alors que les autres activités sont en décalage défavorable, notamment dans les services aux entreprises (31,7% en UU vs 18,5 en QPV) et la santé/éducation (11,8% vs 6,3).

Noter qu’au regard de la structure des activités du stock d’établissement comparé à la structure du stock, les livraisons à domicile l’emporte très largement (34% des créations vs 14% du stock), alors que la situation était inverse pour la plus part des autres activités, notamment le commerce (29% du stock vs 20% des créations), et la construction (15,5% vs 10,5).

La structure des créations en QPV en outremer est plus proche de celles en UU que celles en France métropole.

Le stock et les créations en ZFU-TE

Si la structure du parc d’établissement en ZFU-TE présente des différences avec celui de l’ensemble des QPV, celles-ci sont nettement moins marquées en ce qui concerne les créations/transferts.

Les activités livraison à domicile, commerce, HCR et services aux personnes sont plus fréquentes en QPV, alors que les activité services aux entreprises, santé sont plus présentes en ZFU-TE, ce qui signifie une situation plus proche des UU, même si le décrochage est certain pour quelques activités (livraison à domicile, services aux entreprises et aux personnes, éducation, activités financières et immobilières).

En ce qui concerne les créations/transferts plus de proximité entre celles en QPV et ZFU-TE, à l’exception de la construction (22% vs 10,5 en QPV). Par contre les décrochages demeurent entre celles en ZFU-TE et les UU qui leurs correspondent.

Les profils des chefs d’entreprise.

 

En termes d’âge : ceux en QPV sont moins âgés (7,9% 50 ans et plus vs en UU 12,3) et plus jeunes (48% moins de 30 ans vs 44, notamment au sein des moins de 30 ans, 5,5% vs 4,2).

 

Les femmes sont plus fréquentes dans les activités commerce, HCR et transport qu’en UU, alors que dans ces derniers espaces ce sont les activités qui sont plus fréquentes telles les services aux entreprises, les services aux personnes, la santé/éducation, les activités immobilières.

Les femmes comparées à leurs collègues masculins,  sont paradoxalement plus présentes dans les activités scientifiques et techniques en direction des entreprises (18,8% vs 6,5), et l’industrie (4,4% vs 1,4) ; elles le sont aussi, ce qui est moins étonnant dans les activités commerce incluant toutefois la réparation auto (19,4% vs 11,5), les services aux personnes (11,9% vs 2,1), la santé (7,1% vs 1), l’éducation (4,9% vs 2), les arts et activités récréatives (3,4% vs 1,3), les services administratifs et de soutien aux entreprises (6,4% vs 4,2).

 

Pour en savoir davantage : https://www.onpv.fr/uploads/media_items/onpv-dossier-entreprises-2023.original.pdf