Méthodologie de l’enquête : enquête réalisée par TMO Régions auprès de 2 517 répondants; le panel global est constitué de 2 échantillons interrogés en ligne entre le 26 juin et le 20 juillet 2018 et un échantillon interrogé par téléphone du 22 juin au 10 juillet 2018.
Un premier échantillon de 1 003 personnes, représentatif de la population résidant en France de 18 ans et plus selon la méthode des quotas (sexe, âge et CSP par grande région).
Un sur-échantillon de 1011 personnes « cibles » : 108 dirigeants d’entreprise / 102 ex-dirigeants d’entreprise / 200 porteurs de projet / 300 intentionnistes / 300 demandeurs d’emploi, selon la méthode des quotas (sexe, âge et CSP par grande région). Un second sur-échantillon de 503 personnes habitant dans des QPV.
⇒ Les femmes
Les femmes font preuve d’un dynamisme entrepreneuriale moins important que les hommes (respectivement 23% vs 37 pour les hommes) : les femmes cheffes d’entreprise (9%) et excheffes d’entreprise (8%) sont de fait proportionnellement moins nombreuses que les hommes (respectivement 15% et 19); Il en va de même pour les femmes intentionnistes, mais dans des proportions moindres (respectivement 17% vs 21), alors que la part des porteuses de projet est identique à celle des hommes (7%).
Les femmes sont sensiblement moins nombreuses à déclarer l’entrepreneuriat comme choix de carrière le plus intéressant (46% contre 51).
Elles évoquent des craintes. plus marquantes que pour les hommes concernant le risque d’échec (26% contre 21), les responsabilités (29% contre 12), les revenus insuffisants (22% contre 17), la peur de perdre l’équilibre familial (14% contre 9) et le fait de ne pas savoir comment s’y prendre pour mettre en place leur projet (20% contre 14). En revanche, elles craignent moins la complexité des démarches administratives (30% contre 40) et la peur de perdre leur patrimoine (15% contre 23).
♦ Les femmes chefs d’entreprises ou ex-dirigeantes
Les femmes sont plus présentes en reprise, notamment dans la reprise de l’entreprise familiale (13% vs 4), une façon notamment de compléter sa retraite; d’ailleurs, 9% des femmes intentionnistes déclarent vouloir prendre la relève de l’entreprise familiale (vs 2% pour les hommes).
Les femmes ex-dirigeantes ont connu une carrière professionnelle plus courte que les hommes (81% moins de 10 ans, dont 52 % moins de 5 ans, contre respectivement 48 et 27 pour les hommes).
♦ Les femmes inscrites dans une dynamique entrepreneuriale
Elles sont davantage dans la logique d’assurer avant tout leur propre emploi (59% vs 47 pour les hommes) et 47% des femmes intentionnistes (contre 39 %). De fait, leurs projets entrepreneuriaux sont moins ambitieux ; idem pour les motivations à la création : mise en œuvre d’une idée nouvelle (9% contre 16), saisi d’une opportunité (14 % contre 30) ou encore s’être lancé un défi (31% contre 20); en revanche, elles mettent plus fréquemment en avant des motivations pratiques : gagner plus d’argent (34% contre 27), ne pas ou ne plus être salarié (24% contre 13).
Ce qui différencie les intentionnistes des chefs d’entreprise, c’est l’attente de l’épanouissement (48% vs 28) et la mise en ouvre d’une idée nouvelle (15% vs 9); peu les autres items. Bien sur les chefs d’entreprise parlent de l’opportunité d’une rupture professionnelle pour créer (19% vs 11), alors que les intentionnistes parlent d’un besoin de changer de métier (22% vs 14).
Comparés aux hommes, les femmes déclarent plus souvent, dans leurs intentions, être motivées par le désir de changer de métier, faire autre chose (22% contre 16), le souhait d’être indépendantes (52% contre 47) et ne pas ou ne plus être salariées (19 % contre 13); à l’inverse, les hommes affirment plus fréquemment être motivés par le fait de se lancer un défi (30% contre 22).
Elles ont aussi moins souvent d’antécédents entrepreneuriaux (31% contre 46 les hommes), notamment moins expérimentées dans le montage ou la direction une association (13% contre 29). Néanmoins, elles ont aussi fréquemment que les hommes aidé un proche dans son projet entrepreneurial (17% contre 19).
Ces femmes sont également moins nombreuses à déclarer avoir été incitées à créer leur entreprise (25 % contre 31 % des hommes), notamment de l’entourage professionnel (7% contre 13).
♦ Il y a peu de différence entre les hommes et les femmes en matière de freins à la création d’entreprise pour les personnes qui ne sont pas dans une dynamique entrepreneuriale. Seul point de différence, la sécurité de l’emploi qui est un peu plus fréquemment cité par les femmes (27 % contre 21).
En conclusion, les femmes toutefois estiment quasiment autant que les hommes que créer/reprendre est un excellent choix de carrière (46% vs 51); toutefois elles sont ou ont été moins impliquées dans la création/reprise (17% sont ou ont été chefs d’entreprise vs 34 pour les hommes) et moins ambitieuses; par contre, en termes d’intention de créer/reprendre, elles sont proches des hommes (17% vs 21), et sont même au même niveau que les hommes quant aux démarches engagées pour ce faire (7%).
Les enquêtes conduites ces 10 dernières années montraient que les femmes étaient en terme d’intention de créer toujours en retrait par rapport aux hommes. Y aurait-il un revirement ? Une question à suivre, d’autant que les données parues en octobre pour cette même enquête différent de celles publiées dans l’infographie.
⇒ Les demandeurs d’emploi
♦ Le meilleur choix de carrière : 49% des demandeurs d’emploi estiment que l’entrepreneuriat est le choix de carrière le plus intéressant (tout comme pour l’ensemble des répondants); Toutefois, l’intérêt pour cette carrière professionnelle est sensiblement plus marqué pour les demandeurs d’emploi indemnisés (53% contre 49 pour les demandeurs d’emploi non indemnisés).
Les demandeurs d’emploi ont moins d’antécédents entrepreneuriaux que les non demandeurs d’emploi : 15% ont aidé un proche à créer/reprendre ou diriger une entreprise (vs 19 pour les non demandeurs d’emploi), et 14% ont déjà monté ou dirigé une association (contre 22%).
29% des demandeurs d’emploi se sont vu conseiller de créer ou reprendre une entreprise, le plus souvent par un proche de leur entourage familial ou amical (18%), mais aussi 8% d’un conseiller de Pôle emploi. Le fait d’être demandeur d’emploi ne semble pas influencer le regard de leur entourage vis-à-vis d’une potentielle carrière entrepreneuriale, puisqu’ils ont entendu ce genre de conseil (respectivement 29% et 28%) aussi fréquemment que les personnes non demandeurs d’emploi.
♦ 24% des demandeurs d’emploi sont ou ont été inscrits dans une dynamique entrepreneuriale (30% l’ensemble des répondants). 4% sont des chefs d’entreprise en activité (?) et 12% des ex-chefs d’entreprise (14% les non indemnisés et 11% les indemnisés) et 8% des porteurs de projet en cours de démarches (9% pour les indemnisés et 5% pour les non indemnisés).
♦ 22% (dont 8% en cours de démarches) sont des intentionnistes
Ils affirment principalement être motivés par le désir d’être indépendant, d’être son propre patron (62%), de s’épanouir, réaliser un rêve (39%), de saisir une opportunité (28%) ou encore ne pas ou ne plus être salarié (27%).
Bien que très souvent cité par les intentionnistes et les porteurs de projet, le fait d’être sans emploi n’arrivent pas en tête des motivations déclarées par les demandeurs d’emploi : 22% d’entre eux déclarent vouloir profiter de la situation pour lancer un projet qui leur tenait à cœur (16% les non indemnisés vs 24 les indemnisés); même tendance pour ceux qui veulent profiter de leur rupture professionnelle pour changer (10% vs 19).
Arrive seulement ensuite le fait de ne pas avoir d’autre choix pour retrouver du travail (21% les non indemnisés contre 10% pour les demandeurs d’emploi indemnisés).
Ils mettent plus fréquemment en avant que les non demandeurs d’emploi des motivations liées au salariat et donc à leur situation professionnelle : être indépendant à son compte (62% contre 46) et ne pas ou ne plus être salarié (27% contre 14). En revanche, ils citent moins souvent des motivations à caractère entrepreneurial telles saisir une opportunité (9% contre 18 ) ou partager un projet d’équipe (3% contre 11) ou liées à leur réalisation personnelle : s’épanouir, réaliser un rêve (39% contre 46), se lancer un défi (12% contre 25), voire gagner plus d’argent (28% vs 35).
Ils déclarent principalement avoir été freinés par l’importance des investissements financiers (41%, nettement plus que pour 25% non demandeurs d’emploi), la préférence pour un emploi salarié (29% vs 23), le risque d’échec jugé trop important (29% vs 21). En revanche, ils citent moins souvent comme freins la satisfaction d’un emploi salarié (9% contre 15) et la peur de perdre leur patrimoine (9% contre 14).
Les demandeurs d’emploi non indemnisés mettent plus fréquemment en avant des freins liés à leurs capacités : ils ne pensent pas avoir les compétences requises pour la création (22% contre 13) et ne pensent pas avoir l’expertise suffisante (15% contre 5). En revanche, la complexité des démarches administratives (12% contre 27), le risque d’échec trop important (22% contre 32) et la préférence pour la sécurité d’un poste salarié (18% contre 34) sont moins souvent cités.
En conclusion, les demandeurs d’emploi non indemnisés sont plus à la recherche d’une activité fut-elle indépendante, que d’un projet entrepreneurial, alors que les demandeurs indemnisés sont proches de la moyenne des intentionnistes, mais en fragilité plus grande du fait de leur rupture professionnelle (finances, compétences et risques)
⇒ Les résidents des quartiers de politiques de la ville (QPV) : 14% sont inscrits dans une dynamique entrepreneuriale vs 31% pour ceux hors ces quartiers.
♦ Le choix de carrière : 48% des habitants des QPV déclarent l’entrepreneuriat comme choix de carrière le plus intéressant, autant que les personnes n’habitant pas dans ces quartiers; les déclarations des hommes et femmes des QPV sont relativement proches (49% des femmes contre 46% des hommes).
Ils ont moins fréquemment des antécédents entrepreneuriaux (32% contre 39). Ils ont moins fréquemment monté ou dirigé une association (10% contre 22); en revanche, ils se sont trouvés aussi fréquemment que les personnes vivant hors des QPV en situation d’aider un parent proche dans la gestion, la création ou reprise de son entreprise (18% pour les deux groupes d’habitants).
Les femmes sont moins fréquemment confrontées à des situations entrepreneuriales que hommes : elles ont moins souvent aidé un parent proche (15% contre 21 des hommes de ces quartiers); elles ont moins souvent suivi une formation, un cours ad hoc (13% contre 22) et ont moins souvent créé ou dirigé une association (7% contre 13).
Ils se voient moins souvent conseillé de créer ou reprendre une entreprise (20% vs 28 pour l’ensemble des répondants), et au sein des habitants de ces quartiers 12% des femmes vs 28% des hommes, comparés par ailleurs aux autres zones (26% des femmes contre 31% des hommes). La différence provient essentiellement des conseils donnés par la famille (8% des femmes des QPV contre 15% à 17% pour les hommes de ces quartiers et les hommes ou femmes habitant hors QPV), mais également par une personne de l’entourage professionnel.
♦ L’indice entrepreneurial est de 14% vs 31 pour les autres populations; 9% sont des intentionnistes (dont 1% des porteurs de projet) vs 20 et 7% pour les autres; 3% sont entrepreneurs en activité (vs 12) et 4% d’ex chefs d’entreprise (vs 14).
Les femmes habitant un QPV sont moins nombreuses que les hommes à se placer dans une dynamique entrepreneuriale (9% contre 18% des hommes, vs en moyenne 24 et 39%); la différence entre les genres vient des chefs d’entreprise moins nombreux (1% contre 4 les hommes), tout comme les intentionnistes (5% contre 12).
♦ Le faible dynamisme entrepreneurial des habitants des QPV est complété par une part plus importante de personnes n’ayant jamais songé à créer son entreprise (23% contre 16 pour les personnes vivant hors de ces quartiers). Cette différence est plus le fait des femmes de ces quartiers (30% vs 22 pour les hommes).
Hormis le fait de ne jamais avoir pensé à la création d’entreprise, les deux principaux freins à la création avancés par les habitants des QPV sont les mêmes que pour le reste de la population de France : l’importance des investissements financiers (34%) et la préférence pour la sécurité d’un emploi salarié (22%); néanmoins, certaines motivations sont plus fréquemment mises en avant dans les QPV : l’importance de l’investissement financier (34% contre 27), la satisfaction de l’emploi salarié (18% contre 13) et la grande responsabilité demandée par le métier de chef d’entreprise (19% contre 11). En revanche, le risque d’échec trop important et la peur de perdre le patrimoine sont moins souvent cités.
♦ Les principales motivations mises en avant par les porteurs de projets et les intentionnistes des QPV sont le désir d’être indépendant, d’être son propre patron (61%), s’épanouir, réaliser un rêve (42%) et ne pas ou ne plus être salarié (31%). Ces trois motivations arrivent également en tête pour les intentionnistes et porteurs de projets résidant en dehors des QPV; néanmoins, celles portant sur le choix de l’entrepreneuriat au regard du salariat (être indépendant et ne plus être salarié) sont plus fréquemment citées par les habitants des QPV.
Ajoutons que 35% sont motivés par gagner davantage.
Plus que dans les autres quartiers, la création d’entreprises dans les QPV est moins souvent quelque chose de réfléchi sur le long terme, mais plus souvent ou aussi souvent une réaction à une situation effective de rupture professionnelle.
Les motivations davantage orientées sur la réalisation personnelle, sont moins souvent mises en avant par les habitants des QPV : s’épanouir, réaliser son rêve (42 % contre 46) ou encore se lancer un défi (14% contre 27). Il en va de même pour les motivations naissant de la réflexion d’un projet (mettre en œuvre une idée nouvelle ou participer à un projet d’équipe) ou encore celles liées à un changement de vie professionnelle souhaité ou imposé (changer de métier profiter, d’un changement de vie professionnelle).
Les caractéristiques de leur potentielle entreprise restent plus souvent floues : ils sont plus nombreux à ne pas savoir s’ils créeront ou reprendront ou s’ils reprendront en équipe ou seuls.
En conclusion, les habitants des QPV ont une culture entrepreneuriale moins importante avec des antécédents entrepreneuriaux moins fréquents et surtout une dynamique entrepreneuriale moins marquée. S’ils ont une opinion positive de l’entrepreneuriat, ils ne considèrent pas que le fait de créer/reprendre est pour eux. La décision d’entreprendre, intervient plus souvent quand il n’y a pas d’autres solutions.
Ces écarts observés entre les résidants des QPV et les habitants des autres espaces concernent aussi bien les hommes que les femmes, mais ils sont accentués pour les femmes.