Source : les estimations annuelles mesurent l’emploi total (salarié et non salarié) sur la dernière semaine de l’année par secteur d’activité (jusqu’au niveau A88 de la NAF rév. 2) et par échelon géographique (jusqu’à la zone d’emploi).
Le nombre de non-salarié a progressé entre 2019 et 2020, alors que le nombre de salarié régressait.
⇒ Une approche globale de l’évolution de l’emploi en 2020
Fin 2020, 28,2 millions de personnes occupent un emploi en France hors Mayotte. L’emploi a diminué de 261 000 en 2020 par rapport à fin 2019 (0,9%).
Noter que le nombre des salariés entre 2000 et 2019 a beaucoup progressé dans les années 2015-2019, et régressaient en 2008-2009 et en 2020, alors que les non-salariés progressait entre 2010 et 2013, et entre 2018 et 2020.
Cette importante baisse de l’emploi s’explique par la chute de l’activité économique. En 2020, PIB a chuté de 8% alors que la croissance économique approchait 2% en 2018 et 2019. Mais le dispositif d’activité partielle renforcé mis en place en mars 2020 a considérablement amorti l’effet de cette récession sur l’emploi.
♦ L’emploi salarié, qui constitue près de 9 emplois sur 10, a nettement diminué (-303 000 emplois entre fin 2019 et fin 2020, soit -1,2%). C’est la première baisse de l’emploi salarié depuis 2012 (-70 000 emplois) et la plus importante sur une année depuis que l’Insee le mesure (1970).
♦ En revanche, l’emploi non salarié a continué à progresser (+41 000 emplois, soit +1,3%), mais a nettement ralenti par rapport à l’année précédente (+121 000 en 2019, soit +4,1%). Il est exclusivement porté par la hausse du nombre de microentrepreneurs (+7,8%) alors que le reste de l’emploi non salarié a diminué (-1,4%).
⇒ Dans quels secteurs ces pertes d’emploi ?
En 2020, la baisse de l’emploi s’est principalement concentrée dans le tertiaire marchand (-299 000 emplois, -2,1%), et concerne uniquement l’emploi salarié (-338 000, après +200 000 en 2019). Ce secteur représente un emploi sur deux et regroupe les activités les plus touchées par la crise sanitaire avec les HCR (-128 000 emplois salariés ou 38% des emplois salariés perdus) ; près de 75 000 emplois salariés nets ont également été détruits dans les services aux entreprises (comprenant les intérimaires), et 68 000 dans les services aux ménages, secteur qui regroupe notamment les activités culturelles et récréatives.
L’emploi non salarié du tertiaire marchand a progressé mais ralentit par rapport à l’année précédente : +39 000, après +87 000 en 2019.
L’industrie a perdu à nouveau des emplois (-50 000 emplois hors intérimaires, soit -1,5%), notamment dans la métallurgie, alors que l’industrie pharmaceutique n’a pas détruit d’emploi salarié. Cette baisse de l’emploi met fin à trois années consécutives de hausse modérée (+34 000 emplois entre 2017 et 2019), notamment dans l’industrie agroalimentaire. En 20 ans, l’industrie a perdu un quart de ses effectifs salariés (-993 000 emplois).
Le secteur agricole a perdu 3 000 emplois (-0,4%) alors qu’il était stable en 2018 et 2019. L’emploi salarié y a légèrement progressé (+3 000 emplois) mais l’emploi non salarié a continué de reculer (-6 000).
À l’inverse, l’emploi dans le tertiaire non marchand a augmenté en 2020 : +51 000 emplois en 2020, la plus forte hausse depuis 2016, soit une hausse de 0,6% causée uniquement par l’emploi salarié (-5 000 emplois non salariés). La crise sanitaire explique pour beaucoup ce dynamisme : plus des trois quarts des créations nettes d’emploi salarié non marchand se trouvent dans le secteur de la santé (+43 000).
Enfin, dans le secteur de la construction, l’emploi salarié a rebondi au second semestre 2020 et l’emploi total a nettement progressé sur l’année 2020 (+40 000 emplois, soit +2,3%). Depuis 2017, la croissance de l’emploi y est très dynamique (en moyenne 37 000 créations nettes d’emploi par an).
En résumé, un tableau récapitulatif
⇒ Seules 3 régions ont plus d’emploi fin 2020 que fin 2019
♦ La baisse de l’emploi a été particulièrement marquée en Île-de-France (-1,6%), en Auvergne-Rhône-Alpes (-1,5%), en Bourgogne-Franche-Comté (-1,2%), en Martinique et dans le Grand Est (-1%). C’est aussi dans ces 4 premières régions que l’emploi du tertiaire marchand a le plus diminué (de -2,6% en Bourgogne-Franche-Comté à -3,6% en Auvergne-Rhône-Alpes). La région Auvergne-Rhône-Alpes est de loin la plus touchée par le recul de l’emploi salarié dans l’hébergement-restauration (-23,3%, contre -11,7% en moyenne nationale).
♦ Dans le Grand Est, le tertiaire marchand a moins diminué que la moyenne nationale (-1,9%, contre -2,1%) mais l’emploi du tertiaire non marchand a quasi stagné (+0,2%). L’emploi dans l’industrie y a chuté (-2,2%) alors que la part des emplois industriels y est plus forte qu’ailleurs.
♦ 5 régions proches de la moyenne France : en Centre-Val-de-Loire, Guadeloupe, Occitanie, Normandie et Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’emploi a reculé de 0,6% à 0,9%, avoisinant la moyenne nationale (-0,9%). L’emploi dans le tertiaire marchand y a décru d’au moins 1,4 % et celui du tertiaire non marchand a moins augmenté qu’au niveau national, à l’exception de Provence-Alpes-Côte d’Azur (+0,7%). La Guadeloupe est la région ayant le plus bénéficié du dynamisme dans la construction (+4,9%), modérant la chute de l’emploi total.
♦ 3 régions avec une quasi stabilité : dans les Hauts-de-France, les Pays de la Loire et en Nouvelle-Aquitaine, l’emploi s’est légèrement contracté (-0,4% à -0,3%) et il s’est quasi stabilisé en Bretagne (-0,1%). La baisse du tertiaire marchand y est moins marquée qu’en moyenne nationale. Dans le tertiaire non marchand, l’emploi y a été plus dynamique qu’en moyenne nationale, à l’exception des Hauts-de-France.
♦ Au final, l’emploi n’a progressé en 2020 qu’en Corse (+0,7%), à La Réunion (+1,3%) et en Guyane (+1,8%). Ces 3 régions sont les seules où l’emploi a augmenté dans le tertiaire marchand, avec +0,2% en Corse, +0,9% à la Réunion et +0,8% en Guyane.
Pour en savoir davantage : En 2020, l’emploi a baissé de façon inédite depuis 2009 − Estimations d’emploi | Insee