Source : Données issues du Crédit Mutuel Alliance Fédérale donnant accès aux données de comptes bancaires d’un échantillon d’entreprises construit de telle sorte qu’on ne puisse pas les identifier (exclusion de sous-populations de petite taille). L’échantillon « entreprise » compte environ 70 000 très petites entreprises (TPE) et 25 000 petites et moyennes entreprises (PME) qui détiennent un compte bancaire au CIC, filiale du Crédit Mutuel. Ce sont les TPE-PME qui ont principalement bénéficié des PGE et pour la plupart non enregistrées dans le fichier Fiben sur lequel s’appuie la Banque de France pour estimer, en fonction de la cotation des entreprises, les risques de prêts non performants.
Les PGE ont été contractés par des TPE (38% y ont eu recours) et des PME (40% en ont bénéficié) ; juste avant le début de la crise Covid, leurs niveaux de trésorerie étaient nettement inférieurs, que ceux des entreprises n’ayant pas eu recours au PGE. L’apport de liquidités procuré par les PGE leur a permis de se rapprocher de la situation des autres entreprises. Cependant, leur trésorerie a ensuite diminué sous l’effet combiné de deux phénomènes : d’une part, la consommation de cette trésorerie pour couvrir des frais courants et, d’autre part, le remboursement progressif du ou des PGE.
Afin de compléter l’analyse, est examiné l’évolution de l’encours bancaire net des TPE-PME (la différence entre la trésorerie d’une entreprise et la valeur de ses dettes).
Les entreprises avec PGE ont globalement retrouvé le niveau d’encours nets qu’elles avaient dans la période pré-Covid, alors que la situation financière des entreprises sans PGE s’est améliorée en particulier pour les TPE. En juin 2024, 30% du stock des PGE contractés lors de la « première vague » restent à rembourser.
Près de 25% des entreprises ont procédé à un remboursement intégral, 56% en ont remboursé plus de la moitié, 19% ont remboursé moins de la moitié (10% du stock initial de PGE à rembourser) ; ces dernières entreprises ont étalé au maximum l’échéancier, en ayant recours aux 2 années de différé.
Au 2éme trimestre 2024, la situation des entreprises qui ont tout remboursé est légèrement plus favorable qu’en 2020, tandis que les TPE et PME ayant amorti moins de 50% de leur PGE connaissent une situation nettement dégradée : leur encours net bancaire est quasiment nul mais elles ont encore 2 ans pour rembourser leur PGE. Les entreprises qui ont le plus étalé leurs remboursements sont celles qui ont le plus emprunté proportionnellement à leur chiffre d’affaires, les TPE avec PGE étant sensiblement plus endettées relativement à leur chiffre d’affaires que les PME.
Quelles entreprises présentent le plus de risque de ne pas rembourser intégralement leur PGE (il s’agit ici des 83% ayant souscrit un PGE lors de la 1ére vague de souscription) ?
Pour apprécier la capacité d’une entreprise à rembourser ses prêts, l’examen du niveau de trésorerie est utile, mais il faut aussi tenir compte de la capacité de l’entreprise de l’autofinancement (CAF). En se basant sur les données Banque de France relatives à la structure financière des TPE-PME avant le Covid, le ratio CAF/ chiffre d’affaires était de 7,1% pour les TPE-PME en 2018 comme en 2019 ; en affinant selon les situations d’entreprise, la Banque de France estimait en 2023, un ratio de CAF/CA inférieur à 2,8% pour 25% des entreprises et de plus de 13,5% pour les 25% d’entreprises les plus prospères, avec pour les autres entreprises une situation médiane à 6,65%.
En prenant le ratio médian de CAF/CA de 2023 comme référence et en considérant qu’il reste deux années pour rembourser le reste du PGE, 7,3% des entreprises seraient en situation critique. Mais ces entreprises pourraient être confrontées à d’autres échéances.
Pour les 17% d’entreprises ayant souscrit aussi un PGE en 2éme vague, quelle est leur situation ?
14% ont remboursé l’intégralité de leur PGE « première vague », 55% plus de la moitié et 30% moins de la moitié. Mais, l’échéance ultime de remboursement se situe en 2027, voire en 2028 ; mais la majorité des nouveaux prêts a été contractée en 2021(raison pour laquelle l’étude retient l’échéance ultime de 2027 pour simplifier).
La situation d’au moins la moitié de ces entreprises semble préoccupante. 10% seraient en difficulté pour rembourser leurs PGE.
Finalement, si l’on considère globalement les entreprises qui ont contracté des PGE :
– 7,5% des entreprises sont considérées « à risque » pour le remboursement de leurs PGE,
– Ces entreprises détiennent 4% du stock initial de PGE qui reste à rembourser,
– Elles représentent environ 0,8% du CA des TPE et PME, et 3% des entreprises de l’ensemble de notre échantillon (entreprises avec ou sans PGE).
Constatons toutefois un décalage entre les autres évaluations, traitant plutôt d’un nombre d’entreprise en impossibilité de rembourser leur PGE (5% environ alors que le CAE parle de 4 à 5% en termes de montants irrécouvrables).
Pour en savoir davantage : https://www.cae-eco.fr/pret-garanti-par-letat-les-entreprises-pourront-elles-rembourser-un-eclairage-a-la-mi-2024
Ces résultats sont proches des dernières estimations de la Banque de France et de la DG Trésor (été 2024), avec des méthodes d’analyse différente et conclue à un taux de perte de 4%.