Méthodologie :
-Une enquête auprès de 1 734 dirigeants de PME-ETI en juillet puis en novembre; 856 ont répondu à cette dernière enquête. Parmi les 1 734 répondants, 87% sont des hommes ; 62% ont entre 50 et 64 ans; 55% sont actionnaires majoritaires ou les seuls actionnaires. 42% ont arrêté totalement ou partiellement leur activité lors au printemps.
En ce qui concerne les entreprises, 68% ont de 10 à 49 salariés, 14% de 50 à 99, 12% de 100 à 249 et 6% davantage. 35% des entreprises appartiennent au secteur de l’industrie, 32% à celui des services, 14% au commerce, 11% au BTP, 7% au tourisme et transport.
-Suivi de 5 dirigeants entre avril et mai puis 9 interviewés entre mai et octobre,
-Et l’interview de 7 experts.
Si les craintes sont nombreuses, le rebond l’est aussi prenant en compte la crise comme une opportunité pour être plus prudent et innover.
⇒ 3 niveaux de réponse :
♦ Les réponses personnelles d’un individu en proie au stress et à des chocs émotionnels
Chaque individu ne réagit émotionnellement pas de la même façon lorsqu’il est soumis à une situation de stress intense : doute, anxiété, excitation… Plusieurs facteurs, innés ou acquis, favorisent la résistance aux chocs et donc la capacité d’accepter la situation (qui peut s’apparenter à un certain fatalisme), l’expérience de vie, et la part d’optimisme (confiance en soi et dans l’avenir). La crise est une période rude et intense qui a été comparée par les dirigeants à une tempête, un match de boxe ou un marathon.
De nombreux dirigeants ont insisté sur l’importance de « garder la tête froide » avant d’entreprendre la moindre action en faveur de l’entreprise. D’autres affirmaient même qu’il revenait aux dirigeants « d’absorber les chocs », malgré la pression sur leurs épaules, pour permettre à leur entreprise de se relever au mieux.
♦ Les réponses opérationnelles et stratégiques d’un preneur de décisions sous pression : En temps de crise, urgence et vision de long terme sont en constant tiraillement : il s’agit de concilier habilement les deux et de savoir trancher en conséquence. Dans le même temps, le dirigeant doit garder en ligne de mire le cap vers lequel il veut amener son entreprise.
Lorsque le dénouement de la crise se fait attendre, les dirigeants peuvent alors sentir leur lucidité s’effriter au fil du temps. La gestion des efforts devient ainsi encore plus décisive pour conserver son moral et sa clairvoyance, ce qui est difficile pour tout dirigeant et notamment ceux qui veulent s’occuper d’un maximum de tâches par eux-mêmes.
Pour 42% la crise est source de difficultés, et pour 36% source d’anxiété, alors qu’elle est source d’opportunités pour 18% et source d’excitation pour 4%. En novembre 2020 avec recul, 63% (dont 18% tout à fait) diront que la crise a été source d’opportunités.
Si 66% ont été pris par un besoin d’agir tout de suite ; 20% se sont mis en retrait pour identifier leur marge de manœuvre, et 11% étaient excités face aux défis d’une situation inédite. 83% (dont 50 tout à fait) ont profité de ce contexte de crise pour accélérer le développement d’innovations.
Pour prendre les bonnes décisions, il faut disposer d’une vision claire sur le projet de son entreprise, entre tenir une bonne condition physique et mentale, être en veille, diriger ou prendre les décisions à plusieurs.
♦ Les réponses d’un meneur d’équipes qui s’appuie sur les forces du collectif : Il s’agit notamment de savoir s’appuyer sur le collectif (collaborateurs et partenaires) pour avancer de concert dans cette période chaotique.
Si 62% des dirigeants tout à fait convaincus d’avoir traversé une crise déclaraient avoir eu peur pour la survie de leur PME-ETI, ils sont 58% (dont 15% tout à fait) à avoir eu peur pour la motivation de leur équipe, n’étant que 28% à avoir de l’inquiétude pour leur santé.
Entre mars et juillet, 79% se sont appuyés sur leur équipe, 63% sur leur entourage personnel, 42% sur leurs partenaires financiers, 41% sur leurs experts, et seulement 26% sur leurs pairs et 21% sur leurs clients.
Parmi les 32% de dirigeants ne s’étant jamais sentis seuls pendant le confinement du printemps 2020, 72% disposaient d’un comité ou d’une équipe de direction autour d’eux.
46% ont ressenti le besoin de demander et/ou d’accepter de l’aide pour ne pas traverser seul cette période, alors que 54% ont privilégié la rapidité de décisions au détriment de l’échange.
⇒ Combattifs ou défaitistes ?
Noter que les dirigeants qui ont déclaré avoir tout à fait eu peur pour la survie de leur entreprise ont connu une baisse de leur forme deux fois plus importante. 62% de ces derniers ont ressenti de l’anxiété face à la perte de leurs repères (vs 42% pour le reste de notre échantillon) et 48 % se sont sentis seuls souvent ou au quotidien (vs 24%).
Mais depuis mars, seuls 15% ont hésité à tout laisser tomber (11% quand l’entreprise est performante, 31% quand elle ne l’est pas). En fait 69% s’estiment combatifs, et 7% abattus.
Pour 92% la crise a renforcé la conviction en la force de leurs équipes, et pour 82% la confiance en eux; la crise a aussi conduit à être plus prudent pour évaluer les risques (85%) et dans la gestion financière (76%).
Ce qui les aidé à acquérir ou consolider les bons réflexes, c’est pour 39% l’expérience des crises passées, pour 29% l’appartenance à un réseau de dirigeants, pour 26% l’accompagnement par des experts, pour 20% la lecture d’ouvrages et d’articles dédiés et pour 6% une formation sur ce thème.
⇒ La pérennité de l’entreprise et l’équilibre financier avant la crise
L’équilibre financier en janvier 2020, a eu une grande influence sur les perspectives à moyen terme ; ainsi 60% de ceux qui avaient une bonne santé financière en janvier 2020 n’envisagent aucune difficulté financière d’ici la fin de l’année, alors que ceux qui n’étaient pas du tout en bonne santé financiére étaient 16% à penser dépôt de bilan et 40% à craindre de fortes difficultés.
Noter que 60% avaient déjà évalué avant la crise les risques que l’entreprise pouvait craindre.
Pour en savoir davantage : Les dirigeants de PME-ETI face à la crise : combatifs et résilients (bpifrance.fr)