Les chefs d’entreprise indépendants (nombre et revenus), une comparaison par secteurs d’activité.


Source : "Les revenus d’activité des non-salariés en 2018", Insee Première N°1817, septembre 2020

Source : la source principale utilisée est la base non‑salariés (BNS) produite par l’Insee, qui fournit des données sur les non‑ salariés, hors aides familiaux. Celle‑ci est issue pour les activités non agricoles de l’Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale (Acoss), qui recouvre cotisations sociales et CSG‑CRDS assises sur les rémunérations des non‑salariés. Pourtant le nombre des micro-entrepreneurs fin 2017 varie : l’Insee dans ce document chiffre les micro-entrepreneurs à 923 000, alors que l’Acoss déclare 1,183 000 inscrits et 723 000 actifs (avec recettes).

Pour les définitions, voir les articles ad hoc dans la rubrique méthodologie-définitions.

En ce qui concerne les groupes d’activité, certains regroupements ne sont pas ceux habituels ; je donne ci-dessous ceux qui ont été modifié :

-Les services aux entreprises comprennent aussi les activités informatique/communication, les activités financières et immobilières,

-Les services aux particuliers comprennent aussi les HCR, les activités récréatives et artistiques, l’enseignement,

-La santé est traitée en tant que telle,

-Le commerce intègre aussi les commerces de bouche (boulangers…) souvent classés dans les industries agro-alimentaires.

 

Une vision globale des indépendants et plus spécifiquement des non-salariés.

⇒ Une approche globale des indépendants

 

Une approche tout d’abord du nombre d’entrepreneur par activité et forme juridique :

Les activités industrie, services aux entreprises et commerce sont celles qui sont plus souvent constitués sous forme de société ; les activités industrie et services aux entreprises sont plus souvent en SA/SAS, le commerce plutôt en SARL (à gérance majoritaire ou minoritaire). La santé, de par son type d’exercice, est essentiellement localisée dans les entreprises individuelles.

Les conditions de travail

Les indépendants sont très nombreux à éprouver la fierté du travail bien fait (88% vs 72 les salariés). Ils sont bien sûr moins contraints que les salariés dans leur rythme de travail (23% vs 41,5), puisqu’ils “choisissent” ce rythme ; d’ailleurs seuls 6% disent qu’ils manquent d’autonomie dans l’exercice de leur activité (vs 22% des salariés) ; mais comme les salariés, il estiment faire trop vite une opération qui demanderait davantage de soin (22 vs 26%). Noter que 74% travaillent seuls.

 

31% disent subir une forte emprise du travail sur leur vie (34% des hommes et 24% des femmes), contre seulement 4% des salariés, notamment en raison d’une durée de travail nettement plus longue (en moyenne 46 heures par semaine vs 36 heures pour les salariés). Ils ont plus de mal à concilier vies personnelle et professionnelle (28% vs 18 les salariés); pour 26% leurs proches se plaignent de leur manque de disponibilité (contre 13% des salariés).

 

28% mettent aussi en avant la pénibilité physique de leur activité (vs 22 les salariés) ; ce sont bien plus les artisans (44%) et peu les libéraux (2%).

⇒ Une approche des non-salariés (entreprises individuelles hors micro- entrepreneurs et sociétés à gérance majoritaire)

 

En ce qui concerne les revenus, ce sont les activités réglementées et celles en direction d’une clientèle d’entreprise qui sont les plus rémunératrices ; les activités plus manuelles, notamment de type plus “domestique” et les activités artistiques sont nettement moins rémunératrices.

Noter l’importance des revenus nuls (la rémunération par dividende ne parait pas être prise en compte ici ?) est plus fréquente dans les secteurs des services et du commerce et peu dans la santé (pas de société et revenus dés l’installation).

16% des non-salariés sont en situation de pluriactifs, notamment dans les services (aux entreprises, aux particuliers et dans la santé) ; ils le sont rarement dans la construction. Beaucoup sont aussi salariés dans le même secteur d’activité que celui de leur entreprise (notamment la santé avec 70%) ; noter que dans les autres activités, l’activité exercée est différente de celle de l’entreprise.

Les rémunérations des pluriactifs sont toujours plus conséquentes que celles des monoactifs; manifestement, l’activité salariée est importante (la rémunération totale est de 6 100€ pour l’ensemble des non-salariés, dont 3 150€ pour l’activité salariée et 2 950 pour l’activité non-salariée, vs 3 640€ pour les monoactifs).

 

Les micro‑entrepreneurs sont plus souvent pluriactifs que les non‑salariés classiques (43% contre 15% des non‑salariés classiques); en fin d’année, 14% des micro-entrepreneurs et 6% des non‑salariés classiques ont occupé un emploi salarié en cours d’année mais n’exercent plus que leur activité non salariée en fin d’année : il s’agit souvent de personnes cumulant ou alternant leur activité non salariée avec une activité salariée saisonnière, ou simplement d’actifs ayant quitté le salariat pour le non‑salariat en cours d’année.

 

Plus qualifiés, les pluriactifs combinent souvent des emplois de cadres salariés (51% vs 37 pour les autres), avec une activité libérale (39% exercent une profession libérale, vs 26 des autres non‑salariés) ; 47% ont un diplôme de niveau supérieur ou égal à bac+2, contre 33% des non‑salariés et des salariés et 18% des chômeurs indemnisés. Ils sont moins fréquemment gérants de sociétés (21 contre 38% des non‑salariés) ou entrepreneurs individuels (40 contre 52% des non‑salariés).

 Les femmes sont parmi les non-salariés, 37% des chefs d’entreprise ; elles sont plus présentes dans les services en direction des personnes (services aux particuliers et santé) et nettement moins dans la construction, les transports et l’industrie (incluant des activités artisanales de type artisanat “domestique” comme ébénisterie ou l’imprimerie).

Les femmes non salariées sont légèrement plus jeunes que les hommes, alors que ce n’est pas le cas pour les salariés ; ainsi 49% des femmes sont non salariées vs 43% des hommes, alors que les femmes et hommes salariés sont 57 et 58%.

Les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes (en moyenne -27%) sont particulièrement importants dans les secteurs de la santé (-47%) et de l’industrie (-45%).

les 3/4 des non-salariés ont entre 30 et 59 ans (noter que l’Insee ne connait pas le sexe des dirigeants de société, mais seulement les caractéristiques des sociétés). Les + de 45 ans sont majoritaires (55% en moyenne), notamment dans l’activité industrie (71%),

Les moins de 30 ans sont nettement le fait des micro-entrepreneurs (18%  vs 10 en moyenne pour les non-salariés) ; ils sont fort peu présents dans les activités industrie (3%), et les autres activités (4%), mais 11% dans la santé (para-médical).

Par contre les 60 ans et plus (en moyenne 14% des non-salariés) ont une importance proche (entre 12 et 17%), hors ceux de la construction (7,5%).

 

En termes de rémunération (hors micro-entrepreneurs), c’est “logiquement” la tranche d’âge de 45-59 ans où les rémunérations sont les plus conséquentes (3 030€ vs 2 050 pour les 60 ans et plus et 2 330€ pour les 30-44 ans).

La progression entre les différentes tranches est la suivante : +103% entre les moins de 30 ans et les 30-44 ans, +187% entre les moins de 30 ans et les 45-59 ans et +139% entre les moins de 30 ans et les 60 ans et plus. Cette progression est proche pour la plupart des activités hors la construction, les services aux particuliers et les transports où elle est nettement plus modeste. Noter qu’une seule activité maintient le niveau de rémunération, entre les 45-59 ans et les 60 ans et plus, la santé (6 650 et 6 600€).

Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4470890

Fiches thématiques pages 104 à 112, hors page 108, puis 116.