7 types de créateurs : 40% pour créer leur emploi, 31% pour compléter leurs revenus


"Les créateurs d’entreprises : la frontière entre salariat et entreprenariat s’atténue "Insee Première N° 1701, juin 2018

Source : Sine, concernant la génération des entreprises créées au premier semestre 2014. Parmi les 285 000 immatriculations d’entreprises enregistrées au premier semestre 2014, 46 000 créateurs d’entreprises classiques et 40 000 créateurs d’entreprises sous le régime de l’auto-entrepreneur ont été interrogés.

Les 7 profils-types de créateurs sont issus d’une méthode statistique de classification : une analyse des correspondances multiples (ACM) a été réalisée sur 16 variables (comportant 67 modalités) caractérisant les créateurs et leur projet, contribuant à la détermination de 2 axes principaux, puis une classification ascendante hiérarchique (CAH) regroupant deux à deux les individus les plus proches selon un processus itératif jusqu’à former des classes très différentes les unes des autres, mais à l’intérieur desquelles les individus sont les plus ressemblants possible. 

 

Les créateurs d’entreprises de 2014 peuvent ainsi être décrits selon 7 profils-types appartenant à 4 grandes catégories : les entrepreneurs qui veulent créer leur propre emploi (40%), les créateurs expérimentés (21%), les entrepreneurs qui recherchent une activité de complément (31%), les jeunes diplômés qui entrent sur le marché du travail (8% des créateurs).

 

 

Observons les caractéristiques principales des 7 types proposés par l’Insee :

 

    Les créateurs de leur propre emploi (40%)

 

 Les «chômeurs» (27% des créateurs) regroupant essentiellement des chômeurs (67%), dont 2/3 de courte durée et 1/3 de longue durée, et des salariés (25%).

 

72% (vs 55 en moyenne) visent la création de leur emploi et sont motivés par le souci d’indépendance (59% vs 43 en moyenne).

Ils privilégient la création d’entreprises classiques (62% dont 33% en société et 28% en entreprise individuelle); 38% sont des auto-entrepreneurs (24% en activité principale, 3% en activité secondaire, 11% n’ont pas démarré). Ils créent avec le projet d’une activité permanente (80%).

62% exercent leur métier principal, dans lequel ils sont généralement très expérimentés.

35% sont issus de l’enseignement supérieur (dont 22% le 2éme cycle et au-delà), 27% ont un CAP ou BEP (vs 19 en moyenne), 22% un baccalauréat et 16% aucun diplôme.

51% investissent au moins 4 000€ (vs en moyenne 36%), 30% entre 4000 et 16000€ ,et 21% plus de 16000€; la plupart ont bénéficié de l’aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d’entreprises (Accre,77%) ou de l’aide à la reprise ou à la création d’entreprises (Arce,19%); 36% continuent à bénéficier d’une indemnité après la création de leur entreprise.

Ils sont souvent accompagnés : appui d’une structure dédiée (37% vs 20 en moyenne) et/ou d’une formation pour la réalisation de leur projet (40% vs 22 en moyenne). Noter que 78% affirment qu’ils auraient crée s’il n’y avait pas eu le régime de l’autoentrepreneur.

 

⇒  Les «créateurs éloignés de l’emploi» (13% des créateurs) :

 

53% n’ont pas d’activité professionnelle au moment de créer leur entreprise (personnes au foyer,chômeurs n’ayant jamais travaillé…) et 30% sont des chômeurs de longue durée. 69% sont en situation précaire  et reçoivent une ou des prestations sociales, le plus souvent le RSA, au moment de la création.

70% sont motivés par la création de leur propre emploi.

72% privilégient l’auto-entrepreneuriat mais 32% ne sont toujours pas économiquement actifs fin 2014 (3 fois plus que pour les «chômeurs»); 45% n’auraient pas créé si le régime de l’autoentrepreneuriat n’avait pas existé.

Ces créateurs sont très peu diplômés : 40% n’ont pas de diplôme qualifiant et 20% ont un CAP ou BEP.

On y trouve un peu plus de femmes qu’en moyenne (38% vs 33).

41% vivent seul(e)s, vs 30 en moyenne.

59% ont réuni au plus 1 000€ de capitaux au démarrage, 21% de 1 000 à 4 000€.

Le secteur du commerce est privilégié par 32% des créateurs de ce profil, en majorité dans le commerce de détail.

Contrairement au profil précédent, ils sont très peu accompagnés dans leurs démarches. 20% reçoivent un appui, dont seulement 20% en provenance d’une structure dédiée (vs 37 les chômeurs); 19% ont suivi une formation particulière pour la réalisation de leur projet (vs 40% les chômeurs).

 

       Les créateurs inscrits dans l’expérience de la conduite d’une entreprise (21%)

 

⇒ Les «créateurs expérimentés» (21% des créateurs) : 62% étaient auparavant dirigeant d’entreprise dont 24% dirigeant salarié, alors que 30% viennent directement du salariat. 

 

52% disent être expérimentés dans la création d’entreprise (vs 28 en moyenne); plus que les autres, ils ont sollicité l’appui d’un professionnel (25% vs 11).

Leur âge médian est relativement élevé (44 ans contre 37 ans pour l’ensemble des créateurs); 69% ont plus de 40 ans (dont 34% plus de 50 ans) contre en moyenne 42 et 21% .

On y trouve seulement 19 % de femmes vs 33 en moyenne.

1/3 sont localisés en Île-de-France (vs 25 en moyenne)

Leur nouvelle entreprise correspond le plus souvent à leur métier principal (64%); 42% y ont plus de 10 ans d’expérience (vs 25 en moyenne).

78% ont crée en société, 12% une entreprise individuelle et 9% en tant qu’autoentrepreneur. 80% créent une activité principale.

42% investissent plus de 16 000€ et 26% entre 4 000 et 16 000€.

25% comptent embaucher à l’avenir (3 fois plus que dans les autres profils).

 

      Les créateurs en recherche d’une activité complémentaire (31%)

 

⇒ Les «salariés en activité de complément» (19% des créateurs)

 

72% conservent en parallèle une activité rémunérée dans une autre entreprise (dont 13% à temps partiel). La moitié souhaitent augmenter leurs revenus grâce à ce complément d’activité (2 fois plus que pour l’ensemble des créateurs).

Moins que les autres, ils recherchent l’indépendance (26% vs 43) ou le font par goût d’entreprendre (26 vs 33), voire pour créer leur emploi (26 vs 55).

92% ont choisi l’autoentrepreneuriat, mais la moitié n’a pas démarré l’activité; 66% n’auraient pas créé sans ce régime. L’activité est envisagée ponctuellement pour 58%.

71% des créateurs exercent une activité qui ne correspond pas à leur métier principal; seuls 22% sont expérimentés dans la création d’entreprise.

Les services aux entreprises y sont surreprésentées (36% vs 28 en moyenne).

Leurs projets sont modestes : 77% démarrent avec moins de 1 000 euros de capitaux.

71% ont monté leur projet seuls, sans formation spécifique (92%).

 

⇒ Les «retraités» (4% des créateurs)

 

73% ont 60 ans et plus; 74% sont des hommes (vs 67 en moyenne).

Si 45% souhaitent principalement augmenter leurs revenus, 42% souhaitent aussi conserver une activité intellectuelle; ils créent notamment dans les services aux entreprises (38%), un peu moins que les jeunes diplômés (45% vs 28 en moyenne).

74% privilégient le régime de l’auto-entrepreneuriat, comme activité de complément  (75%); 57% n’auraient pas créé d’entreprise sans ce régime; pour 65% c’est une activité ponctuelle.

53% créent dans leur métier principal; 43% y ont plus de 10 ans d’expérience, comme les créateurs expérimentés (42 vs 25 en moyenne). 66% montent leur projet seuls. 

Leur investissement initial est faible (72% investissent moins de 1 000€).

 

⇒ Les «créatrices de l’enseignement et de la santé» (8% des créateurs)

 

69% sont des femmes.

Le niveau de formation est le plus élevé, avec 82% de diplômés du supérieur.

39% sont des agents de la fonction publique et 30% des salariés du privé.

Globalement 54% souhaitent créer leur emploi et 43% augmenter leurs revenus. Noter que 53% ont une activité salariée rémunérée, dont 38% à temps partiel.

Dans l’enseignement (25% des répondants de ce groupe), 86% choisissent le régime de l’auto-entrepreneur, majoritairement en activité de complément; ils sont 60% à exercer une activité rémunérée en parallèle. Leur motivation première est l’augmentation des revenus (46%).

Dans la santé humaine et l’action sociale (42% des répondants de ce groupe), 64% créent une entreprise classique, quasi exclusivement sous forme d’entreprise individuelle. Seuls 39% gardent un autre emploi rémunéré. Leur motivation première est cette fois la création de leur emploi (71%).

63% ont réuni au plus 1 000€ de capitaux initiaux.

 

       Les jeunes diplômés (8%)

 

Juste avant la création, 66% sont étudiants, 17% salariés (dont CDD ou intérim 6%) et 12% chômeurs. 

85% ont moins de 30 ans; 65% sont issus du supérieur dont 34 d’un niveau 2éme cycle et plus (vs 44 et 30% en moyenne). Noter que 42% sont des femmes, le score le plus élevé au sein des 7 types.

Pour la plupart, il s’agit donc de leur 1ére expérience dans la création, une expérience qui participe à leur insertion sur le marché du travail. 74% optent pour un métier concordant avec leurs études, dans lequel 92% ont moins de 3 ans d’expérience.

39% sont localisés en Île-de-France. 45% ont crée une activité de services aux entreprises (dont 14% en informatique vs 5 en moyenne).

Les 2/3 ont choisi l’autoentrepreneuriat, dont 61% en activité principale.

69% démarrent avec moins de 1 000€ de capitaux.

En termes d’appui, celui de l’entourage personnel est plus fréquent (28% vs 17 en moyenne).

 

L’agrégat autoentrepreneurs et entrepreneurs classiques proposé dans cette étude peut conduire à des conclusions hâtives. Rappelons que les autoentrepreneurs comptent pour 52% et les créations classiques pour 48%.

Si les données fournies par l’Insee ne permettent pas une comparaison entre ces 2 sous-populations, rappelons quelques éléments signifiants, pour prendre du recul, au regard des entreprises classiques ; les autoentrepreneurs les plus présents dans 5 des 7 types observés sont 29% en activité principale, 33% en activité secondaire, alors que 42% n’ont pas démarré.  

Si nous observons les principaux critères signifiants pour le développement et/ou la pérennité, la comparaison entre les 7 types donne les résultats suivants :