En Île-de-France, 63% des entreprises, hors auto-entrepreneurs, immatriculées lors du premier semestre 2010 sont toujours actives en 2015, une situation bien plus favorable que celle de la précédente enquête Sine. L’Île-de-France fait partie des régions où les entreprises nouvellement créées sont les plus pérennes. Malgré les difficultés conjoncturelles, les entreprises franciliennes encore actives cinq ans après leur création parviennent à créer des emplois.
⇒ Le taux de pérennité
En 2010, 66 000 entreprises ont été créées en Île-de-France dans le secteur marchand non agricole, hors régime de l’auto-entrepreneur. 5 ans après, 62,8% sont toujours actives (vs 60,4% en France), une situation bien meilleure qu’en 2006 (49% de pérennes); mais l’apparition du régime de l’autoentrepreneur rend la comparaison difficile.
Ce taux est supérieur en Pays de la Loire (63,6%), et en Corse (64,3%) mais inférieur dans la plupart des autres régions de métropole, notamment pour Paca et l’Occitanie (55%).
Noter que 23% des auto-entrepreneurs immatriculés en 2010 sont pérennes à 5 ans; ce sont 37% pour ceux qui ont réalisé des recettes, vs 56% pour les créateurs classiques en entreprise individuelle; ceux en activité principale sont davantage pérennes que ceux en activité secondaire (40% vs 34). Comme pour les entreprises classiques, la pérennité est liée au secteur d’activité; ainsi, l’éducation/santé connait un taux de 50% vs 30% pour les secteurs de l’information/communication, celui des activités financières ou immobilières. Enfin, la pérennité augmente avec l’âge : 46% des 40-49 ans au moment de la création contre 35% pour les 30-39 ans.
⇒ Les raisons qui conduisent à un meilleur taux de pérennité qu’en France pour les entreprises classiques :
-Le statut juridique : plus des 3/4 des créations sont des sociétés (61% en France), avec une pérennité de 65% vs 56 pour les entreprises individuelle;
-Le secteur d’activité : 20% appartiennent au secteur des services aux entreprises (13% en France) avec un taux de 73% (vs 70% en France). Toutefois, en Île-de-France comme en France, le commerce et la construction restent les secteurs les moins pérennes, ce qui était déjà le cas en 2013, trois ans après la création;
-Le fait d’être employeur dés le départ (69% contre 64%);
-Le niveau de diplôme : le taux de pérennité est plus faible pour les entreprises créées par un entrepreneur diplômé d’un CAP ou d’un BEP (54%), vs celle créée par un diplômé du supérieur de 2e ou 3e cycle (69%)
–Les moyens financiers investis au démarrage peuvent aussi contribuer favorablement à la pérennité de l’entreprise : au niveau national, plus le montant investi est élevé, plus la pérennité l’est; ce n’est pas le cas en Île-de-France, où les projets « modestes » (moins de 4 000 € investis) sont plus pérennes qu’au niveau national (60% contre 54%), du fait du poids des service aux entreprises.
–Les motivations du chef d’entreprise : la création par choix, par goût de l’entrepreneuriat assure un développement bien supérieur à la création « subie », pour sortir du chômage (taux de pérennité de 70% pour les uns, contre 56% pour les autres).
⇒ Le développement de l’entreprise
Au cours des 2 dernières années (entre 2013 et 2015), le chiffre d’affaires n’a augmenté que pour 40% d’entre elles, tandis qu’il a diminué pour un tiers. La moitié des entrepreneurs sont insatisfaits du dernier exercice financier; 38 % ont eu pour objectif de tenter de sauvegarder leur activité, alors que seuls 14% ont eu pour objectif son développement.
En outre, 39% envisagent de maintenir l’équilibre actuel de leur entreprise et 32% pensent la développer dans l’année à venir. Seuls 16% pensent devoir la fermer, la vendre, la transmettre ou redresser une situation difficile.
L’emploi généré par les créateurs toujours en activité
Fin 2015, 54 000 personnes (dont 40 000 salariés) travaillent dans les entreprises franciliennes créées au cours du premier semestre 2010, soit 1,6% de plus qu’à la création, contre une baisse de 9% au niveau national. Dans 20% des entreprises, le conjoint participe à la vie de l’entreprise, le plus souvent comme salarié, alors que dans les entreprises créées en 2006 il était au contraire plus souvent non salarié.
Cette progression résulte à la fois d’une forte croissance dans les entreprises pérennes (+ 18 800 emplois, soit + 54%), mais aussi des pertes d’emplois dans les entreprises disparues (- 18 000); cette hausse est principalement portée par l’emploi salarié, intégrant les dirigeants salariés (+ 66%, contre + 41% au niveau national), qui compense la baisse de l’emploi non salarié. Le nombre d’entreprises employeurs a presque doublé entre 2010 et 2015 et l’emploi salarié a augmenté de 135%.
Toutefois, parmi les entreprises pérennes, 35% ont vu leurs effectifs salariés augmenter entre 2010 et 2015, tandis que plus de la moitié (57%) ont stabilisé leurs effectifs et 8% les ont diminués. Ces hausses sont davantage le fait des entreprises du secteur des services administratifs et de soutien (nettoyage, sécurité, agence d’intérim), construction, services aux entreprises et commerce, où les effectifs salariés ont au minimum doublé.
Les 2/3 ne pensent pas embaucher au cours des 12 prochains mois.
Les investissements
6 jeunes entrepreneurs sur 10 n’ont pas développé de nouveaux produits ou services au cours des 2 dernières années. De même, 4 sur 10 n’ont pas réalisé d’investissement.
Pour ceux qui ont investi, il s’agissait le plus souvent d’achat de matériel nécessaire à la production de biens et de services, d’achat de matériel bureautique et d’achat de véhicule à usage professionnel, le plus souvent financés avec les réserves des entreprises.
⇒ Les difficultés rencontrées
2/3 des entrepreneurs estiment avoir rencontré un ou plusieurs obstacles. Pour plus de la moitié d’entre eux, le principal obstacle relève de problèmes commerciaux, de débouchés et de concurrence, tandis qu’1/4 mettent en avant des problèmes d’ordre financier. 2/3 des entreprises créées en 2010 n’ont connu aucune modification importante de leur clientèle ou de leurs produits et services au cours de leurs 5 premières années d’existence, contre seulement la moitié des entreprises créées en 2006.
36% déclarent avoir eu souvent des problèmes de trésorerie au cours des 2 dernières années ( charges jugées trop élevées, délais ou retards de paiement des clients, baisse importante du chiffre d’affaires et défauts de paiement des clients).
Malgré ces difficultés, près de 4 entrepreneurs sur 5 se déclarent satisfaits de la création de leur entreprise.