Méthodologie : 20 femmes, interrogées au cours d’entretiens téléphoniques, provenant majoritairement des zones urbaines ou périurbaines d’Ile de France, Région Sud, Nouvelle Aquitaine et Occitanie ; ce qui conduit à beaucoup de verbatim pour comprendre leurs points de vue.
Et analyse d’un échantillon quantitatif de 2000 femmes, avec le concours de l’Urssaf Ile-de-France, sans plus de précision pour situer la qualité de l’échantillon (il s’agit sans doute de non-salariées, intégrant peut-être des gérantes majoritaires ? Sont-elles surtout des autoentrepreneures, donc en activité plutôt peu rémunératrice ?)
Etude de l’Union des Auto-Entrepreneurs et des Travailleurs Indépendants avec le soutien de la Fondation Le Roch-Les Mousquetaires.
Une dimension peu explorée dans les études, l’auto-sabotage pour devenir indépendante, l’est ici.
♦ Pour quelles raisons sont-elles devenues indépendantes ?
Plutôt une reconversion (73%), que l’envie de développer son propre projet économique (41) : une reconversion expliquée par le fait que 35% font état d’une mauvaise expérience salariée, que 26% parlent d’une reconversion professionnelle et 12% une nouvelle situation perso /familiale. 20% ont d’autres raisons non expliquées.
La pandémie a été un accélérateur de changement.
♦ L’équilibre vie professionnelle/vie familiale.
Allant de pair avec la liberté souhaitée, c’est un défi de gérer son travail au quotidien et de trouver un cadre entre les distractions et les impératifs de la vie familiale. Si le salariat, cadre plus rigide sur les horaires et les conditions, permet une séparation claire entre la vie professionnelle et personnelle, la situation d’indépendant demande d’organiser son emploi du temps afin de trouver un équilibre entre les temps dédiés au travail, à la famille, et au repos.
L’auto-entrepreneuriat est fréquemment choisi par les femmes pour pouvoir organiser ce rythme de travail plus souple ; cependant, beaucoup de femmes constatent une augmentation des exigences portées sur elles ; leur entourage considère en effet souvent, que dans la mesure où elles travaillent à domicile, elles peuvent prendre en charge presque exclusivement l’ensemble de la vie familiale.
♦ La confiance en soi.
Beaucoup de femmes interrogées parlent de pensées paralysantes, de « syndrome de l’imposteur » ou encore d’ « auto-sabotage », pouvant saper le lancement et le développement de l’activité. 66% (dont 31 très souvent) disent cet auto-sabotage.
84% pensent que ce manque de confiance en elles a entravé le développement de leur projet
“En cherchant l’origine de ce mécanisme parfois toxique et limitant, celles qui en souffrent le relient à un milieu familial peu ouvert à la prise de risque ou qui ne soutient pas toujours l’indépendante dans son choix de vie professionnelle… l’influence parentale conserve paradoxalement un fort impact sur la confiance et l’épanouissement des indépendantes.”
81% disent que la prise de risque et l’entrepreneuriat par les femmes n’est pas valorisé par leur milieu.
A l’inverse, certaines femmes interrogées et de milieu familial entrepreneurial, n’ont pas de crainte particulière sur le bon développement de leur activité et sur leur capacité à gérer.
♦ Le manque de soutien aux indépendantes.
– Auprès de nombreuses administrations et environnements économiques et financiers, l’auto-entrepreneuriat conserve une image d’activité « temporaire et instable », avec la difficulté d’accéder à un crédit bancaire ; 38% disent que leur situation d’indépendantes leur a compliqué l’accès au crédit bancaire.
– Les solutions de garde d’enfants s’amenuisent pour les indépendantes dans un milieu déjà en pleine pénurie : 79% ont rencontré ce type de difficulté,
– Jusqu’à présent, les femmes interrogées sont presque toutes en couple, bénéficiant du support économique d’un conjoint salarié ; le choix du moment pour créer résulte souvent d’une stratégie de couple pour assurer une stabilité financière au foyer le temps du lancement. Mais quid des mères isolées ?
– 44% expriment leur difficulté d’accès au logement du fait de leur situation d’indépendante.
– Interrogées sur leurs besoins, la formation arrive en tête, avec des problématiques comme la communication, la prospection et la vente. Développer et fidéliser leur clientèle est une préoccupation majeure. Investir les réseaux sociaux leur permettrait d’atteindre une plus large audience, mais la question reste de savoir quelle stratégie mettre en place et comment bien communiquer sur son offre.
– Les femmes expriment le besoin de se sentir soutenue par un organisme pourvoyeur de conseils et d’informations personnalisées pour lutter contre l’isolement et améliorer leur connaissance du monde entrepreneurial et économique.
Pour en savoir davantage : https://fondationleroch-lesmousquetaires.org/wp-content/uploads/2024/11/etude-vdef-2-observatoire-uae-oct-2024-femmes-et-independance-.pdf